Me voici
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Me voici
Bonjour.
Je me présente, j'ai quarante quatre ans, je suis passionné par l'histoire de la Révolution.
Je ne vais pas vous cacher que je penche plus du côté montagnard que girondin, mais justement je trouve que ce serait intéressant de confronter les avis.
D'autant qu'a mon sens toute la Révolution forme un bloc et que les girondins comme les autres ont été des acteurs de la révolution.
Disons que je suis un peu un partisans de la réconciliation entre les grandes écoles de la révolution, de Roux à Roland, je pense qu'il y a un tronc commun avant tout, même si je suis plus de sensibilité montagnarde encore une fois.
Je pense que nous aurons des discutions intéressantes.
Je me présente, j'ai quarante quatre ans, je suis passionné par l'histoire de la Révolution.
Je ne vais pas vous cacher que je penche plus du côté montagnard que girondin, mais justement je trouve que ce serait intéressant de confronter les avis.
D'autant qu'a mon sens toute la Révolution forme un bloc et que les girondins comme les autres ont été des acteurs de la révolution.
Disons que je suis un peu un partisans de la réconciliation entre les grandes écoles de la révolution, de Roux à Roland, je pense qu'il y a un tronc commun avant tout, même si je suis plus de sensibilité montagnarde encore une fois.
Je pense que nous aurons des discutions intéressantes.
Crie du peuple- Maire
- Nombre de messages : 24
Re: Me voici
Bonjour Crie du peuple,
Bienvenue sur le forum des admirateurs de la Gironde
Je suis d'accord avec vous sur le fait qu'il y a un "tronc commun " entre les deux camps, avant leur lutte à mort, les futurs Girondins et futurs Montagnards avaient combattu le parti feuillant et cherché de concert à réduire l'autorité royale, tous deux, futurs fondateurs de la République, n'avaient qu'un but : combattre contre le despotisme, la féodalité, l'arbitraire et le retour de l'Ancien Régime. Tous deux aimaient la patrie et la liberté, on sait que le coeur des patriotes battaient à la fois pour le " vigoureux Robespierre " et le " sage Pétion que Manon Roland célébrait ensemble.
François Furet parle de d'un "conflit tributaire des péripéties de la Révolution".
Chaussignad-Nogaret quant à lui, pense à une lutte idéologique, et à mon humble avis je trouve qu’il a bien résumé la cause du conflit Girondin/Montagnard :
"c'est surtout deux modèles de Républiques qui s'affrontent. L'une empruntait à une idéologie radicale la rigidité de ses principes et déduisait de son mépris des hommes et de sa conception de l'efficacité ses structures de gouvernement et de ses mesures de contrainte. L'autre faisait la part belle à la tolérance, à la démocratie et à la liberté et, avec un peu d'irréalisme, rêvait d'un régime qui fit place à la justice tout en respectant le pluralisme et la diversité. Deux mots cèlèbres résument assez bien cet irréductible partage. Celui de de Saint-Just " Si Brutus ne tue pas les autres, il se tuera lui-même" ; Celui des Girondins au pied de l'échafaud " Plutôt la mort que le crime"
Et encore Chaussignand-Nogaret " le conflit relève peut –être d’abord de deux éthique, l’une rendait à l’homme ce qui lui appartient –vertus et vices, égoïsme et générosité – et lui reconnaissait, avec ses légitimes aspirations au progrès et au bonheur, le droit au préjugé et à l’erreur. L’autre voulait ignorer les faiblesses au nom du double principe d’où naissent toutes les terreurs : l’angélisme et la vertu. D’un côté les disciples d’un humanisme indulgent aux misères humaines, de l’autre des écoliers d’une bible apocalyptique …. Si les Girondins portaient un nom qui les rapprochait de la terre et des hommes qui l’habitaient ; les montagnards tenaient le leur du symbolisme : il n’exprimait pas seulement la hauteur des gredins où ils siégeaient, mais leur conférait, avec la référence biblique et maçonnique (c’est la Montagne, le Sinaï, que Moïse avait reçu les tables de loi), une magistrature idéale, presque divine, et faisait d’eux les législateurs de la nouvelle alliance. Ils étaient appelés, dans le secret des hauteurs purificateurs, à régénérer le genre humain et, tel Amphion, à bâtir la cité parfaite. L’intégrité exemplaire d’un Robespierre, le séraphisme théâtral d’un saint-just donnaient à ces chimères un accent de vérité et comme une matérialité évidente ».
A ce propos, on a déjà traité ce sujet, si vous êtes intéressé, je vous mets le lien : https://lagironde.forumactif.com/t78-le-conflit-girondins-montagnards
Sinon, je vois que vous êtes un sympathisant des Enragés. .
Cordialement.
Bienvenue sur le forum des admirateurs de la Gironde
Je suis d'accord avec vous sur le fait qu'il y a un "tronc commun " entre les deux camps, avant leur lutte à mort, les futurs Girondins et futurs Montagnards avaient combattu le parti feuillant et cherché de concert à réduire l'autorité royale, tous deux, futurs fondateurs de la République, n'avaient qu'un but : combattre contre le despotisme, la féodalité, l'arbitraire et le retour de l'Ancien Régime. Tous deux aimaient la patrie et la liberté, on sait que le coeur des patriotes battaient à la fois pour le " vigoureux Robespierre " et le " sage Pétion que Manon Roland célébrait ensemble.
François Furet parle de d'un "conflit tributaire des péripéties de la Révolution".
Chaussignad-Nogaret quant à lui, pense à une lutte idéologique, et à mon humble avis je trouve qu’il a bien résumé la cause du conflit Girondin/Montagnard :
"c'est surtout deux modèles de Républiques qui s'affrontent. L'une empruntait à une idéologie radicale la rigidité de ses principes et déduisait de son mépris des hommes et de sa conception de l'efficacité ses structures de gouvernement et de ses mesures de contrainte. L'autre faisait la part belle à la tolérance, à la démocratie et à la liberté et, avec un peu d'irréalisme, rêvait d'un régime qui fit place à la justice tout en respectant le pluralisme et la diversité. Deux mots cèlèbres résument assez bien cet irréductible partage. Celui de de Saint-Just " Si Brutus ne tue pas les autres, il se tuera lui-même" ; Celui des Girondins au pied de l'échafaud " Plutôt la mort que le crime"
Et encore Chaussignand-Nogaret " le conflit relève peut –être d’abord de deux éthique, l’une rendait à l’homme ce qui lui appartient –vertus et vices, égoïsme et générosité – et lui reconnaissait, avec ses légitimes aspirations au progrès et au bonheur, le droit au préjugé et à l’erreur. L’autre voulait ignorer les faiblesses au nom du double principe d’où naissent toutes les terreurs : l’angélisme et la vertu. D’un côté les disciples d’un humanisme indulgent aux misères humaines, de l’autre des écoliers d’une bible apocalyptique …. Si les Girondins portaient un nom qui les rapprochait de la terre et des hommes qui l’habitaient ; les montagnards tenaient le leur du symbolisme : il n’exprimait pas seulement la hauteur des gredins où ils siégeaient, mais leur conférait, avec la référence biblique et maçonnique (c’est la Montagne, le Sinaï, que Moïse avait reçu les tables de loi), une magistrature idéale, presque divine, et faisait d’eux les législateurs de la nouvelle alliance. Ils étaient appelés, dans le secret des hauteurs purificateurs, à régénérer le genre humain et, tel Amphion, à bâtir la cité parfaite. L’intégrité exemplaire d’un Robespierre, le séraphisme théâtral d’un saint-just donnaient à ces chimères un accent de vérité et comme une matérialité évidente ».
A ce propos, on a déjà traité ce sujet, si vous êtes intéressé, je vous mets le lien : https://lagironde.forumactif.com/t78-le-conflit-girondins-montagnards
Sinon, je vois que vous êtes un sympathisant des Enragés. .
Cordialement.
Re: Me voici
Est ce à dire que la Revolution ne doit pas changer l'homme.
Ce que je reproche à certain est de déconnecter les pratiques des montagnard du contexte, il y avait des traitres partout à Paris, la guerre menaçait le pays tant à l’intérieur qu'à l’extérieur.
De plus dans le contexte était il absurde de demander un taux maximal.
C'est très bien d'avoir supprimer les lois féodales, l'ancien régime d'avoir fait chuter Louis XVI et son Autrichienne, mais en revanche l'Etat devrait rester incapable d'agir devant les abus de bourgeois ou de grands propriétaires?
Ce que je reproche à certain est de déconnecter les pratiques des montagnard du contexte, il y avait des traitres partout à Paris, la guerre menaçait le pays tant à l’intérieur qu'à l’extérieur.
De plus dans le contexte était il absurde de demander un taux maximal.
C'est très bien d'avoir supprimer les lois féodales, l'ancien régime d'avoir fait chuter Louis XVI et son Autrichienne, mais en revanche l'Etat devrait rester incapable d'agir devant les abus de bourgeois ou de grands propriétaires?
Crie du peuple- Maire
- Nombre de messages : 24
Re: Me voici
Le problème chez la Montagne c'est qu'elle divise les classes sociales : sans-culottes contre les propriétaires. Elle appuie sur le mouvement populaire et par la voie de la violence pour régner, contrairement à la Gironde. Danton n'a-t-il pas dit " Profitons des fautes de nos prédécesseurs, faisons ce que n 'a pas fait l'Assemblée Législative, soyons terribles pour dispenser le peuple de l'être "..
Au lendemain du 10 août, pour la Gironde deux choses ont été accomplies, la lutte contre le despotisme & la royauté. Maintenant il s’agit de concilier toutes les couches sociales (Bourgeoisie & ouvriers), donc pour cela instaurer une constitution démocratique. Puisque la République est établie il n’y a plus aucune raison de poursuivre la Révolution, du coup les actes de la Commune tombe dans l’anarchie & c’est pour cette raison qu’il faut combattre l’anarchie. Brissot avait dit : « Les désorganisateurs, avant le 10 août, étaient de vrais révolutionnaires, car il fallait désorganiser pour être républicain. Les désorganisateurs aujourd'hui sont de vrais contre-révolutionnaires, des ennemis du peuple ; car le peuple est maître maintenant... Que lui reste-t-il à désirer ? La tranquillité intérieure, puisque cette tranquillité seule assure au propriétaire sa propriété, à l'ouvrier son travail, au pauvre son pain de tous les jours, et à tous la jouissance de la liberté ».
Au lendemain du 10 août, pour la Gironde deux choses ont été accomplies, la lutte contre le despotisme & la royauté. Maintenant il s’agit de concilier toutes les couches sociales (Bourgeoisie & ouvriers), donc pour cela instaurer une constitution démocratique. Puisque la République est établie il n’y a plus aucune raison de poursuivre la Révolution, du coup les actes de la Commune tombe dans l’anarchie & c’est pour cette raison qu’il faut combattre l’anarchie. Brissot avait dit : « Les désorganisateurs, avant le 10 août, étaient de vrais révolutionnaires, car il fallait désorganiser pour être républicain. Les désorganisateurs aujourd'hui sont de vrais contre-révolutionnaires, des ennemis du peuple ; car le peuple est maître maintenant... Que lui reste-t-il à désirer ? La tranquillité intérieure, puisque cette tranquillité seule assure au propriétaire sa propriété, à l'ouvrier son travail, au pauvre son pain de tous les jours, et à tous la jouissance de la liberté ».
Re: Me voici
Mais que signifie la liberté pour le pauvre qui n'a pas de pain?
Peut il y avoir de vrai République sans un minimum d'égalité?
Peut il y avoir de vrai République sans un minimum d'égalité?
Crie du peuple- Maire
- Nombre de messages : 24
Re: Me voici
Bonne question. Tant Robespierre que Girondins, ces acteurs de la Révolution ont vécu une sorte " illusion héroïque " comme dira Karl Marx. Ils ont dépassé par les actions et les évènements (Guerre contre l'Europe, Guerre civile avec la Vendée, le Procès du Roi, querelle politique au sein de l'Assemblée et la crise sociale). Ils ne peuvent comprendre comment les citoyens "libres et égaux en droits" en viennent à être malheureux ou à s'opposer alors qu'ils devraient célébrer la Vertu et la Liberté.
Même Robespierre ne connait pas vraiment le peuple, le peuple dont il représente, est une entité abstraite et idéalisée. Par exemple, en Février 1793, il s’étonne que les femmes du faubourg pillent une épicerie pour se procurer du sucre : « le peuple doit se lever non pour recueillir du sucre mais pour terrasser les brigands » « quand le peuple se lève, ne doit-il pas avoir un but digne de lui ? De chétives marchandises doivent-elles l’occuper ?» (Discours à la Convention le 25/2/1793). Son discours montre que Robespierre idéalise ce peuple, c'est tout le principe rousseauiste "l'homme est bon par nature, mais la société l'a perverti".
Mais comment peut-on répondre aux aspirations fondamentales du peuple par des discours idéalistes et abstraits ? Et je suis d'accord avec vous, mais C'est bien là le drame qu'ont vécu ces hommes de la Révolution. Saint-Just a cerné le problème quand il dit " Un peuple qui n'est pas heureux n'a pas de patrie " ; mais lui-même est dépassé et le " nouveau maximum " instauré en été de l'An II ne favorise pas aux salariés et profite aux entrepreneurs.
Même Robespierre ne connait pas vraiment le peuple, le peuple dont il représente, est une entité abstraite et idéalisée. Par exemple, en Février 1793, il s’étonne que les femmes du faubourg pillent une épicerie pour se procurer du sucre : « le peuple doit se lever non pour recueillir du sucre mais pour terrasser les brigands » « quand le peuple se lève, ne doit-il pas avoir un but digne de lui ? De chétives marchandises doivent-elles l’occuper ?» (Discours à la Convention le 25/2/1793). Son discours montre que Robespierre idéalise ce peuple, c'est tout le principe rousseauiste "l'homme est bon par nature, mais la société l'a perverti".
Mais comment peut-on répondre aux aspirations fondamentales du peuple par des discours idéalistes et abstraits ? Et je suis d'accord avec vous, mais C'est bien là le drame qu'ont vécu ces hommes de la Révolution. Saint-Just a cerné le problème quand il dit " Un peuple qui n'est pas heureux n'a pas de patrie " ; mais lui-même est dépassé et le " nouveau maximum " instauré en été de l'An II ne favorise pas aux salariés et profite aux entrepreneurs.
Re: Me voici
Bart a écrit: mais lui-même est dépassé et le " nouveau maximum " instauré en été de l'An II ne favorise pas aux salariés et profite aux entrepreneurs.
Vous pouvez développer?
Crie du peuple- Maire
- Nombre de messages : 24
Re: Me voici
"Panem et circenses", nos anciens de la rome antique l'avaient compris : qu'il faut faire de la politique spectacle afin d'attirer la faveur populaire. ^^
Cyril- Administrateur
- Nombre de messages : 121
Re: Me voici
Crie du peuple a écrit:Bart a écrit: mais lui-même est dépassé et le " nouveau maximum " instauré en été de l'An II ne favorise pas aux salariés et profite aux entrepreneurs.
Vous pouvez développer?
Bonsoir Crie du peuple,
Désolée pour cette réponse tardive car j'étais occupée.
Ce que je voulais dire c'est que de Germinal à Thermidor, le gouvernement robespierriste essaye de rassurer les forces bourgeoises .
Bien que le délit d'accaparement soit théoriquement maintenu, le 12 germinal, les commissaires aux accaparements sont supprimés. Il s'agit en fait de rassurer les commerçants. Le maximum subsiste, mais le comité autorise de nombreuses exemptions ou atténuations de fait, en accordant des augmentations ou des primes aux fournisseurs. La condition des salariés empire.
Le 15 floréal, Barère fait voter un décret réquisitionnant la main d'oeuvre pour le transport des marchandises et le 29 floréal la Convention engage des poursuites contre les fomenteurs de grèves. Le 1er Thermidor Saint-just fait arrêter comme suspects des ouvriers en grève. Le 5, la commune de Paris, publie un nouveau maximum des salaires, qui, en pratique une baisse du prix de travail.
On peut voir à travers ces concessions surprenantes contraire aux principes de St Just et Robespierre, le désir d'une stabilisation politique en veillant à rassurer la classe bourgeoise, mais dans le même tout en renforçant la Terreur. Ils sont en fait dépassés par les évènements et contraints bien malgré eux à protéger " la propriété" au détriment de la classe ouvrière, et cette mesure contradictoire dont ils reprochaient tant à la Gironde traduit en quelque sorte une forme d'impuissance face aux événements, ces hommes n'arrivent pas à concilier leur profonde conviction avec la réalité qui les échappe .
Re: Me voici
Oui Bart. En décapitant l'état-major cordelier, le comité de salut public mettait fin à la pression de la rue sur la représentation nationale, qui depuis le 10 août 1792 avait dévié la révolution bourgeoise de son cours. Germinal est un mois décisif : dans tous les domaines s'amorcent le retour aux normes du libéralisme dont on a bien à tort, crédité ou accusé les seuls Thermidoriens. Oui, de germinal à thermidor "le gouvernement robespierriste rassure la bourgeoisie " mais accroché à la Terreur sans oser, ni pouvoir faire la paix, se réfugie dans la fuite en avant et Thermidor ne fera qu'achever le retour au réel.
Cyril- Administrateur
- Nombre de messages : 121
Re: Me voici
les sans-culottes tenteront encore en prairial an III de peser sur l'histoire.. en vain, car germinal marque la rupture définitive avec la pression de la rue. Le nouvel ordre social réaffirme son contrôle sans partage.
Aquila- Maire
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Re: Me voici
Mais pour les gens qui voulaient manger le maximum n'était il pas nécessaire?
Crie du peuple- Maire
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