Forum sur la Gironde & Manon Roland
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Nicolas Buzot

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Message  Bart Ven 19 Juin 2009 - 9:43

Nicolas Buzot Buzot110

Nicolas-Léonard Buzot (1760-1794), député aux Etats Généraux & à la Convention. Sous la Constituante, il se distingua avec Robespierre & Pétion comme étant les vrais défenseurs de la liberté. Démocrate, Buzot réclama la nationalisation des biens du Clergé & l’égalité pour tous les citoyens. A cette époque, Robespierre l’admirait beaucoup, et à l’assemblée, le triumvirat Robespierre-Buzot-Pétion s’opposa énergiquement au rétablissement sur le trône de Louis XVI après l’aventure de Varennes. C’était lors des fusillades au Champs de Mars qu’il rencontra Manon Roland, et ils tombent amoureux l’un et l’autre mais, mariés tous les deux, ils s’en tiennent à des relations purement philosophiques & intellectuelles.

Après le décret du 16 mai 1791 (à la demande de Robespierre) qui interdit la réélection des constituants, Buzot retourna à Evreux où il préside le tribunal criminel. Il entreprit alors une correspondance suivie avec Manon Roland qui l’informa sur les événements à Paris & de l’activité de la nouvelle Assemblée (Législative). Après les massacres de septembre, Buzot rompt tout contact avec Robespierre, et très hostile à la commune et leur empiètement sur le gouvernement au pouvoir, il décida de se présenter à l’élection de la Convention Nationale. Elu député, il siégea naturellement avec la Gironde dont les idées sont très proches des siennes, et il deviendra alors la voix de Manon Roland (le triumvirat Buzot-Barbaroux-Louvet), et un des principaux orateurs de la Gironde après Vergniaud, Guadet & Gensonné.

A la Convention, Buzot continuera à dénoncer les agissements de la Commune (l’abus sur la loi des suspects) & les appels au meurtre de Marat dans son journal l’ami du peuple. Dés octobre 1792, il proposa la constitution d’une garde départementale pour protéger la Convention Nationale contre l’anarchie, malheureusement son projet ne sera pas appliqué. Dénoncés par Danton & Marat d’aspirer au fédéralisme, Buzot s’en défendit & surtout pour couper les ambitions orléanistes, il obtient le décret qui stipule la mort contre quiconque qui veut rétablir la Royauté (ce décret fera beaucoup de victimes sous la Terreur dont Buzot lui-même sera la grande victime, il le pleurera dans son exil, regrettant de l’avoir proposé). Suite à cette dénonciation, la Convention décrétera la République une et indivisible.

Si Buzot soutint des idées fédéralistes (*) (**), ce n’était pas dans le sens où la Montagne pensait, s’il ne s’agissait pas de décentraliser le pouvoir ni de briser l’unité de la République, mais de réduire l’influence de l’anarchie parisienne, autrement dit de casser le pouvoir de la Commune et faire de Paris un département parmi les 83, pour cela Buzot proposa de transporter la Convention Nationale ailleurs qu’à Paris, ce projet avait pour but de protéger celle-ci contre un éventuel coup d’état anarchique. Il prévint ainsi dix mois à l’avance la journée du 2 juin 1793 (chute de la Gironde).

Au procès de Louis XVI, Buzot, qui ne voulait pas la mort de ce dernier, essaya de faire diversion en proposant un décret pour le bannissement de tous les bourbons y compris le duc d’Orléans ; sachant pertinemment que cette proposition gênerait la Montagne, qui protège le duc d’Orléans, devenu député de Paris sous le ridicule nom de Philippe-Egalité. Son stratagème avait pour l’unique but de retarder la mise en accusation de « Louis Capet » ; peine perdue, la Convention ajourna le bannissement & précipite le procès. Alors Buzot soutint l’appel au peuple à l’issue du procès, mais vota la mort de Louis XVI avec sursis.

Haie par la Commune, Hébert & Marat qui l’accusèrent de comploter avec Manon Roland pour museler la liberté d’expression, les pamphlets à son encontre se multiplièrent, pourtant Buzot, de caractère calme, perdra tout sang froid (contrairement à l’épicurien Vergniaud) et irait jusqu’à proposer des mesures les plus féroces, par exemple : la mort pour quiconque, par l’affiche ou le journal, provoquerait au meurtre, si l’afficheur savait lire trois mois de prison ; six mois, s’il était illettré, ou bien encore il réclama l’internement de Marat et la fermeture du club des Jacobins. Dans le numéro 202 du Père Duchêne, Hébert le décrit comme étant le valet de Madame Roland : « après la Constituante, tu t’es en allé dans ton département. Il a fallu reprendre le train de vie d’un petit avocat de campagne et tu as été réduit à manger des pommes de terre. Devenu conventionnel, tu n’as pas manqué cette occasion d’être un grand personnage, un des adorateurs de la vertueuse épouse du vertueux Roland. Quel plaisir de répéter à ses pieds le rôle que tu dois jouer le lendemain à la Convention, de la voir t’applaudir quand tu récites quelque bonne tirade contre Robespierre ; de la voir se pâmer entre tes bras quand tu nous a emporté d’emblée quelque bon décret, soit pour bannir ceux qui ont fait la Révolution, soit pour allumer la guerre civile entre Paris et les départements ».

Il faut dire qu’il y a quelque vérité dans ce pamphlet, c’était pour sauver l’honneur de Manon Roland dont la réputation a été trainée dans la boue quotidiennement par des sans-culottes, que Buzot se transforma en Némésis. C’est ainsi que la tête de Buzot a été mise à prix par le club des Jacobins, ainsi que celle de Barbaroux.

En avril 1793, Il s’opposera à la création du tribunal révolutionnaire et à celle du comité de Salut Public, et approuva la création de la Commission des douze. Avec Barbaroux, il sera celui qui parvient à arracher à la Convention, un décret de bannissement de Philippe-Egalité. Le comble de l'ironie c'est que sous la Terreur, le ci-devant du duc d'Orléans sera guillotiné sous l'inculpation de sympathie girondine. (ah, la Montagne, elle perdait la raison !!!!)

Aussi, il sera le premier à être décrété d’accusation en juin 1793, et sera le premier à fuir de Paris pour Caen afin de constituer une armée pour délivrer la Convention, naturellement les autres proscrits suivront son exemple tels que Barbaroux, Guadet, Louvet, Pétion, Brissot etc… Tandis que Lyon, Marseille & Bordeaux se révoltèrent violemment contre la mise en accusation des Girondins, Buzot persista à y demeurer en Normandie et ce, dans le dessein d’être proche de Paris où Manon Roland était emprisonnée. Pourtant, Le Calvados, la Vendée ont de sympathie royaliste, et les habitants se battent au nom du fils de Louis XVI, l’enfant de 10 ans détenu à Temple. Ce qui fait que Buzot donna suffisamment le temps à la Montagne d’écraser la révolte girondine (deux mois de résistance, Marseille tomba, suivit de Lyon & de Bordeaux). Buzot sera décrété hors la loi en juillet 1793 ainsi que ces compagnons, ce qui signifie que s’il était arrêté, il ne sera pas jugé, mais guillotiné sur le champs. La Convention nationale vota un décret " que la maison occupée par Buzot à Évreux, serait rasée, et qu’il n’en pourra être jamais bâti sur ce terrain. Il y sera élevé une colonne sur laquelle sera cette inscription : « Ici fut l’asile du scélérat Buzot, qui, représentant du peuple, conspira la perte de la République française. "

Après l’échec de l’armée Girondine, Buzot se réfugia avec sept proscrits Girondins à Bordeaux. Caché pendant sept mois chez un perruquier avec Barbaroux & Pétion (l’ancien maire de Paris). Il rédigea ses mémoires. Apprenant l’arrestation de Guadet & de Salles, le trio abandonna leur cachette et se dirigea vers l’Espagne. Rencontrant un régiment des volontaires, se croyant perdus, Buzot & Pétion prennent la fuite dans les bois, Barbaroux se tira un pistolet, blessé il sera guillotiné sans jugement puisqu’il faisait partie ce ceux décrétés hors la loi. Le jour même de la mort de Barbaroux, Buzot & Pétion se suicidèrent. Leurs corps sont retrouvés non loin des environs, à moitié dévorés par les loups. Ils seront les derniers conventionnels Girondins à mourir d’une mort violence, l’ironie du sort, un mois plus tard, le gouvernement de la Terreur chuta avec la tête de Robespierre.

(*) : "le reproche qu'on nous fait d'être fédéraliste, doit bien étonner les américains... le fédéralisme est il donc un monstre qui doive révolter ? ... pauvre gens, le fédéralisme est peut-être pour les vastes pays... c'est l'opinion de Montesquieu et de J.J Rousseu, qui mérite bien assurément d'être discutée....Jamais nos actions, nos discours n'ont annoncé des projets de naturaliser en France le gouvernement de l'Amérique " (mémoire de Buzot)

(**) : " Le fédéralisme Girondin, Rien pourtant de plus faux que ce grief montagnard .. les Girondins n'ont cessé de croire à la souveraineté de la Convention et à l'unité de la République", la Constitution avortée de Condorcet, tout en cherchant un équilibre entre Paris & la province, n'était en rien "fédéraliste" et seul Buzot a montré de la sympathie au modèle américain, mais rien n'est plus vrai si par fédéralisme on entend la haine de Paris et le recours aux départements... c'est Madame Roland qu'est venue l'idée de convoquer la garde départementale. " ( François Furet - La Gironde & les Girondins)

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Message  DA SYLVA Mar 11 Mai 2010 - 14:08

Extrait des mémoires de Buzot (Charles Dauban 1866)

Dialogue entre Buzot et Robespierre en présence d'une centaine de députés dans le cadre du Comité de sureté général à la Convention.

Buzot:
Peux-tu dans l'intimité de ta conscience, peux-tu ici publiquement, en présence de tes amis, inculper la mienne, m'accuser d'improbité, d'ambition, d'intrigues, calomnier mon patriotisme et la droiture de mes intentions?

Robespierre:
Non, je t'estime, parce que je te connais bien; mais on t'a trompé sur notre compte, sur nos vues, et voilà tout.

Buzot:
Comment peux-tu méconnaître la bonne foi, la probité, le patriotisme de Roland? Oserais-tu dire que Roland soit vendu aux puissances étrangères? Tu dois connaître son inflexible austérité de mœurs, son civisme inébranlable, et son amour de la liberté. Tu n'as pas oublié les services qu'il t'a rendus et qu'il était ton plus intime ami sous l'Assemblée constituante.

Robespierre:
Je n'accuse point Roland de s'être vendu à l'étranger, mais j'ai cessé de le voir du moment où il a adopté l'opinion de Brissot sur la guerre.

Buzot:
Et Brissot dont tu connais l'honorable pauvreté, tu l'accuses d'avoir vendu sa plume et ses talents aux ennemis de la France!

Robespierre:
Je ne le crois pas corrompu, mais depuis son opinion sur la guerre il m'est démontré qu'il n'est pas patriote.

Robespierre quitte le comité, un député ajoute:
Je parie que Robespierre va aux Jacobins recommencer ses odieuses accusations!

Le fait était vrai, il les calomnia ce jour là plus fort que jamais.
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Message  Bart Mar 11 Mai 2010 - 18:23

Bonjour Antoine,

Merci pour cet extrait. Cet entretien a le mérite de révéler les vrais pensées de Robespierre concernant la Gironde, Bien qu'il soit convaincu de l'innocence des Girondins, il profitera de leur faiblesse (à cause de la guerre) pour les calomnier, tirant parti avec une habileté parfois diabolique. il y a un peu de fanatisme dans son comportement : quiconque ne pense pas comme lui est systématiquement son ennemi.

Un extrait des mémoires de Madame Roland, dévoile la vraie nature de Robespierre. Quand Roland fut nommé ministre de l'intérieur en mars 1792, dans les tous premiers jours, Madame Roland invita Robespierre.

Lors de cet entretien, Madame Roland aborda la question de la guerre :

" Alors Monsieur, quiconque ne pense pas comme vous en ce qui concerne la guerre ne saurait être un bon citoyen ?

et la réponse de Robespierre était la suivante :

" Quiconque n'est pas un bon citoyen est mon ennemi mortel "


Cordialement

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