L'élimination de la Franc-Maçonnerie par la Révolution.
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L'élimination de la Franc-Maçonnerie par la Révolution.
Favorables à une monarchie constitutionnelle, les maçons ne résistent pas au choc révolutionnaire et dès juin 1790, la loi " Le Chapelier " interdit toute forme d'association et de corporation. A la chute de Robespierre, fin juillet 1794, la Franc-Maçonnerie reprend timidement et c'est le Directoire qui autorise officiellement les loges à rouvrir.
Venue d'Angleterre, la maçonnerie touche la France au début du règne de Louis XV, à l'époque de la Régence. Le fils de la Duchesse de Montespan, le duc d'Antin devient le premier maître de la maçonnerie, la Grande Loge de France. Certes, le pape Clément XII l'interdit par une bulle, mais elle demeure sans effet, le parlement se refuse à l'enregistrer. C'est avec un ami de la Pompadour ( décidément les favorites des rois jouent un grand rôle, lol) le comte de Clermont, Louis de Bourbon-Condé, prince de sang, abbé de Saint-Germain-Des-Près, un homme à la culture encyclopédique, vivant de façon parfaitement provocatrice avec une danseuse de l'Opéra que la maçonnerie trouve son essor.
Ce remarquable général parvient à multiplier par dix le nombre de loges. D'une quarantaine, elles deviennent 400. Il est vrai qu'il effectue son recrutement dans les garnisons du pays et y séduit beaucoup d'officiers en mal d'occupation.
Les Loges regroupent la haute noblesse, les parlementaires, les bourgeois, les professionnels libéraux, certains industriels, tous ceux qui ont gagnés aux idées nouvelles, en particulier qui sont favorables à une monarchie constitutionnelle. Ces idées-là, les loges les diffusent.
En 1771, Louis Philippe d'Orléans, duc de Chartres et le père du futur roi Louis-Philippe, vient occuper le poste de grand maitre de la maçonnerie, il transforme la Grande Loge en Grand Orient de France. Opposant déterminé au roi Louis XVI qu'il méprise, il se fait élire député à la Convention et vote la mort du roi en janvier 1793, il se sera finalement lui-même guillotiné en novembre de la même année.
Juste avant la Révolution, les maçons professent des idéaux de tolérance, d'égalité, de fraternité, de liberté. Ils souhaitent construire un monde meilleur, mais ne s'investissent guère dans les questions sociales. Elitistes, ils jouent de leur influence et s'efforcent avec bonne volonté de faire évoluer la société et le système politique.
Avec 800 loges et 33 000 35 000 frères, la maçonnerie ne peut exercer qu'une faible influence, et affirmer qu'elle a pu conduire un complot pour déclencher la Révolution est risible. A l'évidence, la thèse développée par le jésuite Barruel dans ses mémoires pour servir à l'histoire du jacobinisme est erronée. D'ailleurs, la solidarité dans les loges est artificielle. Ainsi la loge dans laquelle milite le futur montagnard Couthon qui prendra la tête du Comité de salut public, s'intitule "Saint Maurice" à l'Orient de Clermont-Ferrand et comporte 10 officiers nobles, dont le comte de Clermont-Tonnerre.
Aussi le tableau de Nicolas Perceval représentant en 1789 l'union des trois ordres, les députés se donnant fraternellement la main devant un temple maçonnique est-il bien idéaliste ? Sans doute illustre-t-il l'excellent ambiance qui règne au sein des loges dont les noms témoignent de l'état d'esprit : Bienveillance, Parfaite Egalité, Parfaite Union … ?
L'unité de façade des maçons ne résiste pas au choc révolutionnaire. Les frères doivent choisir leur camp : les voici feuillants, jacobins, girondins, indulgents, montagnards, contre-révolutionnaires, émigrés, chouans, prêtres réfractaires ou constitutionnels...
Dès juin 1790, la loi Le Chapelier porte un coup sévère à l'organisation puisqu'elle interdit toute forme d'association et de corporation. Aussi beaucoup de loges se mettent en sommeil, même si les maçons apparaissent en nombre dans les différents clubs politiques qui fleurissent : cordeliers, jacobins et feuillants.
Sachant que l'on compte parmi les frères aussi bien La fayette que le peintre David, Mirabeau, Desmoulins, Couthon, Rougest de lisle, Choderlos de Laclos ou encore le chouan La Rouerie. D'ailleurs la maçonnerie, composée pour l'essentiel de chrétiens, selon la tradition anglo-saxonne, la seule qui existe alors en France, n'est pas préparée à résister à un mouvement idéologique qui prône l'affrontement de classe et la laïcité.
Sur le fond, maçonnerie et Révolution ne peuvent faire bon ménage, car les loges ont toujours défendu la forme démocratique du gouvernement, alors que les partisans de la Révolution en sont venus dès 1792 à promouvoir des politiques de terreur. A la chute de Robespierre, la franc-maçonnerie reprend timidement ses réunions. A Toulouse, par exemple, il faut attendre octobre 1794 pour que la première tenu ait lieu. C'est le Directoire qui autorise officiellement les loges à rouvrir.
Il faut attendre 1795 pour qu'un certain Roettiers de Montaleau soit désigné comme nouveau grand maître pour remplacer Philippe Egalité. Il est puissamment soutenu par Cambacèrès. Sous l'Empire, les loges retrouvent rapidement leurs effectifs d'avant la révolution et les dépassent.
C.C
Venue d'Angleterre, la maçonnerie touche la France au début du règne de Louis XV, à l'époque de la Régence. Le fils de la Duchesse de Montespan, le duc d'Antin devient le premier maître de la maçonnerie, la Grande Loge de France. Certes, le pape Clément XII l'interdit par une bulle, mais elle demeure sans effet, le parlement se refuse à l'enregistrer. C'est avec un ami de la Pompadour ( décidément les favorites des rois jouent un grand rôle, lol) le comte de Clermont, Louis de Bourbon-Condé, prince de sang, abbé de Saint-Germain-Des-Près, un homme à la culture encyclopédique, vivant de façon parfaitement provocatrice avec une danseuse de l'Opéra que la maçonnerie trouve son essor.
Ce remarquable général parvient à multiplier par dix le nombre de loges. D'une quarantaine, elles deviennent 400. Il est vrai qu'il effectue son recrutement dans les garnisons du pays et y séduit beaucoup d'officiers en mal d'occupation.
Les Loges regroupent la haute noblesse, les parlementaires, les bourgeois, les professionnels libéraux, certains industriels, tous ceux qui ont gagnés aux idées nouvelles, en particulier qui sont favorables à une monarchie constitutionnelle. Ces idées-là, les loges les diffusent.
En 1771, Louis Philippe d'Orléans, duc de Chartres et le père du futur roi Louis-Philippe, vient occuper le poste de grand maitre de la maçonnerie, il transforme la Grande Loge en Grand Orient de France. Opposant déterminé au roi Louis XVI qu'il méprise, il se fait élire député à la Convention et vote la mort du roi en janvier 1793, il se sera finalement lui-même guillotiné en novembre de la même année.
Juste avant la Révolution, les maçons professent des idéaux de tolérance, d'égalité, de fraternité, de liberté. Ils souhaitent construire un monde meilleur, mais ne s'investissent guère dans les questions sociales. Elitistes, ils jouent de leur influence et s'efforcent avec bonne volonté de faire évoluer la société et le système politique.
Avec 800 loges et 33 000 35 000 frères, la maçonnerie ne peut exercer qu'une faible influence, et affirmer qu'elle a pu conduire un complot pour déclencher la Révolution est risible. A l'évidence, la thèse développée par le jésuite Barruel dans ses mémoires pour servir à l'histoire du jacobinisme est erronée. D'ailleurs, la solidarité dans les loges est artificielle. Ainsi la loge dans laquelle milite le futur montagnard Couthon qui prendra la tête du Comité de salut public, s'intitule "Saint Maurice" à l'Orient de Clermont-Ferrand et comporte 10 officiers nobles, dont le comte de Clermont-Tonnerre.
Aussi le tableau de Nicolas Perceval représentant en 1789 l'union des trois ordres, les députés se donnant fraternellement la main devant un temple maçonnique est-il bien idéaliste ? Sans doute illustre-t-il l'excellent ambiance qui règne au sein des loges dont les noms témoignent de l'état d'esprit : Bienveillance, Parfaite Egalité, Parfaite Union … ?
L'unité de façade des maçons ne résiste pas au choc révolutionnaire. Les frères doivent choisir leur camp : les voici feuillants, jacobins, girondins, indulgents, montagnards, contre-révolutionnaires, émigrés, chouans, prêtres réfractaires ou constitutionnels...
Dès juin 1790, la loi Le Chapelier porte un coup sévère à l'organisation puisqu'elle interdit toute forme d'association et de corporation. Aussi beaucoup de loges se mettent en sommeil, même si les maçons apparaissent en nombre dans les différents clubs politiques qui fleurissent : cordeliers, jacobins et feuillants.
Sachant que l'on compte parmi les frères aussi bien La fayette que le peintre David, Mirabeau, Desmoulins, Couthon, Rougest de lisle, Choderlos de Laclos ou encore le chouan La Rouerie. D'ailleurs la maçonnerie, composée pour l'essentiel de chrétiens, selon la tradition anglo-saxonne, la seule qui existe alors en France, n'est pas préparée à résister à un mouvement idéologique qui prône l'affrontement de classe et la laïcité.
Sur le fond, maçonnerie et Révolution ne peuvent faire bon ménage, car les loges ont toujours défendu la forme démocratique du gouvernement, alors que les partisans de la Révolution en sont venus dès 1792 à promouvoir des politiques de terreur. A la chute de Robespierre, la franc-maçonnerie reprend timidement ses réunions. A Toulouse, par exemple, il faut attendre octobre 1794 pour que la première tenu ait lieu. C'est le Directoire qui autorise officiellement les loges à rouvrir.
Il faut attendre 1795 pour qu'un certain Roettiers de Montaleau soit désigné comme nouveau grand maître pour remplacer Philippe Egalité. Il est puissamment soutenu par Cambacèrès. Sous l'Empire, les loges retrouvent rapidement leurs effectifs d'avant la révolution et les dépassent.
C.C
Cyril- Administrateur
- Nombre de messages : 121
Re: L'élimination de la Franc-Maçonnerie par la Révolution.
Cyril Chamfort a écrit:( décidément les favorites des rois jouent un grand rôle, lol)
Mdrr, bien vu, mais T'as oublié Philippe-Egalité, encore un descendant de la main gauche !! Eh oui, bien qu'il était le descendant direct du Duc d'Orléans, Monsieur, frère de Louis XIV, il était également l'arrière-petit fils de Mademoiselle de Blois, celle-ci ayant épousé le Régent, neveu du roi soleil. Cette dame n'étant autre qu'une fille bâtarde et légitimée de Louis XIV et de la Montespan.
Décidément, les descendants de la main gauche des monarques de France avaient scié la branche sur laquelle ils étaient assis !!
Sinon pour la Franc Maçonnerie, d'accord avec toi, on a surestimé leur rôle dans la révolution. Merci pour ton résumé.
Re: L'élimination de la Franc-Maçonnerie par la Révolution.
Ah oui, bonne remarque.
Cyril- Administrateur
- Nombre de messages : 121
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