Forum sur la Gironde & Manon Roland
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la mort des 21 Girondins & de Madame Roland

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Message  Bart Mer 10 Juin 2009 - 18:14

la mort des  21 Girondins & de Madame Roland Les_gi10

les 21 Girondins emmenés au supplice le 31 octobre 1793


Dernière édition par Bart le Dim 23 Mai 2010 - 9:54, édité 1 fois
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Message  Bart Mer 10 Juin 2009 - 18:20

la mort des  21 Girondins & de Madame Roland 045210

Les Girondins au pied de l'échafaud.
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Message  Bart Mer 10 Juin 2009 - 18:21

la mort des  21 Girondins & de Madame Roland 045910

Le suicide de Jean Marie Roland, l'époux de Manon Roland. Apprenant la mort de sa femme, l'ex ministre de l'intérieur se suicida.


la mort des  21 Girondins & de Madame Roland 045810

Dernière lettre de Roland, écrite au moment de son suicide - Archives nationales

" Qui que tu sois qui me trouves gisant ici, respecte mes restes ; ce sont ceux d’un homme qui est mort comme il a vécu, vertueux et honnête. Un jour viendra, et il n'est pas éloigné, que tu auras un jugement terrible à porter; attends ce jour : tu agiras alors en pleine connaissance de cause; et tu connaîtras même la raison de cet avis. Puisse mon pays abhorrer enfin tant de crimes, et reprendre des sentiments humains et sociaux! Non la crainte mais l'indignation. J'ai quitté ma retraite au moment où j'ai appris qu'on allait égorger ma femme; et je ne veux plus rester sur une terre couverte de crimes "
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Message  Bart Mar 14 Juil 2009 - 10:50

Clip sur l'extermination des députés girondins & la musique "Le messidor de Fompeyre" composée par Laurent Lafargeas.



Je mets également, le très beau récit que Monsieur Lafargeas a écrit sur les derniers moments du trio Buzot-Barbaroux-Pétion. (voici son blog : http://clif.over-blog.com/article-6988154.html)

Le messidor de Fompeyre



La foule s'est rapidement entassée sur l'angle ouest de la place.

Un peu plus loin, un peu plus haut, vers le nord, un nombre de potences s'est grossièrement érigé durant un autre temps à peine plus long.

Charles Barbaroux, derrière le carreau d'une fenêtre distancée d'un étage, assistera à toute l'horrible séquence qui va bientôt se dérouler ici. Derrière lui, ses compagnons d'infortune, Buzot et Pétion de Villeneuve, ne cessent de lui rappeler l'imprudence de se faire voir en souhaitant voir. Voir une scène que d'ailleurs tous trois virent cent fois.

Aucun d'eux pourtant n'en demeure insensible !

Malgré ce qu'ils ont vécu depuis plus de quatre années, aucun ne manifeste ni froideur, ni indifférence non plus.

Une improvisée garde nationale perce la foule. Elle fait place au passage du roncin qui tracte la charrette des condamnés : trois hommes et deux femmes...

- À mort ! à mort, entend-on de toute part de la place.

Le cheval est immobilisé, puis, aussitôt, les prisonniers sont menés militari dans l'enceinte de la nouvelle curie municipale.

Barbaroux pense à tort qu'il s'agit là de conduire ces victimes au procès, tout arbitraire qu'il soit, mais il se trompe ; celui-ci a déjà eu lieu.

Aussi, indubitablement présidé de dits pompeux juges de paix.

En réalité, c'est afin de déguiser, travestir les victimes que leurs bourreaux les ont isolés un temps du peuple. Et pour cette fois, dans quel dessein ?…

Eh bien dans celui de satisfaire un soi-disant artiste peintre, imbu de lui-même, qui obtint là l'autorisation de reproduire certaines icônes mythologiques dites nouvelles, avec une non fausse expression de terreur dans le regard de ses modèles dont la mort s'avance.

Les malheureux et malheureuses ressortent, et ce sont des rires et sarcasmes niais qui fusent de partout. Danaë, Persée, Acrisios et Jason sont ici trivialement exposés à l'inépuisable balourdise du peuple : la plus jeune des deux femmes se voit imposer le rôle de Diane chasseresse.

À cet effet, attribué d'un arc et d'un carcan, par moment, il lui est exigé de tendre un trait.

L'un des condamnés, probablement un parent de la pauvre fille humiliée, fond en larmes autant d'impuissance notoire que de la crainte de mourir avec elle.

Il n'est pas le seul à traduire un profond désespoir.

Au plus proche de cette légale ignominie, un enfant, conduit là sans son imminent consentement, ne cesse de tirailler le haut des chausses de son père, et supplie ce dernier d'intervenir en réitérant ses expresses volontés.

- Je ne veux pas que ces gens meurent !... Papa, je ne veux pas les voir mourir.

Rien de l'ensemble de ces suppliques, pas plus du reste que les prières des futurs exécutés, ne transformèrent les intentions de la majorité ici présente. Entendons celle décidée à ravir l'existence de quelques-uns et quelques-unes par sommaire extension du principe national ; comprenons-là, celle porteuse d'une haine à bon marché.

- À mort ! à mort les factionnistes !

- À mort ! à mort les ennemis de la République !

Et larme vint à l'œil dessillé de Charles Barbaroux, larme qui mit le temps de toute une vie à poindre, mais qui coulait à présent le long d'une joue plus que lisse de dégoût ; et larme provenant d'amertume sans source exacte, si ce ne fut celle du mécompte quant à l'espérance en matière d'impartialité humanoïde, ici en matière de clémence spontanée.

Et disons larme versée sur les infernaux résultats d'une gent immuable en cruauté plus que systématique.

Très faiblement, le carreau de la fenêtre lui renvoie un deviné reflet de lui-même ; également un aussi faible reflet de cette larme qui descend au bas de cette joue. Sa joue, à lui, Charles Jean-Marie Barbaroux, fervent député de la Convention n'ayant pas accordé la moindre grâce au roi, n'ayant pas, il fut un temps rapproché, opté pour la moindre indulgence à l'égard de tous supposés ennemis dits de sa République fanatisante ; sa joue ridée pour l'heure autant de peur qu'épuisée de répugnance de ses propres actes antérieurs. Il n'a, à présent, que répugnance envers ce gargarisme de prétendues vertueuses moralités encensant le peuple - du moins ses intérêts -, de cette flagornerie alimentant la haine ; cette haine toujours abondamment cautionnée en tous lieux.

Et, si à peine ne distingue-t-il lui-même son visage, plus notoirement il perçoit cependant l'erreur : la faute impardonnable de son errance spirituelle.

Jadis, il crut en l'homme... Sans conteste, telle fut sa faute !

Il voulut, comme tout autant d'autres enflammés du principe d'égalité, faire régner en ce monde ladite vertu, accompagnée de son cortège de mille devoirs. Il y a peu encore, il obéissait, Charles Barbaroux, à la conscience de son frais statut de citoyen. Peut-être là, avait-il aussi cru à l'avènement de l'individualisme ?

Beaucoup d'autour de lui en partageaient l'évidente suprématie !

De cela, beaucoup l'eurent convaincu ; également, ils l'eurent probablement motivé à devenir acteur malgré lui de cette hérésie qu'est la révolution : cette incessante machine à tuer.

Certes, ici le constat d'accointances prohibées demeure indubitable, mais n'est-il pas trop tard pour en faire amende honorable ?

D'ailleurs, de l'honneur, lui en reste-il au regard de ses actes

d’autrefois ?

Bientôt, face à lui, se répétera la scène, la tragédie de la mort orchestrée : l'unique résultat de cet ouragan déterminé à nuire au nom de la démocratie « absolue », en dehors de celui des fulminantes et perpétuelles accusations.

François Nicolas Buzot introduit une part de ses pensées dans celles qu'il devine de son compagnon ; ce dernier toujours rivé dangereusement au cadre de la fenêtre.

- Les regrets n'ont point force à la méditation que nous commanderait la prudence, lui dit-il d'un ton pour l'heure encore serein.

Pour répondre, Barbaroux se rapprocha du centre de la pièce.

- Humble, je n’abordais que quelques conclusions ; du moins celles relatives à mon parcours…, son rôle politique.

- Et sur quoi portent-elles ces conclusions ?

- Sur que nous n’avons été que les victimes de l’euphorie engendrée par nos capacités d’orateurs, si ce n’est nos carrières envisagées au service de l’homme…

À présent l’échec donc, puisque cet homme s’émancipe de tout, y compris de lui-même. S’étant euphorisé à son tour, il ne veut plus joindre l’aptitude à modérer ses nouveaux avantages.

Nous le gênons, et ce sont nos têtes qu’il réclame puisqu’elles restent aptes à contrer ses ardeurs d’impatience.

Cet homme me fait vomir !...

Et quant à l'investissement de sa personne, de son âme en vue de la réelle équité, le respect des libertés ainsi que celui simple de la vie, l'opération restera vaine en tous points, si ce n'est dangereuse selon les remous d'époque, selon les tendances en vogue. L'affamé se qualifiera toujours d’esclave ou d'opprimé, et, une fois investi du pouvoir de scier les maillons de sa chaîne, il en profitera instinctivement pour les ressouder aux pieds d'un autre. Là, résident les gênes de notre humanité !

Peuple ou bourgeois, le ventre guide l'appétit, et le sang du voisin qui ruisselle offre et engendre trop souvent l'apaisement dudit ventre, de surcroît vide.

Une fois la spoliation du divergeant assouvie - certes, pour un temps -, l'avidité de notre nature carnassière ne saurait tarder à repoindre au-delà. En ce sens, le principe d'une république, celui d'une réelle démocratie même, ne peut qu'élargir la sphère des candidats aux moyens de nuire. Si la structure de l'opprimeur le façonne opprimeur, c'est bien qu'il obéit à une fatalité l'ayant constitué ; une fois de plus, entendons-là, sa nature humanoïde...

Où en serait-il autrement de la part de son prochain, pour l'heure moins favorisé d'abondance ?... Il n'y a de pire loup qui ne soit affamé, dis-je, mais rassasié, l'animal convaincu et fié à sa force, en aucun cas ne céderait sa part d'aisance acquise : ce que pourtant nos meurtres commandent.

La république, en ce sens, demeure l'une des mille utopies de la gestion humaine, cependant qu'elle en dramatise les bases de son autre multitude d'intervenants.

Ici donc, ce constat ne trouve nulle issue !

S'il y a gloire, c'est qu'il y a eu espoir : l'espoir d'un moment, d'une partie de vie peut-être, où chacun s'anime d'un meilleur à venir, où chacun se voit, se croit le porteur des fondements de l'idéale collectivité. Renforcées de leurs vertueuses coutumes, les nations ne sont que des exemples, des expériences, des essais, et même au travers de la diversité de leur culte, de leur morale.

Si les états sont administrés par des brigands, c'est qu'ils dominent une ruche d'aptes à l'identique brigandage.

Quand bien même - demain peut-être - aurions nous versé notre sang pour nos idées, le sang d'autres, dis-je, ne cessera de couler. ..

En proposant, en instituant, en défendant la république, nous n'avons fait qu'amplifier les discordes du futur ; de surcroît, probablement à l'échelle universelle. Voyez par cette fenêtre le spectacle de la mort ; celui alimenté du rien, si ce n'est de la vengeance qui suivra tôt ou tard. Admirez la séance de cette mort qui nous guette, nous ex-tout frais avocats du peuple : notre bourreau… Comprenez celui qui nous expédierait en l'au-delà, sans plus de formule que pour ces malheureux.

Tu ne m'entends pas Buzot ?..., tu écris ?

- C'est en cela où mes priorités se résument ce jour. Ton désarroi ne peut t'interdire de ne pas comprendre.

- Certes, alors comprenez-moi Monsieur Buzot, et cessez de me tutoyer. Vous m'obligeriez au respect que jamais nous n'aurions dû omettre.

- C'est qu'ils te viendraient des remords supérieurs aux nôtres, à l'approche de ton trépas ?... Tes dires, approuvés pour ma part en plusieurs points, ne t'autorisent pas à m'accuser responsable de tes initiatives : celles que tu regrettes, il me semble ?

- Non ! loin de là... Je voulais signifier, qu'à présent, en ce bas monde, seule la mort nous serait acceptable, qu'à condition qu'elle y ajoute du respect ; et que justement je m'interroge sur la clé de voûte de ce respect.

Tu écris Buzot ?... Probablement tes mémoires, je suppose, tes regrets peut-être, mais sache que tu écris sur un bureau dont plus tard l'on dira de style Louis XVI. Ce roi dont la mémoire restera plus profonde que notre notice régicide.

- Parle pour toi Barbaroux..., j'ai risqué l'idée du sursis, pas toi !

- Pardonnez-moi, mes compagnons, l'odeur et la vue du sang, qui incessantes se présentent encore ce jour à cette fenêtre, m'engendrent une once de haine qu'il me faut vous traduire. Haine contre nos supposés semblables, haine contre ce ramassis de cheveux gras couvrant un esprit plus que souterrain ; des demi-âmes s'octroyant le pouvoir de la souffrance sur autrui par, aujourd’hui, la réplique de la misère... Mais considérez, et je vous en prie, qu'il y a deux misères : celle issue d'une franche pauvreté, et celle, plus hurlante, provenant de la médiocrité.

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Dernière édition par Bart le Ven 14 Aoû 2009 - 20:37, édité 1 fois
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Message  Bart Mar 14 Juil 2009 - 10:52

Ces criminels aux cheveux gras, disais-je, à la mine où l'imbécillité s'incruste, ne s'en prennent plus seulement aux hommes ou encore à leurs préceptes estimés néfastes, mais ces pendeurs s'acharnent sur leurs femmes, leurs enfants, et jusqu'à même leurs aïeux. Ainsi, ils étendent l'opprobre, non par sauvegarde de la liberté, comme ils le vocifèrent, mais par l'assouvissement du sang versé dont ils gardent coutume.

Ignorants les réelles vertus, tous s'attribuent cependant une part de la nécessaire tyrannie collectivement augurée.

C'est bien que notre espèce carnivore fut privée de crocs à son origine que jamais elle ne s'épuisera de géhennes, d'hécatombes : insignes expédients de sa voracité.

Le temps que nous avons contribué à mettre en place ne s'arrête plus à faire tomber les têtes des émigrés, des brigands de la Vendée, des contre-révolutionnaires et des prêtres réfractaires, il s'étend, à présent, aux conspirateurs - ou convaincus de conspiration -, aux instigateurs, aux accapareurs, affameurs, calomniateurs. Les condamnations se prononcent d'admirable promptitude à l'encontre des conjurés des prisons du Luxembourg, de Bicêtre, de Saint-Lazare ou des Carmes, des complices de ces dits conjurés, desdits ennemis du peuple, ennemis de la révolution - par extension ennemis de la liberté -, par endroits, encore nommés traîtres à la patrie, parfois verbalisés comme tel pour le simple propos de suggestion au retour de la royauté. Également, la guillotine s'aiguise de nous, les fédéralistes - au passage, de nos partisans -, de tous les complices d'ailleurs : complices de sédition, complices de Dumouriez, receleurs ou receleuses de réfractaires, complices et reconnus d'intelligence avec l'émigré, avec le chouan. La mort gagne son règne au-delà de tous les esprits ayant œuvré à l'éviter pourtant.

Voyons, et je m'en offusque, croyez-le bien, voyons monter à l'échafaud les faux signataires, les fabricants ou distributrices de faux assignats, lesdits fournisseurs infidèles, les émetteurs de propos fanatiques ; aussi avec les réfractaires à la loi du 5 ventôse - rien que cela -, les réfractaires à la circonscription, les reconnus coupables d'avoir ébranlé la fidélité des soldats envers la république.

J'irais même plus loin : nous obtenons notre trépas de concerte avec les principes en vigueur, et c'est là où j'abandonnerais l'ensemble des espoirs nous ayant réunis en notre proscription.

Entendez, la mort immédiate et sans quasi aucun procès d'analyse : la mort pour avoir provoqué la dissolution de la Convention, par exemple ; celle pour avoir simplement applaudi ou encore une fois non reconnus les crimes de Capet ; plus anodin, celle d'avoir acheté des Louis à prix excessif, et j'oublie les supposées complices, puisque parentes de révoltés contre, paradoxalement, la révolution…

Et qui sont ceux menant ces tueries que cette révolution

exige ?...

Je ne les connais que trop, et pour avoir risqué mon salut à les

contenir qu'en de peu d'endroits du reste.

Un essaim d'ostentatoires cocardiers, patriotes sans âmes, inaptes d'aucune philosophie, d'aucune pensée, tous complets aliborons sourds, animés d'une effervescence primitive dont la témérité de chacun n'a d'égale que les mouvements de tous : l'orientation de la masse !

Et décrivons la nature de cette masse.

Masse de délateurs incultes, soutenus d'inhabiles convoitises, entre autre celle de s'attribuer des fonctions assorties de juteux

émoluments.

Alors, à ce dessein, ils sèment l'intrigue, amplifient les troubles, étayent les soupçons et conduisent l'exagération de la calomnie dans le tiers-cœur de la populace ; laquelle alimente sa joie de massacres tout juste organisés.

Entendez, tel est devenu le français, et, en dehors de pour mes

proches - de leur descendance -, je ne crains plus qu'il ne prolonge, ce français, cette frénésie générique et mathématique, ceci dans les siècles à venir.

Bientôt, vous verrez - et si Dieu ne vous en épargne -, vous verrez dis-je, que tout couperet s'abattra pour avoir écrit, pour être lyonnais ou simplement né à Cholet, pour avoir été aperçu sortant d'une église, ou voire même de refuser profaner une effigie sanctifiée, tout comme une banale icône.

Nous sommes - nous l'avons été du moins - responsables d'une frénésie sans limite ; croyez-moi, sans fin.

Je vous le répète, nos espérances en l'absolue gestion nous ont enivrées au point d'épouser l'idée qu'il nous restait possible de joindre les compétences de Dieu en matière d'ordre général.

Nos antérieurs philosophes ont pourtant bien pris le soin de nous avertir des dangers du babélisme, pour l'heure outrepassant la basique différence de langage !

L'état est une machine, une machination dirais-je, qui jamais n'obtiendra la complète hégémonie sur le bon sens dont nous sommes en droit d'attendre la promulgation.

Je n'affirme pas qu'une nation a besoin d'un roi, je ne dis pas non plus qu'elle aspire à la conforme république, je dis que la liberté est vouée au cantonnement - ceci, malgré nos maints efforts - ; la liberté demeure limitée, encore tout comme les banales icônes dont je citais outragées, en une conviction éternellement inaccessible puisque cadrée en son origine que par une faible minorité de réels réfléchissants.

Au-delà même des améliorations probables, il n'en ressortira non moins et justement les désirs inassouvis du voisin convoitant. Lorsque tu façonnes une république, Buzot, tu engages mille éléments de controverse entre eux...

Ne me voyez pas devenu royaliste, pas plus encombré de cette ex ­obscure pensée, mais je réitère néanmoins cette identique parole qui qualifie notre espèce comme ingérable en tous points. Jamais la dominante paresse d'âme ou paresse d'autre chose n'acceptera la richesse de l'autre, quand bien même ce dernier en serait reconnu méritant. Jamais elle n'appointera de son humble gratitude le concitoyen motivé de l'assortiment des intérêts que lui renvoie - légitimes - ses efforts.



Vers le milieu de la nuit, les trois fugitifs, qui avaient été provisoirement cachés au centre du bourg, furent prestement reconduits chez Troquart, le perruquier. En passant devant les gibets devenus silencieux, Pétion fit remarquer à ses deux compagnons que le vice des bourreaux avait atteint la cruauté d’occire les cinq victimes de l’après-midi par étirement de la corde, et non par la trappe : pratique d’outre-manche singulièrement plus expéditive quant à toutes les manières de faire passer son prochain de vie à trépas.

Disons alors que ces récents cadavres subirent l’une de ces coutumes réservée aux vendeéns.

Buzot, à son tour, eut peine et larme à l’œil.

- Cette famille fut probablement décimée de notre faute.

- Non, lui répondit un confident de Troquart. Depuis longtemps, ils étaient soupçonnés de contre révolutionnaires, notamment pour avoir accueilli trois semaines un prêtre réfractaire, récemment exécuté lui aussi.

Mais il reste vrai que depuis votre forte soupçonnée présence en Gironde, la tension monte dans les esprits zélés. D’ailleurs votre hôte vous en dira plus.

En effet, à l’écoute de Troquart, les nouvelles n’étaient pas bonnes.

Une commission exécutive partant de Bordeaux venait cette nuit même d’envoyer deux agents à Libourne rejoindre Lagarde, le national du district.

- Croyez-moi, ce pourri, cautionné des autres, ne tardera pas à faire parler les habitants sur vos passages, ajoutait Troquart inquiet.

Et, ils ratisseront large du Bec d’Ambès à Castillon…



Revenus à l’home qui les avait réfugié depuis des mois, nos trois proscrits s’interrogeaient à présent sur leur destinée quant à ces dernières nouvelles.

Pour Buzot, certaines délations en amont ne pouvaient que diriger les jacobins qu’ici : Emilion-la-montagne.

- Depuis trop longtemps y sommes-nous stationnés, précisait-il.

Pétion, plus confiant mais non pour autant moins dramatique dans le terme, assurait que la commission s’orienterait fatalement sur la famille Guadet.

- Sont-ils avertis ? questionna-t-il.

Troquart, mal aisé à répondre, et, semble-t-il, dépité par l’avance des évènements qu’il annonçait, ne put que s’en muer tremblant.

- Reste clair que ce sera la première maison visitée, et celle des Bouquey ne tardera à suivre… Là, nombre domestiques n’aurait la faculté de ne pas s’effondrer en terreurs et en larmes aux menaces que ces déterminés gageront en langue.

Du côté de Charles Barbaroux, la situation parle d’elle-même.

Il n’en ajouta mot devant cette masse d’affolés à juste titre - disons clairement, des hommes risquant leur vie -, mais devint plus loquace une fois revenu à l’idem intimité d’avec ces deux complices.

- C’est dans l’âme et dans la sauvegarde de la Montagne de confirmer sa dominance tangente en nous détruisant par l’hystérie meurtrière dont elle s’est assortie. Voyons qu’elle ne peut plus reculer, et de nos têtes, au-delà d’autres adversaires, pour l’heure moins confirmés, telles celles déjà tombées d’Hébert, Danton, Séchelles et autres, notre existence clandestine demeure l’insolence suprême à toutes leurs manœuvres ; l’hypothèse contraire aux garanties dont ils peinent à fournir l’euphorie que le pays exige. Voyez, au travers nous, la Gironde anéantie, la folie se cautionner davantage… Pétion, Buzot et les autres absents, ne vous percevez-vous donc pas comme les représentants de l’antidote de cette folie ?

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Message  Bart Mar 14 Juil 2009 - 10:53

Sur ces dernières paroles, François Buzot ne put que raisonner son compagnon en l’invitant serein à la défaite, non sans y joindre une dose de pathétisme.

- Nous reste-t-il, Charles, qu’à nous commander notre propre mort au-dessus du désir qui semble joindre en effet celui de nos ennemis. Vois ces gens, nos poursuivants, déterminés à l’obtenir, et dans l’urgence.

- Je m’incline à cela, François ; je m’incline à cela…Mais quand ?

Jérôme Pétion apporte ici une évidence :

- Messieurs, il s’agit ici d’un triste et réel constat… Traqués comme nous le sommes, il nous est convenablement impossible d’offrir la parade à nos adversaires. .. Je veux dire pas celle à les réjouir d’une tuerie assortie d’un massacre en forme. Tu l’évoquais, Barbaroux, nos antagonistes sentent la fiente. Alors, pour une fois, et peut-être pour l’ultime fois, restons nobles ; épargnons nos hôtes de l’hécatombe qui ne tarderait pas à les frapper derrière nous.

- Que veux-tu dire ?

- Charles, j’entends-là qu’il nous faudrait nous accorder la mort un peu plus loin… Nos cadavres, ici, ne pourraient que conduire Troquart et ses proches à l’échafaud.



Les jours qui suivirent furent encombrés de cette idée de suicide autant que de celle de trouver une issue plus salutaire : celle de gagner la Suisse, peut-être. La terreur ancrée aux âmes se mêlait aux organisations de fuite, mais le plus exécrable désarroi dominait, et rien de bien étayé ne figurait encore au programme le soir du 16 juin. Pourtant, au-delà, tout devait se précipiter. La petite ville d’Emilion, nid de girondins, connue l’une de ses nuits historiquement des plus mouvementées.

Sallès, les Guadet, les Bouquey furent arrêtés, le peigne fin ne put s’opérer, mais d’énormes chiens s’essoufflèrent en pourchas orienté en vain du côté des carrières avoisinantes.

Au matin, tandis qu’Elie Guadet et sa famille se dirigeaient en charrette vers la mort, François Buzot, à présent déterminé à se l’administrer lui-même cette mort, écrivit à sa femme en conservant néanmoins un faible espoir que la missive lui parvienne un jour.

« Ma chère amie, je laisse entre les mains d'un homme qui m’a rendu les plus grands services, ce dernier souvenir d’un mari qui t'aime.

« Il faut fuir un asile sûr, honnête, pour courir de nouveaux dangers. Une catastrophe terrible nous enlève notre dernière espérance. Je ne me dissimule aucun des dangers présents qui nous menacent, mais mon courage me reste... Mais ma chère amie, le temps presse, il faut partir. Je te recommande surtout de récompenser autant qu'il sera en toi le généreux qui te remettra cette lettre ; il te racontera tous nos malheurs. Adieu, je t’attends au séjour des justes.

Ce n’est pas que le perruquier Troquart amoindrissait son hospitalité, mais en effet les dangers apparaissaient trop proches pour qu’il ne hâte, en partie de son œuvre donc, l’imminent départ de ces trois hommes déjà théoriquement morts.

La nuit, acceptée donc comme la moins révélatrice de complicité, fut choisie pour l’exil à grands pas. Grands pas que l’embonpoint de Charles avait peine à maintenir à la comparaison des autres proscrits.

Et la nuit fut longue en efforts physiques !... Hélas, qu’une demi-lieue de parcourue avant la dernière halte… Ici, un outrageusement significatif roulement de tambour à l’approche mit un terme quasi absolu aux espoirs de Barbaroux. Tandis qu’à l’écoute de ce vacarme ses deux complices s’évacuèrent à l’abri des bois proches, notre gros Charles, s’estimant non assez leste, ou encore probablement désirant confirmer l’inexistence ici de ses compagnons fuyants, sauva ces derniers par une démonstration attirant la trouvaille sur lui seul. Alors, il fourni son pistolet à la hâte avant de s’en administrer une salve dans le chef ; salve, hélas n’ayant qu’altérée, certes non sans profusion de sang, que l’oreille et la mâchoire du député agonisant, mais non mourant.

Maintenant, son calvaire ne porte plus de nom !

Si l’Histoire nous tait les méthodes qui furent employées pour lui faire dire qui il était, tout juste pansé à l’occiput qu’il s’était détruit lui même, il vécut six jours d’enfer avant d’être conduit sous le couperet permanent de Bordeaux ; celui-là même qui trancha toute la famille Guadet quelques jours auparavant.

La France, disons ce brouillon de nouvelle France, venait de s’émanciper de la mort systématique non pas d’un grand homme, mais d’un notoire esprit de tempérance quant à l’orientation de nos avenirs.

Depuis les têtes tombées de Gorsas tout d’abord, le 16 vendémiaire de l’an I, puis Gensonné, Vergniaud, Boyer-Fonfrède, Brissot, Antiboul, Carra, Duchastel, Fauchet, Gardien, Lacaze, Mainvielle, Sillery, Lesterp-Beauvais, Boilleau, Ducos, Valazé, Duprat, Lasource, Lauze de Perret, Viger et Lehardy, depuis ce bain de sang du 10 brumaire, la hâte à obtenir l’anéantissement de l’idée de base, s’opposant aux principes vigoureusement en vogue meurtrière plus que politiquement correcte, cet anéantissement, dis-je, se dispensait haut la main d’un procès d’où le concerné aurait pu faire valoir ses vertus ainsi que le direct intérêt de la nation à lui épargner la vie.

Nous avions alors pénétré l’ère de la suprématie de l’avantage public !... Un panier à crabes où l’économie des réels efforts commence à s’abriter derrière un pavillon tricolore ; un fatras de bourgeoisie dominante de la caution semi volontaire d’un peuple toujours affamé ; de surcroît toujours face à l’option de la débrouille.

François Buzot, quant à lui, depuis l’exécution de Madame Roland, ce n’était plus le même homme ; la nostalgie l’emportait sur la haine politique. Pour Pétion, la mort, de quelle forme puisse-t-elle prendre, apparaissait quasi immédiate. Toutes les frontières demeuraient trop éloignées, et sans carte…, je vous ne vous en exposerais pas davantage.



Nous voici arrivé au guéret de Fompeyre.

Buzot revoit Pétion paradant les avenues de Paris à la droite de Robespierre. Il ne s’interroge plus de rien ; du reste, tous deux sont épuisés. Le silence de la campagne joint du pathétique à la décision dont ils ont du mal à se concerter pour le comment.

- Nous attendrons la nuit, semble ordonner Pétion.

François n’a plus vraiment conscience des heures qui suivront.

Il vérifie l’amorce de son pistolet des manufactures de Versailles, sans conviction mais sans non plus d’horizon autre que celui collectivement envisagé depuis maintenant plusieurs jours.

Un périmètre inévitable diminuant sur eux, certainement de minute en minute, rapproche l’échéance de cette volonté de ne pas laisser ces brigands - les violeurs de réelle démocratie- à se glorifier de deux arrestations supplémentaires.

La nuit tombe, et avec elle les dernières volontés de Manon – Madame Roland - dans ses lettres traduisant la confiance qu’elle avait en lui - toute relative à sa détermination d’antan à ne pas fléchir quant à la sauvegarde de la liberté.

… Eh ! il s'agit bien de savoir si une femme vivra ou non après toi ! Il est question de conserver ton existence et de la rendre utile à notre patrie ; le reste viendra après !...

Plus encore, les mots de la condamnée lui reviennent en vindicte supposée à sa décision future :

… mes cruelles angoisses ont été renouvelées par le décret d’accusation qui te concerne ; ils devaient bien cette atrocité à ton courage !

Et, contraire aux derniers arguments de Charles qui se dirigent pour l’heure vers son ultime supplice.

…Tant qu’un républicain respire, qu’il a sa liberté, qu’il garde son énergie, il doit, il peut être utile.

L’espérance en d’ostentatoires retours à la raison ne paraissait plus poindre en ce lieu où la mort s’affirmait venante.

Mais dans l’âme de Buzot surgissaient encore les phrases de Manon, cette femme d’un extrême courage dont nul ne peut égaler.

… Quant à moi, je saurai attendre le retour du règne de la justice, ou subir les derniers excès de la tyrannie, de manière à ce que mon exemple ne soit pas non plus inutile.

Aussi de confiance extrême en lui, François, elle ajoutait :

… Mon ami ! c’est en sauvant ton pays que tu peux faire mon salut, et je ne voudrais pas de celui-ci aux dépens de l’autre ; mais j’expirerai satisfaite en te sachant servir efficacement ta patrie. Mort, tourments, douleur, ne sont rien pour moi, je puis tout défier. Va, je vivrai jusqu’à ma dernière heure sans perdre un seul instant dans le trouble d’indignes agitations…

Et ce n’est pas hélas le courage qui abandonne ce jour François Buzot, c’est davantage l’évidence d’une perte de raisonnement, de dimensions universelles, qui le conduira à trahir celle dont je me permets de nommer sa bien aimée, et qui se trahissait d’égal sentiment par :

…Les autres admirent mon courage, mais ils ne connaissent pas mes jouissances ; toi, qui dois les sentir, conserve-leur tout leur charme par la constance de ton courage…

Et autres termes tout autant révélateurs d’un amour que nous ne saurions traduire avec l’exactitude de convenance :

... Puissent ces détails porter quelque baume dans ton cœur ! Va! nous ne pouvons cesser d'être réciproquement dignes des sentiments que nous nous sommes inspirés ; on n'est point malheureux avec cela. Adieu, mon ami ; mon bien-aimé, adieu !...

Voici d’où se trouvait l’âme de François Buzot, ce 18 juin 1794, dans ce tertre à peine nommable.

Pétion gardait en lui la certitude de s’être trompé sur toute la ligne, et l’arme qu’il tenait en main ne lui était perçue que comme le définitif salut.

Notez que, si même le trépas orchestré demeure naturel en soit, il reste cependant difficile à tout commun des mortels d’en accepter l’urgence ; de surcroît lorsqu’il s’agit de la sienne.

La nuit tombe, et avec elle le prélude aux fins mésestimées se confirmant en non déviantes et s’opposant à toutes les préséances.

Et c’est Buzot qui parle :

- si le monde avait l’intérêt de nous entendre, qu’il soit friand de nos informations, de nos injonctions peut-être, qu’il en demeure apte – ceci à le supposer –, grand Dieu, qu’il ne se limite pas, nous concernant, aux diffamants commentaires que nos détracteurs aimeraient toujours écouter dans les décennies à venir.

Et Pétion, de répondre en cherchant son coin du monde pour finir ses relations d’avec celui-ci :

- pour l’heure, François, je suis ton seul auditoire. Peu de chose puisque partant avec toi… J’aurai probablement autant de compassions à rendre aux tiennes – légitimes de surcroît -, mais tout épilogue nous concernant ne nous appartient plus, et mon désarroi, à l’égal du tien, ne désire plus d’échange.



Ce fut une poignée de jours plus tard, le 8 messidor de l’an II, que des citoyens – avant d’autres entiers jacobins- découvrirent, à moitié dévorés par les loups, les entrailles sorties des ventres et consommés encore des vers, les corps de Jérôme Pétion de Villeneuve et de François Nicolas Léonard Buzot.

Deux cadavres en totale et horrible état de putréfaction, mais cependant très vite identifiés de leurs poursuivants. Deux hommes que l’Histoire dira Girondins, n’ayant jamais été les ascendants d’une société nouvelle, ni même les principaux acteurs de la mutation d’entre les deux mondes : l’ancien et le prochain duquel ils entretinrent tant d’espoirs ; deux figures sacrifiées à l’inutile, puisque aujourd’hui rien n’a encore manifestement changé, si ce n’est la virtuelle participation à nos destins par les urnes. Ces dernières muant les capacités de nuire du port de la couronne en celles de s’octroyer l’identique privilège par oligarchie instituée, et diluant à souhait toutes directes responsabilités.

Comprenons ici, qu’en exécutant un monarque, nous multiplions les despotes !

Laurent Lafargeas.
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Message  Bart Jeu 16 Juil 2009 - 9:14

Merci à Monsieur Laurent Lafargeas de vous être inscrit.

Vous avez choisi un très beau titre pour ce récit & pour votre oeuvre musicale " Le messidor de Fompeyre " * Smile


_____________
(*) Précision du titre pour ceux qui ne connaissent pas :
Fompeyre, est le nom d'une jonchère, dans la commune de Saint-Magne, dans le canton de Castillon. C'était là le 25 juin 1794, jour même où Barbaroux a été exécuté à Bordeaux, qu'un paysan avait découvert deux cadavres méconnaissables,il s'agissait de ceux de Buzot & de Pétion. Identifiés, grâce à une montre en or & un mouchoir des Indes bleu, blanc & rouge appartenant à buzot, marqués "R.B". Les deux corps, furent ensevelis au lieu même, et qui prit le nom de Champ des émigrés.

Messidor, était le dixième mois du calendrier républicain français, allant du 19 juin au 18 juillet du calendrier grégorien. Mois de la mort du trio Buzot-Barbaroux-Pétion, derniers conventionnels Girondins, morts d'une mort violente.
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Message  Bart Sam 15 Aoû 2009 - 10:58

la mort des  21 Girondins & de Madame Roland Banque11

"Le dernier banquet des Girondins", tableau de Félix Philippoteaux (peint en 1850).

A la veille de leur exécution, le 31 octobre 1793, les Girondins auraient eu le droit d'organiser un souper somptueux, cette scène est une invention de Charles Nodier, repris & détaillé par Lamartine, Michelet & Thiers. Ceci dit, juste avant leur exécution les 20 Girondins (*) ont pris un dernier repas simple & spartiate, accordés à tous les condamnés à mort, mais il est certain qu'il y avait pas de mets somptueux à leur table.

Ce banquet n'existe pas dans la réalité historique, aucun journal de l'époque ne relate ce fameux diner, preuve en est qu'Hébert ne l'avait pas mentionné dans le père duchène. Connaissant bien le personnage, il serait impossible que ce journaliste calomniateur qui exécrait les Girondins, passerait sous silence un tel évènement, qui lui donnerait une dernière occasion de fustiger ses victimes. D'ailleurs, il faut dire que en cet automne de 1793 Paris était dans la disette, alors si ce fameux "banquet" existait, on en parlerait & ce n'était pas le cas.

----------------------------------------
(*) - Valazé s'était donné la mort juste après avoir entendu le verdict de Fouquier-Tinville, dans le tribunal révolutionnaire.
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Message  Bart Mer 16 Sep 2009 - 12:04

dernier moment de Madame Roland raconté par Riouffe, journaliste girondin, incarcéré à la Conciergerie pour avoir suivi les fédéralistes dans le Calvados. Riouffe avait eu la chance d'échapper à la guillotine, car pratiquement tous les détenus ne sortaient de la Conciergerie que pour aller à la mort. Il avait donc côtoyé de près les Girondins & Madame Roland dans l'antichambre de la mort. Voici son témoignage.

la mort des  21 Girondins & de Madame Roland Wilcoc11 " Le sang des vingt-un * fumait encore, lorsque la citoyenne Roland arriva à la Conciergerie. Bien éclairée sur le sort qui l'attendait, sa tranquillité n'en était point altérée. Sans être à la fleur de l'âge, elle était encore pleine d'agréments ; elle était grande et d'une taille élégante : sa physionomie était très spirituelle : mais les malheurs et une longue détention avaient laissé sur son visage des traces de mélancolie, qui tempéraient sa vivacité naturelle. Elle avait l'âme d'une républicaine dans un corps pétri de grâces, et façonné par une certaine politesse de coeur.

Quelque chose de plus de ce qui trouve ordinairement dans les yeux des femmes se peignait dans ses grands yeux noirs, pleins d'expression et de douceur. Elle me parlait souvent à la grille avec la liberté et le courage d'un grand homme. Ce langage républicain, sortant de la bouche d'une jolie femme dont on préparait l'échafaud, était un des miracles de la Révolution, auquel on n'était point encore accoutumé. Nous étions tous attentifs autour d'elle, dans une espèce d'admiration et de stupeur. Sa conversation était sérieuse, sans être froide ; elle exprimait avec une pureté, un nombre et une prosodie qui faisaient de son langage une espèce de musique dont l'oreille n'était jamais rassasiée.

Elle ne parlait jamais des députés * qui venaient de périr qu'avec respect ; mais sans pitié efféminée, et leur reprochant même de n'avoir pas pris de mesures assez fortes. Elle les désignait le plus ordinairement sous le nom de nos amis ; elle faisait souvent appeler Clavière pour entretenir avec lui. Quelques fois aussi son sexe reprenait le dessus, et on voyait qu'elle avait pleuré au souvenir de sa fille et de son époux. Ce mélange d'amollissement naturel et de force la rendait plus intéressante. La femme qui la servait me dit un jour : " devant vous, elle rassemble toutes ses forces; mais dans la chambre, elle reste quelque fois trois heures, appuyée sur sa fenêtre, à pleurer " .

Le jour où elle monta à l'interrogatoire, nous la vîmes passer avec son assurance ordinaire; et quand elle revint, ses yeux étaient humides : on l'avait traitée d'une telle dureté, jusqu'à lui faire des questions outrageantes pour son honneur**, qu'elle n'avait pu retenir ses larmes tout en exprimant son indignation. Un pédant mercenaire outrageait froidement cette femme célèbre par son esprit, et qui, à la barre de la Convention nationale, avait forcé, par les grâces de son éloquence, ses ennemis à se taire et à l'admirer. Elle resta huit jours à la Conciergerie, où sa douceur l'avait déjà rendue chère à tout ce qu'il y avait de prisonniers, qui la pleurèrent sincèrement.

Le jour elle fut condamnée, elle s'était habillée en blanc et avec soin ; ses longs cheveux noirs tombaient épars jusqu'à sa ceinture ; elle eût attendri les coeurs les plus féroces ; mais ces monstres en avaient -ils un ? D'ailleurs elle n'y prétendait pas, elle avait choisi cet habit comme symbole de la pureté de son âme. Après sa condamnation, elle repassa dans le guichet avec une vitesse qui tenait de la joie : elle indiqua, par un signe démonstratif, qu'elle était condamnée à mort. " (Riouffe - mémoire d'un détenu, pour servir à l'histoire de la tyrannie de Robespierre).


Stendhal disait ainsi de Madame Roland : " il faudra du temps avant de revoir une telle âme ! Après ce grand caractère sont venues les dames de l'empire qui pleuraient dans leur calèche au reour de Saint-cloud quand l'empreur avait trouvé leur robe de mauvais goût ; ensuite les dames de la restauration qui allaient entendre la messe au sacré-coeur pour faire leurs maris préfets..."

la mort des  21 Girondins & de Madame Roland 045610 madame Roland, à la Conciergerie, quelques jours avant son exécution.




___________________________________________
* Les 21 Girondins guillotinés le 31 octobre 1793, le jour même madame Roland a été transférée de la prison de l'Abbaye à la Conciergerie, elle y restera 7 jours & sera exécutée le 8 novembre 1793

** Fouquier-Tinville cherchait à savoir qui était l'amant de Madame Roland, les montagnards soupçonnaient Barbaroux d'être son amant. Au sein de la Gironde, peu de gens connaissent les amours de Madame Roland & de Buzot, seuls quelques amis comme Louvet, Bosc & Barbaroux connaissent le secret.
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Message  DA SYLVA Ven 14 Mai 2010 - 18:52

Riouffe (extrait des Mémoires de prisons) commente la dernière nuit des Girondins :

« J’arrivai deux jours avant leur condamnation pour être témoin de leur mort. La France et l’Europe connaissaient leur procès, si l’on peut donner ce nom à la proscription la plus atroce. A eux seuls ils réunissaient presque toute l’éloquence française. Ils étaient tous calmes sans ostentation.

Lassource écrit un mot à l’attention du tribunal qui l’a condamné : ‘’ Je meurs dans un moment où le peuple a perdu sa raison ; vous, vous mourrez le jour où il l’aura recouvrée’’.

Brissot grave et réfléchi, avait le maintien du sage luttant avec l’infortune.

Gensonné, recueilli en lui-même, semblait craindre de souiller sa bouche en prononçant le nom de ses assassins.

Vergniaud tantôt grave et tantôt moins sérieux, nous citait une foule de vers plaisants.

Les deux "frères", Fonfrède et Ducos, se détachaient de ce tableau sévère. Leur jeunesse, leur amitié, la gaieté de Ducos, inaltérable jusqu’au dernier moment. Une seule fois Fonfrède me prit à part, et, comme en cachette de son beau-frère, laissa couler un torrent de larmes aux noms qui brisent les cœurs les plus stoïques, aux noms de sa femme et de ses enfants. Son frère l’aperçoit : - Qu’as-tu donc. Fonfrède honteux : - Ce n’est rien, c’est lui qui me parle… »
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Message  Bart Dim 23 Mai 2010 - 9:59

Bonjour,

J'ai déplacé ce sujet dans "notice biographique" car c'est plus approprié à la rubrique.

Merci de votre compréhension.

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