Forum sur la Gironde & Manon Roland
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Note sur l'Appel à l'impartiale postérité (Madame Roland)

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Message  Bart Dim 8 Mai 2011 - 22:12

L'édition de référence des mémoires de Madame Roland sous le titre Appel à l'impartiale postérité, établie par Claude Pernoud, a été publiée en deux volumes par l'imprimerie nationale de 1905. Elle a été reprise au Mercure de France en 1966 (collection « Le Temps retrouvé » - rééditée en 1986), avec une représentation de Paul le Roux. Au-delà d'un témoignage irremplaçable sur la Révolution et tous ses acteurs, on croise Danton, Marat, Robespierre, Louis XVI et tant d'autre, oubliés ou célébrés, victimes ou vainqueurs.

Avant d'être exécutée, Madame Roland fut incarcérée plus de cinq mois, successivement à la prison de l'Abbaye (ainsi nommée car installée dans les bâtiments monastiques de Saint-Germain-des-près) ; à celle de Sainte-Pélagie (ancien couvent aujourd'hui démoli, situé derrière le Jardin des Plantes), et enfin à la Conciergerie, surnommée « l'antichambre de la Mort ». Les différents écrits qu'elle rédigés furent recueillis par son ami Bosc (1), également tuteur de sa fille Eudora. Celui-ci décida de les publier dés que possible. Sa première motivation était de défendre les intérêts de sa jeune pupille dont l'héritage avait été séquestré en raison de la condamnation de sa mère & de la proscription de son père.

Cependant, bien que retiré de la vie politique, le futur célèbre botaniste Bosc, avait évidemment des intentions plus larges : réhabiliter la mémoire de ses amis Girondins. D'où le choix du titre : Appel à l'impartiale postérité. En effet, la chute de Robespierre et la fermeture du Club des Jacobins, pouvaient laisser espérer non seulement la réhabilitation des Girondins mais un retour à leur projet d'une République modérée et décentralisée, fondée sur les idéaux des Lumières. Fidèle à ses engagements, Bosc pensa y contribuer grâce à la publication des manuscrits de Madame Roland. C'est pourquoi il effectua un certain nombre de modifications sur le texte des manuscrits : suppression de ce qui aurait pu tenir l'image de Madame Roland ( en particulier les allusions à son amour pour Buzot) et suppression des passages mettant en cause des personnes vivantes ou encore influentes. De plus, il ajouta les dernières courriers de Madame Roland, le brouillon de la lettre à Robespierre, qu'elle ne lui envoya jamais ; le jugement du Tribunal révolutionnaire la condamnant à mort, un extrait des Mémoires d'un détenu de Riouffe racontant son exécution, et ainsi que le rectificatif publié par Dulaure à propos de son interrogatoire dans le journal Le Thermomètre du jour.

On sait que le Gironde ne retrouvera jamais un rôle politique. D'une part décapité & décimé par une répression impitoyable, le mouvement manquait cruellement de chefs capables de lui rendre la place qu'il avait tenue. D'autre part, les vainqueurs de Thermidor étaient eux-mêmes d'anciens montagnards , ayant agi par opportunisme, pour échapper au délire de Robespierre (2), ils restaient donc des adversaires à la fois idéologiques et tactiques des Girondins. Cependant le doute était encore permis, dans les derniers mois de 1794 & les premiers de 1795, car dans le climat de crise marqué par les soulèvements des sans-culottes et la subversion royaliste.

L'Appel à l'impartiale postérité sortit finalement à la mi-avril 1795, à Paris, chez l'éditeur Louvet (3), l'ancien député girondin, proscrit lors de la chute de la Gironde. L'ouvrage remporta un grand succès, 12 000 exemplaires furent vendus en quelques mois. En 1864 deux éditions successives (Dauban d'une part, Faugère de l'autre), cherchèrent à retrouver le texte original, sans la correction de Bosc, mais ce ne fut qu'en 1905 que l'on disposa enfin d'une édition critique, établie par Claude Pernoud qui publia également l'abondante correspondance de Madame Roland, projet qu'avait déjà eu Bosc sans avoir les moyens de le mener à bien. L'édition des mémoires de Madame Roland parue chez Pernoud est la plus complète de toutes les éditions.


__________________________________________________

(1)– Pour mieux connaître le botaniste Bosc, l'ami fidèle des Girondins, il existe l'ouvrage d'Antoine Da Sylva - Bosc, l'enfant des Lumières - il est disponible ici : http://antoinedasylva.siteperso.net/
Merci à Antoine Da Sylva de l'avoir aimablement mis en ligne. Au passage, je tiens à lui exprimer également ma profonde gratitude et de l'honneur qu'il me fait d'apporter sa contribution sur ce forum.

(2) – Après Thermidor, la question des députés proscrits et déclarés hors la loi était plus que délicate à résoudre. Du fond de leurs retraites, les proscrits essayèrent d'intéresser les députés de la Convention sur leur sort. Certains députés réintégrés comme Louvet s'irritaient de voir l'ostracisme qui continuait à peser sur les « indésirables ». A l'Assemblée, les Montagnards conservèrent quelques influences. Le 10 décembre, Louvet écrivait à la Convention pour réclamer sa confrontation avec ses anciens proscripteurs. C'est ainsi que sur un rapport de Saladin rédigé au nom d'une commission gouvernementale, l'Assemblée décréta d'accusation les quelques montagnards et déclara par décret que les citoyens poursuivis et maltraités pour cause de fédéralisme « avaient bien mérité de la patrie ». Quelques jours plus tard, par un nouveau décret, les conséquences civiles des condamnations furent annulées.


(3) - Louvet – (1760-1797) – écrivain rendu célèbre par un roman érotique, les Amours du Chevalier de Faublas, il se lance dans le journaliste politique à partir du 1789. Roland le choisit en mars 1792 pou rédiger un journal La Sentinelle, destiné à défendre la politique girondine. Elu à la Convention par le Loiret, il se spécialise dans les attaques tant orales qu'écrites contre Robespierre et vote la mort du roi avec sursis. Mise en accusation le 2 juin 1793 avec les autres Girondins, il se réfugia en Normandie avec les députés proscrits, où il participa au soulèvement des départements. L'armée girondine fut défaite, Louvet se réfugia en Suisse. Revenu à Paris après Thermidor, il réintègre la Convention et siège au Comité du Salut Public, prônant la clémence. Elu au Conseil des Cinq-Cents, il reprends ses activités de journaliste et meurt prématurément de maladie.
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