Forum sur la Gironde & Manon Roland
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La mort des Girondins Proscrits

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La mort des Girondins Proscrits Empty La mort des Girondins Proscrits

Message  François Mar 23 Aoû 2005 - 20:23

Bonjour Bart,

Peux-tu me dire comment Guadet a été guillotiné ? il me semble
lire quelque part que toute sa famille a été guillotiné 😢 ,
est-ce exact ?

Amicalement,
Vive les Girondins

François
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La mort des Girondins Proscrits Empty les girondins

Message  Bart Sam 27 Aoû 2005 - 15:15

Bonjour François,


La mort des Girondins Proscrits Guadet1gi

voici la photo de Guadet.

Après la journée du 2 juin 1793 qui a abouti à la chute des Girondins, Guadet est gardé prisonnier à son domicile, il est soumis à une surveillance quotidienne par un gardien. A Bordeaux, Lyon, Marseille sont indignés de cette chute et montrent leurs hostilités à la Convention montagnarde. Ayant constaté que pratiquement beaucoup de ses amis se sont évadés en Normandie dans le dessein de soulever les départements contre le despotisme de Paris, Guadet décida également de fuir la capitale. Le 23 juin 1793, Il sortit avec son gardien pour soi-disant rendre visite à Gensonné (également tenu prisonnier). Lorsqu’il arriva chez ce dernier, il faussa compagnie à son gardien en échappant déguisé en tapissier. Il traversa Paris sans être reconnu et prit la route de Caen à pied. Le même jour, d’autres députés ont fait de même notamment Pétion, Lanjuinais et Kersaint.

Tous retrouvent à Caen, Buzot, Valazé, Barbaroux, Louvet, Girey-Dupré, Duchastel, Riouffe. Aussitôt, la Convention dominée désormais par Robespierre et les Montagnards, décréta d’accusation les députés proscrits.

A Caen, leur quartier Général, ils fondent une « assemblée générale de la résistance de l’oppression », le Baron Wimpfen est chargé de recruter des bataillons pour combattre les sans-culottes parisiens et « purger la Convention de ces gueux de la Montagne », selon l’expression du frère du député Valazé. Mais la région est plutôt favorable aux royalistes, la Vendée affiche sa fidélité au feu Louis XVI et combat au nom de Louis XVII. Le Baron Wimpfen n’a réussi qu’à réunir une petite poignée d’hommes, que peut cette minorité contre la rage et la violence des sans-culottes parisiens ? Le 13 juillet 1793, cette armée a été balayée par la Montagne, le même jour Charlotte Corday venant de Caen et ne connaissant rien en politique, se croit doter d’une mission sainte, poignarda Marat à Paris, excitant la colère des sans-culottes. Les proscrits sont contraints de quitter la région devenue trop dangereux pour eux. Guadet propose à ses amis de porter leurs espoirs vers la région bordelaise, il parla sans cesse que c’est là-bas qu’il y a un réel esprit de patriotisme.

Les voilà donc en route pour Bordeaux, mais ils ignorent qu’entre temps la région a été reprise par la Montagne, ils vont tout droit dans la gueule du loup. Arrivés à Bordeaux, Guadet est en proie à une grande déception, les habitants, par crainte des représailles de la Montagne, refusent d’héberger les députés, Louvet dira plus tard dans ses mémoires
« Pauvre Guadet, que de fois il nous avait protesté que tous les sentiments honnêtes et généreux, s’ils était tout à fait bannis de la France, se réfugieraient dans les départements de la Gironde ! Que d’indignes parents, que de faux amis l’avaient cruellement trompé ». Ils étaient plus que sept députés réfugiés à Bordeaux (Buzot, Guadet, Barbaroux, Pétition, Louvet, Salles et Valady) les autres étant arrêtés et leurs procès sont en cours (le fameux procès des 21). Guadet proposa à ses amis d’aller à Saint-Emilion, sa ville natale, pour demander l’asile à son père M.Guadet. Celui-ci accepte de les héberger mais seulement pour deux personnes et provisoirement (car sa maison est sous surveillance et dangereux pour les fugitifs). Barbaroux refuse de se séparer. Ils iront tous les sept et non séparés.

Heureusement pour eux une femme généreuse va proposer de les accueillir, c’est Thérèse Boucquet, la belle-sœur de Guadet, apprenant les malheurs des proscris, elle décida de quitter son mari et Paris pour séjourner à Saint-Emilion dans sa vieille maison, et accueilli à bras ouvert les sept députés. Ils se réfugient dans le puits de son jardin, pendant des mois cette généreuse femme va nourrir les sept hommes se privant parfois pour eux apportant discrètement des viandes et des pains. C’est dans ce refuge que les pauvres proscrits apprennent le 31 octobre 1793 la mort des 21 girondins (dont Brissot et Vergniaud) puis de Manon Roland le 8 novembre 1793. Buzot en apprenant la mort de Manon, voulant se tuer, ses amis le raisonnent. Dans cette cachette précaire, les sept décident d’écrire leurs mémoires pour occuper leurs journées. Mais en automne 1793, la Terreur a été instaurée, la ville voit partout des représailles maratistes, Madame Boucquet est sommée par son mari de chasser les proscrits si elle refuse il la menace de dénoncer les proscrits, la pauvre est en proie à la crise. Vers novembre 1793 les sept décident de partir sous le regard attendri de leur bienfaitrice, par crainte pour ses protégés, la pauvre femme accepte de les laisser partir. Valady avait reçu l’adresse d’une personne susceptible de le loger en Dordogne, il part donc seul, il embrassa ses amis, Louvet dira plus tard « De quel air il nous regarda quand nous nous quittâmes, il avait la mort dans les yeux ». Il erra dans les environs de la Dordogne, mais son air peu rassurant suscita la suspicion des habitants, il est arrêté pour vagabondage, mais le malheur voulu qu’il se retrouve à Périgueux nez à nez devant son ancien collègue de la Convention, un député montagnard venu en mission, reconnu aussitôt, étant mis hors la loi, il n’a pas le droit au procès, il est guillotiné sur le champs.

Guadet avait espéré trouver dans les environs une cachette chez une ancienne cliente (Guadet avait été avocat avant d’être député), il amena Louvet et Salles avec lui, mais arrivés chez la dame en question sous une pluie diluvienne, ils ont été déçu par l’accueil que témoigne cette ingrate à son ancien avocat, elle refuse d’ouvrir la porte, Louvet se trouvant mal, Guadet supplie « une chambre et du feu pour deux heures, un de mes amis se trouve mal ». Rien à faire, l’ingrate ne répond pas, épuisé, Louvet décida de regagner seul Paris pour retrouver sa femme Lodoïska, il sait qu’il va tout droit dans la gueule du loup, la capitale est regorgée de sans-culottes, mais il veut rejoindre celle-ci pour lui prouver que même la mort dans l’âme son regard est porté vers elle. Il quitta donc ses deux amis et part à pied en direction de Paris, à cette période, personne ne pensera qu’un député girondin oserait s’aventurer à Paris, de ce fait Louvet arriva à Paris sans encombres et retrouva Lodoïska , en février 1794 il quitta Paris pour se réfugier en Suisse en attendant la chute de Robespierre le 28 juillet 1794, c’est le seul survivant des sept et c’est grâce aux mémoires qu’il a laissés qu’on connaît les aventures périlleuses des députés proscrits.

Guadet et Salles errent pendant quelques temps avant de se réfugier chez le père Guadet à Saint-Emilion, le vieil homme abrite son fils et l’ami de celui-ci dans les combles de sa cave, ils vont passés huit mois, gelant l’hiver et étouffant de chaleur en printemps. Les seules personnes qui connaissent la cachette sont le frère de Guadet, Saint-Brice et sa tante Marie Guadet. Saint-Brice se met en contact avec la généreuse Madame Boucquet pour trouver un abri pour Buzot, Barbaroux et Pétion, qui eux aussi errent dans les environs. Un ami de Saint-Brice, M. Trocquart, perruquier de profession, accepta généreusement de les héberger et il reçoit une pension versée par Madame Boucquet pour s’occuper d’eux. Pendant cinq mois, les cinq proscrits reçoivent des nouvelles et se communiquent entre eux grâce à l’intermédiaire du père Guadet et de Trocquart.

Mais en printemps 1794, un fervent montagnard Jullien, aux ordres de Robespierre, décida de fouiller la région minutieusement, il mobilise un bataillon de 50 hussards avec des chiens dressés spécialement à la poursuite des fugitifs. En juin 1794, la maison du père Guadet est fouillée en combles, la cachette de Guadet et de Salles est découverte, toute la famille Guadet est arrêtée, Madame Boucquet est également mis en état d’arrestation avec son mari. Le 19 juin, ils comparaissent tous devant la commission militaire, Guadet s’effondra, il dit à son père : » Ah, mon père, c’est moi qui vous tue ! » le père dit tranquillement : « eh bien, si nous mourrons, ce sera pour la même cause ». Devant l’interrogatoire, Guadet dira à ses bourreaux : "allez ma tête à la main, demandez votre salaire aux tyrans de ma patrie ». Le père Guadet décide de porter seul la responsabilité d’avoir héberger son fils mais c’est en vain. A l’audience on lui demande comment il a pu oser héberger les fugitifs, il répond simplement : « c’est le sentiment paternel qui a dicté ma conduite, il est difficile d’étouffer pareil sentiment », on lui répondit : « devrais-tu sacrifier les lois et la patrie à un scélérat ? Il n’est plus ton fils, tu aurais dû le chasser et te souvenir de Brutus immolant son enfant ».

Salles et Guadet seront guillotinés le 19 juin 1794, en allant à l’échafaud, Guadet montre un grand courage, Salles également, au moment de passer sa tête sur le couperet, il remarque que celui-ci s’était coincé, il expliqua au bourreau comment faire pour réparer la mécanique.

Le 20 juillet 1794, le père Guadet, sa sœur, son autre fils Saint-Brice, Madame Boucquet et son mari, M.Dupeyrat le père de celle-ci sont exécutés. Ainsi, toute une famille a été massacrée .


Buzot, Barbaroux et Pétion, apprenant l’arrestation de Salles et Guadet et ne voulant plus compromettre leur hôte, ils ont préféré quitté le lieu et partir vers l’Espagne, mais sur le chemin ils ont rencontré le régiment des volontaires qu’ils ont pris pour des sans-culottes à leur recherche, Buzot et Pétion ont pu échapper, Barbaroux, ne pouvant courir, a tiré le pistolet sur sa tempe. Alertés, le régiment arrive et trouve un homme inondé de sang, la mâchoire fracassée, soufflant très fort et se retournant en tous sens comme s’il agonisait. Le pauvre Barbaroux est ramené à Bordeaux pour un interrogatoire et guillotiné presque agonie le 25 juin 1794, le même jour, un paysan dans les environs a retrouvé deux corps déchiquetés par des loups et méconnaissables, ils s’agissaient de Buzot et Pétion, qui se sont suicidés presque le même jour où Barbaroux est mené à l’échafaud… 😢 😢

Dans un mois presque jour pour jour, Robespierre montera à l’échafaud le 28 juillet 1794..il tentera de tirer une balle sur sa tempe mais imprudemment il fracassera la mâchoire…au moment de passer sa tête sur le couperet, le bourreau arrache le bandeau inondé de sang qui tenait sa mâchoire et il poussera un grand cri….. l’infâme Robespierre connaîtra la même souffrance que le pauvre Barbaroux ...


La mort des Girondins Proscrits Barbaroux7uv

voici le portrait du beau Barbaroux.


Voilà, j'espère vous avoir apporté quelques éclaircissements sur Guadet.

Cordialement,
Bart


Dernière édition par le Sam 27 Aoû 2005 - 18:35, édité 1 fois
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La mort des Girondins Proscrits Empty merci

Message  François Sam 27 Aoû 2005 - 18:05

merci beaucoup Bart pour toutes ces précisions, ton récit est émouvant Sad . Quelle triste fin Mad

Vive les Girondins,
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La mort des Girondins Proscrits Empty salut

Message  Bart Lun 26 Sep 2005 - 15:58

salut François,

j'ai un autre portrait de Guadet, le voici :

La mort des Girondins Proscrits Guadet22mk


Et également un autre de Charles Barbaroux :

La mort des Girondins Proscrits Barbaroux23rl

Cordialement,
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La mort des Girondins Proscrits Empty portraits

Message  François Mar 4 Oct 2005 - 15:30

Merci Bart Wink

Vive les Girondins,
Amicalement,

François.
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La mort des Girondins Proscrits Empty Re: La mort des Girondins Proscrits

Message  DA SYLVA Ven 14 Mai 2010 - 20:49

La fin de Valady (qui vient de quitter ses amis à Saint Emilion en novembre 1793)

Jacques d’Yzarn de Fressinet, marquis de Valady, mal vêtu d’un manteau usé, se dirige vers la vallée de l’Isle. Il est muni d’un passeport au nom du citoyen Henri Rideaux, chirurgien de profession, domicilié dans la commune de Tourtoirac, se rendant pour ses affaires dans le département de la Dordogne.

Au matin du 23 novembre, Valady arrive à la lisière d’un des bois qui couronnent la côte au-delà de Villefranche-de-Lonchapt ; devant lui la vallée se creuse ; jusqu’à la rivière de l’Isle les pentes, couvertes de vignobles, s’infléchissent doucement. Un pêcheur sans défiance accepte de le conduire avec sa barque sur la rive droite, et de là, il se hâte vers le nord où il espère trouver asile, chez le citoyen Villegente à Chabasse. Villegente ouvre son logis et le reçoit en ami.

Brusquement, au matin du 26, le proscrit apprend que des hommes armés fouillent les maisons du pays ; le bruit court qu’il y a des gens suspects dans la contrée. A cette nouvelle, Valady quitte la demeure et s’enfuit à travers les taillis. Le 28, exténué, torturé par la faim, il se dirige vers une ferme sur la route qui va de Coutras à Monpont. Il entre dans la cour et demande un peu de pain et d’eau au maître du logis. A peine commence-t-il à se restaurer que, violemment, on heurte la porte d’entrée. Un groupe, armé de fourches et de piques, fait irruption et l’appréhende. Le lendemain on l’interroge et c’est alors tout un roman que le malheureux imagine de raconter aux magistrats.

Le 3 décembre le tribunal décide de le transférer à la prison de Périgueux comme prévenu, menant une vie errante et vagabonde. Pour le moment tout se passe bien, nul ne doute de sa véritable personnalité jusqu’à sa rencontre avec Roux-Fazillac, député de la Dordogne, qui malheureusement le reconnaît. Crânement il déclare la vérité : « Je m’appelle Yzarn, dit Valady ; je suis âgé de vingt-sept ans ; j’étais député à la Convention nationale par le département de l’Aveyron et j’habitais Paris, rue de Vaugirard ; je suis fier d’être au service de la République, de la tolérance et de la liberté. » Quelques heures plus tard, sur la place de la Clautre, au pied de la lourde coupole de Saint Front, le Girondin monte sur l’échafaud.
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Message  Bart Ven 14 Mai 2010 - 22:02

Merci Antoine pour votre magnifique notice sur le Marquis de Valady, et ainsi que pour les autres messages !! Smile

Dans Ses Mémoires, Louvet raconte l'adieu de Valady à ses amis :

" Nous le conduisîmes à quelques cents pas, sur le chemin d'une maison où il avait un parent, sur l'humanité duquel il faisait quelque fond. De quel air il nous regarda quand nous le quittâmes ! Je n'en puis écarter le triste souvenir ; il avait la mort dans les yeux ! "


Cordialement

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Message  Bart Dim 23 Mai 2010 - 9:41

Alexandre Dumas, dans son grand volume «mémoire d’un jeune médecin», lui avait rendu hommage pour sa bravoure lors de la journée de la chute de la royauté :

« Barbaroux, nous l'avons dit, écrivait, vers le commencement de juillet, à Rebecqui : « Envoie-moi cinq cents hommes qui sachent mourir ! »
Quel était l'homme qui pouvait écrire une pareille phrase, et quelle influence avait-il donc sur ses compatriotes ?
Il avait l'influence de la jeunesse, de la beauté, du patriotisme.
Cet homme, c'était Charles Barbaroux, douce et charmante figure
»
(Comtesse de Charny Tome III– les cinq cents hommes de Barbaroux -Chapitre CXLVII).


La mort des Girondins Proscrits 56393510

Barbaroux à 20 ans, vêtu du costume de l'Ancien Régime.



La mort des Girondins Proscrits Barbar10

Portrait de Barbaroux sous la Révolution.
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La mort des Girondins Proscrits Empty Re: La mort des Girondins Proscrits

Message  Bart Dim 23 Mai 2010 - 9:59

Bonjour,

J'ai déplacé ce sujet dans "notice biographique" car c'est plus approprié à la rubrique.

Merci de votre compréhension.

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Message  DA SYLVA Lun 24 Mai 2010 - 11:31

A propos de la déroute de "l'armée girondine" voilà ce que rapporte Louvet dans ses Mémoires.

« Le 5 septembre nous étions à Caen ; huit départements à savoir cinq de la Bretagne et trois de la Normandie étaient coalisés sous les ordres du général Wimphen… Trois semaines s’écoulèrent ainsi pendant lesquelles Wimpfen ne fit rien que porter à Evreux les deux mille hommes arrivés des départements. Cependant le bruit public grossissait tellement cette petite troupe, qu’on la disait, à Paris, forte de trente mille hommes. La Montagne, excessivement inquiète, avait ramassé dans Paris trois mille fantassins qu’elle fit entrer dans Vernon…

Wimphen confie à M. de Puisaye la prise de Vernon. Monsieur de Puisaye, pour surprendre l’ennemi, sortit en plein jour et au bruit de la générale. Il marcha par une grande chaleur, puis à l’entrée d’un bois distant de moins d’une lieue de Vernon, fit passer une nuit au bel air à des soldats qui n’avaient point de tente. Il remisa les canons l’un derrière l’autre le long d’un mur ; laissa toute sa petite armée dans le plus grand désordre ; ne lui donna pas même de sentinelles, et alla se coucher dans une chaumière à demi-lieue de là. Une heure après parurent tout à coup quelques centaines d’hommes qui firent sur les nôtres entièrement surpris, trois décharges à mitraille. La déroute se mit aussitôt parmi des soldats qui ne savaient à qui ils avaient affaire qui pouvaient à peine trouver leurs armes, et qui demandaient vainement leur chef. Ce fut une fuite si prompte que, sans les plus braves d’Ille-et-Vilaine, qui tinrent bon quelque moment, pas un canon ne revenait. Au reste, personne ne reçut une égratignure, et l’ennemi ne fit point trente pas pour poursuivre sa facile victoire. »
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Message  Bart Jeu 27 Mai 2010 - 8:37

Bonjour Antoine,

Pensez-vous que les "fédéralistes" eussent tort d'installer leur résistance en Normandie, il aurait fallu qu'ils portèrent leur lutte vers le sud car Bordeaux, Lyon & Marseille étaient acquis à leur cause, comme disait le neveu de Guadet : " Si la plupart des députés proscrits se fussent d'abord retirés dans les murs de Bordeaux, tout le midi, le centre de la France se fussent probablement serrés autour d'eux, et probablement aussi le succès eut couronné leurs efforts" .

Le maire de Bordeaux résista jusqu'en aôut 1793, et abandonna la ville aux mains de la Montagne que parce qu'il manqua de vivres et de ravitaillement à cause du blocus montagnard.

Cordialement.

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Message  DA SYLVA Dim 30 Mai 2010 - 15:26

Bonjour Bart,

Les Girondins ont rejoins Buzot. La Normandie était proche de la capitale et Buzot avait été l'opposant le plus déterminé face à la Montagne et face l'emprise des sections parisiennes sur la Convention.

Sur place c'est la désillusion la région est riche et la population est plutôt royaliste. Ils sont honnêtes fidèles à leurs idées en avance sur leur temps (égalité des races, égalité des sexes, l'environnement) ils sont républicains et démocrates: la force de la loi plutôt que la rue. Ils ne veulent pas la guerre civile qui affaiblirait leur pays.

Lorsqu'ils quittent Caen ils sont poursuivis par la calomnie (royalistes, traîtres, fédéralistes). Ces trois mots sans cesse répétés sont les coups de haches qui coupent les racines qu'ils ont dans le sol en province. Ils ne leur restent plus qu'à écrire leurs Mémoires avant de mourir.

Notre société est à l'image de la Gironde et pourtant depuis que Jaurès a décidé de s'asseoir à coté de Robespierre, l'enseignement fait la part belle à la Montagne.

Merci Bart d'entretenir la flamme girondine.
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Message  Bart Lun 31 Mai 2010 - 9:06

Bonjour Antoine,


DA SYLVA a écrit:Ils sont honnêtes fidèles à leurs idées en avance sur leur temps (égalité des races, égalité des sexes, l'environnement) ils sont républicains et démocrates: la force de la loi plutôt que la rue. Ils ne veulent pas la guerre civile qui affaiblirait leur pays.

Notre société est à l'image de la Gironde et pourtant depuis que Jaurès a décidé de s'asseoir à coté de Robespierre, l'enseignement fait la part belle à la Montagne.

Merci Bart d'entretenir la flamme girondine.

En effet, c'est la promotion de l'oubli par le silence, l'ignorance délibérée de la part des historiens marxistes concernant les apports positifs de la pensée girondine. A peine si les noms de Vergniaud, de Brissot, de Manon Roland sont connus de nos jours. Comme vous le dites, la Gironde fut un parti avant-gardiste, qui s'en souviennent que Gensonné et Ducos furent des précurseurs de la loi sur la laïcité, l'idée qui sera reprise un siècle plus tard par la IIIème république.

Je suis entièrement d'accord avec vous, l'enseignement sur la Révolution Française, trouve sa pleine expression avec Jaurés, qui puisant son inspiration chez Karl Marx & Michelet, va dans son, histoire socialiste de la Révolution française, réorienter toute l'historiographie de la RF à l'aube du XXème siècle. Et depuis ce sont les tenants marxistes (Mathiez, Soboul etc..) qui enseignent l'histoire de la RF. François Furet, pourtant de tendance révisionniste, n'échappe pas à cette règle pour ce qui concerne les Girondins.

Bien que les historiens d'aujourd'hui clament haut & fort qu'ils ne tombent pas dans le subjectivisme du parti, pourtant tous ont un point commun : gloser la soi-disant naïveté politique des Girondins. La tendance actuelle est de présenter Madame Roland comme une petite bourgeoise mesquine et intrigante, dont l'esprit étroit et les animosités personnelles conduisent ses amis girondins à leur perte. Lorsque par hasard, on lui reconnaît une qualité quelconque, c'est avec réticence que l'on admette. Rares sont les histoirens qui se hasardent à défendre la Gironde et Madame Roland....ll est de bon ton d'extaser devant le machiavélisme mesquin d'un Robespierre ou les magouilles d'un Danton ….

Sinon c'est à moi de vous remercier Antoine, pour votre participation. sunny

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Message  DA SYLVA Lun 7 Juin 2010 - 22:34

Bonjour Bart,

Je partage totalement votre analyse à tel point que j'aurai pu la faire mienne.

Antoine
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Message  Bart Mar 8 Juin 2010 - 19:12

Merci Antoine. sunny
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La mort des Girondins Proscrits Empty Re: La mort des Girondins Proscrits

Message  Cyril Dim 24 Juil 2011 - 12:43

Félicitation, Bart, pour votre site. Je m'incline à la mémoire de nos glorieux patriotes qui se sont battus et se sont sacrifiés pour faire triompher la cause de la liberté.

Vive la devise "Liberté, Egalité, Fraternité" de la République française (issue de la Révolution).
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