Nicolas-Sébastion (Roch) de Chamfort
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Nicolas-Sébastion (Roch) de Chamfort
Parce qu'il a de l'esprit et une jolie figure, ce petit bâtard est accueilli à bras ouverts par le monde et la cour. Il n'en éprouve aucune reconnaissance, aucune contentement. Il est le premier à dénigrer cette société qui lui fait fête, applaudit à la Révolution, lance le fameux "Guerre aux châteaux ! Paix aux chaumières !"
Fils naturel d'un épicier, ou peut-être d'un chanoine, en somme fils de personne, sans fortune, Nicolas-Sébastien Roch (1741-1794) grimpe tous les degrés de l'échelle sociale avec facilité. Ses études sont brillantes. Il remporte tous les prix. A la sortie du collègue, il est fait abbé mais sans vocation : "c'est un costume et non point un état" ; il refuse la prêtrise. A vingt ans, il débarque dans cette "ville d'amusement, de plaisirs où les quatre cinquièmes des habitants meurent de chagrin" : Paris !
Précepteur et secrétaire dans différentes familles, ses succès auprès des soeurs ou mères des ses élèves l'obligent à chercher sans cesse une nouvelle place. Son esprit mordant, allié à un charme physique indiscutable, lui couvre toutes les portes. Il se fait appeler "de Chamfort" pour pouvoir mieux critiquer la société.
"la noblesse, disent les nobles, est un intermédiaire entre le roi et le peuple. Oui, comme le chien de chasse est un intermédiaire entre le chasseur et les lièvres"
D'une indépendance farouche, qui ne fera que s'accentuer : "les hommes sont esclaves, faute de savoir dire non", il cherche à se libérer d'une dépendance humiliante. Il écrit et lui, l'éternel célibataire, se lance dans un épitre d'un père à son fils sur la naissance d'un petit-fils que l'Académie française couronne. La Comédie-Française joue "la jeune indiennne" qui fait larmoyer toute la cour.
Prolifique, Chamfort accumule des odes, éloges et discours qui lui valent d'intéressantes pensions. L'amour qu'il met en scène est sublime, bien différent de sa définition "l'échange de deux fantaisies et le contact de deux épidermes". La vertu est magnifiée, les bons sentiments récompensées, il peint un meilleur des mondes auquel il ne croit pas, mais qui le fait vivre.
Il a ses entrées partout, accumule les prébendes comme secrétaire des commandements du prince de Condé, lecteur du comte d'Artois et, plus tard secrétaire de Madame Elisabeth. Il en conclut : "les courtisans sont des pauvres enrichis par la mendicité"
Qu'il fasse des étincelles dans les salons littéraires, qu'il étonne, éblouisse et amuse, ne lui inspire que cette remarque "on n'imagine pas combien il faut d'esprit pour n'être jamais ridicule. "
Cette défiance extrême lui est reprochée par un intime, le compte de Vaudreuil, chez qui il habite.
- vous oubliez notre amitié.
- Je vous promets, répond Chamfort, de vous emprunter vingt-cinq louis quand vous aurez payé vos dettes.
Sarcastique, il dit à un poète venu le consulter sur un distique : excellent, sauf les longueurs. Méprisant ce monde où, pour être heureux, il prétend qu'il faut entièrement paralyser des côtés de son âme.
" je n'ai vu dans le monde, que des dîners sans digestion, des soupers sans plaisir, des conversations sans confiance, des liaisons sans amitié et des coucheries sans amour"
Il goûte de la célébrité "cet avantage d'être connu de ceux que vous ne connaissez pas", et s'en dégoûte, "le public ne peut guère s'élever qu'à des idées basses"
Les idées révolutionnaires éveillent chez lui un enthousiaste inattendu. Il croit en un monde nouveau. Mirabeau, Condorcet, Brissot, La fayette deviennent ses amis. Il crée le fameux "Qu'est-ce que le Tiers-Etat? Tout. Qu'a-t-il fait ? Rien. " que Sieyès reprend. Il devient secrétaire du Club des Jacobins. Nommé par Madame Roland directeur de la Bibliothèque Nationale. Son opposition ouverte à Marat et Robespierre lui est fatale. Il est incarcéré aux Madelonnettes et meurt en prison des suites d'une tentative de suicide. Ses célèbres Maximes et Pensées ne seront publiées qu'après sa mort.
De Chamfort (Clermont-Ferrand 1741- Paris 1794)
Cyril Chamfort
Fils naturel d'un épicier, ou peut-être d'un chanoine, en somme fils de personne, sans fortune, Nicolas-Sébastien Roch (1741-1794) grimpe tous les degrés de l'échelle sociale avec facilité. Ses études sont brillantes. Il remporte tous les prix. A la sortie du collègue, il est fait abbé mais sans vocation : "c'est un costume et non point un état" ; il refuse la prêtrise. A vingt ans, il débarque dans cette "ville d'amusement, de plaisirs où les quatre cinquièmes des habitants meurent de chagrin" : Paris !
Précepteur et secrétaire dans différentes familles, ses succès auprès des soeurs ou mères des ses élèves l'obligent à chercher sans cesse une nouvelle place. Son esprit mordant, allié à un charme physique indiscutable, lui couvre toutes les portes. Il se fait appeler "de Chamfort" pour pouvoir mieux critiquer la société.
"la noblesse, disent les nobles, est un intermédiaire entre le roi et le peuple. Oui, comme le chien de chasse est un intermédiaire entre le chasseur et les lièvres"
D'une indépendance farouche, qui ne fera que s'accentuer : "les hommes sont esclaves, faute de savoir dire non", il cherche à se libérer d'une dépendance humiliante. Il écrit et lui, l'éternel célibataire, se lance dans un épitre d'un père à son fils sur la naissance d'un petit-fils que l'Académie française couronne. La Comédie-Française joue "la jeune indiennne" qui fait larmoyer toute la cour.
Prolifique, Chamfort accumule des odes, éloges et discours qui lui valent d'intéressantes pensions. L'amour qu'il met en scène est sublime, bien différent de sa définition "l'échange de deux fantaisies et le contact de deux épidermes". La vertu est magnifiée, les bons sentiments récompensées, il peint un meilleur des mondes auquel il ne croit pas, mais qui le fait vivre.
Il a ses entrées partout, accumule les prébendes comme secrétaire des commandements du prince de Condé, lecteur du comte d'Artois et, plus tard secrétaire de Madame Elisabeth. Il en conclut : "les courtisans sont des pauvres enrichis par la mendicité"
Qu'il fasse des étincelles dans les salons littéraires, qu'il étonne, éblouisse et amuse, ne lui inspire que cette remarque "on n'imagine pas combien il faut d'esprit pour n'être jamais ridicule. "
Cette défiance extrême lui est reprochée par un intime, le compte de Vaudreuil, chez qui il habite.
- vous oubliez notre amitié.
- Je vous promets, répond Chamfort, de vous emprunter vingt-cinq louis quand vous aurez payé vos dettes.
Sarcastique, il dit à un poète venu le consulter sur un distique : excellent, sauf les longueurs. Méprisant ce monde où, pour être heureux, il prétend qu'il faut entièrement paralyser des côtés de son âme.
" je n'ai vu dans le monde, que des dîners sans digestion, des soupers sans plaisir, des conversations sans confiance, des liaisons sans amitié et des coucheries sans amour"
Il goûte de la célébrité "cet avantage d'être connu de ceux que vous ne connaissez pas", et s'en dégoûte, "le public ne peut guère s'élever qu'à des idées basses"
Les idées révolutionnaires éveillent chez lui un enthousiaste inattendu. Il croit en un monde nouveau. Mirabeau, Condorcet, Brissot, La fayette deviennent ses amis. Il crée le fameux "Qu'est-ce que le Tiers-Etat? Tout. Qu'a-t-il fait ? Rien. " que Sieyès reprend. Il devient secrétaire du Club des Jacobins. Nommé par Madame Roland directeur de la Bibliothèque Nationale. Son opposition ouverte à Marat et Robespierre lui est fatale. Il est incarcéré aux Madelonnettes et meurt en prison des suites d'une tentative de suicide. Ses célèbres Maximes et Pensées ne seront publiées qu'après sa mort.
De Chamfort (Clermont-Ferrand 1741- Paris 1794)
Cyril Chamfort
Cyril- Administrateur
- Nombre de messages : 121
Re: Nicolas-Sébastion (Roch) de Chamfort
Merci pour votre notice.
Je ne connaissais pas vraiment ce personnage. Je sais qu'il fut nommé bibliothécaire par Madame Roland.
Cordialement.
Je ne connaissais pas vraiment ce personnage. Je sais qu'il fut nommé bibliothécaire par Madame Roland.
Cordialement.
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