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Vergniaud sur le jugement de Louis XVI

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Vergniaud sur le jugement de Louis XVI Empty Vergniaud sur le jugement de Louis XVI

Message  Bart Jeu 15 Déc 2005 - 22:00

Discours prononcé à la tribune de la Convention le 31 décembre 1792.


« Citoyens, dans une question aussi importante par ses relations intimes avec la tranquillité publique et la gloire nationale, il importe de ne pas prendre des passions pour des principes, ou des mouvements de son âme pour des mesures de sûreté générale. Permettez que, pour parvenir à un résultat digne de vous, je vous présente quelques idées sur la souveraineté du peuple. J'y, tiens parce que je les crois vraies ; qu'on me démontre, non par des menaces ou des calomnies qui ne sont propres qu'à confirmer un homme libre dans son opinion, mais par des raisonnements solides, qu'elles sont fausses, et je suis prêt à les abandonner.

Qu'est-ce que la souveraineté du peuple, dont on parle sans cesse, à laquelle j'aime à penser que l’on ne veut pas rendre un hommage dérisoire, à laquelle je suis sûr, du moins que la Convention nationale rendra un hommage sincère ?

C'est le pouvoir de faire les lois, les règlements, en un mot tous les actes qui intéressent la félicité du corps social. Le peuple exerce ce pouvoir, ou par lui-même ou par des représentants. Dans ce dernier cas, et c'est le nôtre, les décisions des représentants du peuple sont exécutées comme lois ; mais pourquoi ? parce qu'elles sont présumées être l'expression de la volonté générale. De cette présomption seule dérive leur force ; de cette présomption seule dérive le caractère qui les fait respecter.

D'où il résulte que le peuple conserve, comme un droit inhérent à sa souveraineté, celui d'approuver ou d’improuver ; d’où il résulte que si la volonté présumée ne se trouve pas conforme à la volonté générale, le peuple conserve, comme un droit inhérent à sa souveraineté, celui de manifester son vœu, et qu'à l'instant où cette manifestation a lieu, doit disparaître la volonté présumée, c'est-à-dire la décision de la représentation nationale. Enlever au peuple ce droit, ce pouvoir, ce serait le dépouiller de sa souveraineté, la transférer, par une usurpation criminelle, sur la tête des représentants qu'il aurait choisis ; ce serait transformer ses représentants en rois ou en tyrans.

Votre conduite a été conforme à ces principes ; seulement vous avez distingué entre l'acte constitutionnel et les actes purement législatifs, réglementaires ou de sûreté générale. L'acte constitutionnel étant la base de l'organisation sociale, le pacte qui unit les citoyens entre eux ; vous avez pensé avec raison qu'il devait être soumis à l’acceptation formelle de ces membres du corps social. Quant aux actes purement législatifs ou réglementaires, comme ils sont nécessairement très multipliés, qu'ils varient suivant les lieux, les temps, les circonstances, comme il serait contraire à la nature du gouvernement représentatif de les soumettre à la délibération du peuple, qui ne choisit des représentants que parce que la trop vaste étendue de son territoire, ou d'autres causes, ne lui permettent pas d'exercer la souveraineté par lui-même, vous avez aussi pensé avec raison que c'était assez de les soumettre à une ratification tacite ; c'est-à-dire qu'il suffisait, pour les faire exécuter, qu'il n'y eût pas de réclamation du peuple, auquel reste dans tous les temps le droit de manifester son vœu.

Je réduis ces diverses propositions à une seule. Tout acte émané des représentants du peuple est un acte de tyrannie, une usurpation de la souveraineté, s'il n'est pas soumis ou à la ratification formelle, ou à la ratification tacite du peuple ; donc le jugement que vous rendrez sur Louis doit être soumis à l'une de ces deux ratifications.

Dirait-on que, même après sen exécution, votre jugement sera soumis à la ratification tacite ? Ce serait là outrager le peuple avec la plus haute impudence. Il n’y a de ratification tacite, le silence peut être regardé comme une approbation, que lorsque celui qui se tait a la faculté de se faire entendre avec quelque fruit. Or, il est évident que si votre jugement était exécuté, le peuple n'aurait à présenter que des réclamations stériles et purement illusoires.

On a voulu vous assimiler aux tribunaux ordinaires ; et de ce que les jugements de ceux-ci ne sont soumis à aucune sanction dû peuple, on a conclu qu'il n'était pas dans les principes d'y soumettre les vôtres.

Quelle dissemblance ! et comment, de bonne foi, a-t-on pu produire une semblable objection ?

Les juges des tribunaux sont, il est vrai, des mandataires du peuple ; mais leur mandat n'a aucun caractère de représentation. Ils n'ont point de volonté individuelle à exprimer. Ils ne sont que les organes d'une volonté générale déjà exprimée par la loi. Ils ne font qu’appliquer cette loi.

Vous, citoyens, vous êtes tout à la fois et mandataires du peuple, et ses représentants ; votre vœu particulier est toujours présumé l’expression du vœu général, quoique non encore manifesté ; et c'est précisément cette présomption qui, en faisant sa force, le soumet à la nécessité d'une ratification formelle ou tacite. C'est comme représentants du peuple que vous vous êtes déclarés juges de Louis ; c'est comme représentants du peuple que vous avez réuni sur votre tête les fonctions de jury d'accusation, de jury de jugement, de législateurs pour déterminer la forme de jugement, et de juges pour appliquer la peine dans le jugement. Cette cumulation de pouvoirs était légitime, dit-on, parce que ceux que vous avez reçus du peuple sont sans bornes. A cet égard j'observe que, quelque étendus que soient vos pouvoirs, ils finissent par leur nature là où commence le despotisme.

Le peuple, en vous nommant ses représentants, n'a pas entendu se donner des despotes. Cette cumulation de pouvoirs était légitime ; soit néanmoins elle est si effrayante, elle est une telle monstruosité dans l'ordre politique, si jamais elle se reproduisait (et avec la maxime que vos pouvoirs sont sans bornes, qui empêchera qu’elle ne se reproduise ?), que si elle se reproduisait, je ne crains pas de le dire, elle nous conduirait avec rapidité à la tyrannie. Pendant la durée de votre session, il n'émanera pas de vous un seul acte qui, pour être légitime, ait un aussi grand besoin de la ratification du peuple.

(suite...)


Dernière édition par le Mar 17 Jan 2006 - 10:47, édité 1 fois
Bart
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Message  Bart Jeu 15 Déc 2005 - 22:00

(suite du discours)

S'il était nécessaire de considérations pour assurer le triomphe de vérités aussi évidentes, il en est une bien puissante que je pourrais invoquer : Lorsque Louis accepta la Constitution, le peuple lui dit : Des ministres répondront de tes actions ; toi, tu seras inviolable. Je n'entends point dégrader ma raison en me rendant l'apologiste du dogme absurde de l'inviolabilité : l'inviolabilité, telle qu'il faudrait la supposer pour assurer l'impunité à Louis, l'inviolabilité pleine et entière qui couvrirait tous les crimes des rois, serait une soustraction de l’individu appelé roi à la souveraineté nationale, et de la part du peuple une renonciation à sa souveraineté en faveur du même individu. Or, cette soustraction, cette renonciation réprouvées par la nature, ne sauraient être légitimées par aucun décret, par aucune loi. Ce principe longtemps étouffé sous la masse de nos préjugés, est aujourd'hui universellement reconnu ; et le contester ce serait nier l'existence de la lumière. Cependant, s'il est vrai que Louis ne peut se prévaloir de l'inviolabilité qui lui a été promise contre le peuple qu'il a trahi, il n'est pas moins certain que le peuple seul peut, punir Louis sans avoir égard à l'inviolabilité dont lui-même l'avait investi. Je m'explique, ce ne fut pas seulement l'assemblée des représentants du peuple qui promit l'inviolabilité à Louis, ce fut le peuple lui-même ; ce furent tous les citoyens individuellement, par le serment individuel qu'ils prêtèrent de maintenir la Constitution. Aujourd'hui, vous pouvez déclarer, comme un principe d'éternelle vérité, que la promesse d'inviolabilité faite à Louis par le peuple ne fut point obligatoire pour le peuple ; mais au peuple seul il appartient le déclarer qu'il ne veut pas tenir sa promesse. Vous pouvez déclarer, comme un principe d'éternelle vérité, que le peuple ne peut jamais renoncer valablement au droit de punir un oppresseur ; mais au peuple seul il appartient de déclarer qu'il veut user d'un droit terrible auquel il avait renoncé. Vous n'êtes pas dans une hypothèse ordinaire. Ici le vœu de la volonté générale s'est manifesté, elle s'est déclarée pour l’inviolabilité. Exprimez un, vœu contraire si le salut public vous semble le commander ; mais n'entreprenez de substituer ce vœu particulier à la volonté générale déjà connue, que lorsque celle ci aura donné son consentement ; autrement vous usurpez la souveraineté, vous vous rendez coupables d'un des crimes dont vous voulez punir Louis.

On a prétendu qu'il y aurait des difficultés insurmontables à faire délibérer les assemblées primaires, que ce serait arracher les laboureurs à leurs charrues, les ouvriers à leurs ateliers ; que ce serait fatiguer les citoyens, épuiser leurs forces en dissertations sur des formalités de barreau, des subtilités de chicane. On a ajouté que les puissances étrangères, mettant à profit, ce grand épuisement de nos forces, le temps que nous emploierions à de misérables discussions, envahiraient une seconde fois notre territoire, et que si les vrais amis de la liberté se réunissaient pour les repousser, ils auraient la douleur, en combattant pour la patrie, de redouter pour elle la résurrection de la tyrannie. Je l'avouerai : dans cette déclamation extrêmement attendrissante, j'ai vu une grande prétention à la sensibilité ; j'y cherche encore une raison qui puisse me déterminer. Où sont, en effet, ces grandes difficultés ? Propose-t-on de renvoyer aux assemblées primaires le mémoire de Louis, les pièces produites contre lui, et le jugement de la Convention, et de soumettre le tout à leur examen, de la même manière que le jugement d'un sénéchal était soumis à l'examen d'un parlement ? Oh ! Vraiment ce serait une absurdité politique. Précisons nos idées et faisons en sorte de nous entendre. Nous avons deux devoirs à remplir : le premier, de donner au peuple un moyen d'exprimer son vœu sur un acte important de la représentation nationale ; le second, de lui indiquer un mode simple et qui n’entraîne aucun inconvénient.

De quoi s'agit-il donc ? Le voici : où nous raisonnons dans l’hypothèse de l’opinion de Salles, ou dans celle d’un jugement rendu que vous enverriez à la ratification.

Au premier cas, vous aurez prononcé sur la question de fait, sur celle de savoir si Louis est ou n'est pas coupable. Se quoi auront à s'occuper les assemblées primaires ? de l’application de la peine. D'ans l'hypothèse d'un jugement rendu, ce jugement suppose aussi la question de fait décidée. De quoi auront encore à s'occuper les assemblées primaires ? de la confirmation ou du changement de la peine prononcée par le jugement. Dans les deux cas, il n'est question pour elles que de délibérer sur le choix de la peine à infliger à Louis. Et comment feront-elles ce choix ? Rien n’est plus simple. Vous indiquerez un jour où elles se réuniront. Vous indiquerez un mode de scrutin. Chaque citoyen exprimera son vœu, qu'il jettera dans l'urne, et chaque assemblée primaire fera le dépouillement de ses scrutins. Peut-être on objectera que si les citoyens votent par scrutin et sans discussion, il leur sera impossible de choisir le genre de peine que la politique désigne comme le plus utile dans les circonstances actuelles. Je réponds que les considérations que l'on voudrait puiser dans l’ordre politique, pour ou contre le jugement de Louis n'ont de force que par les doutes qui s’élèvent sur la volonté générale. L'incertitude sur la conformité du vœu du peuple avec celui de la Convention, pourrait seule favoriser les projets des agitateurs ou fournir aux puissances étrangères des moyens d’attaquer la Convention, et préparer avec la ruine de la représentation nationale celle de la liberté. Que cette incertitude disparaisse ; que le vœu de la nation entière, tel qu'il puisse être, se prononce fortement, et les craintes s’évanouissent avec le prétexte des troubles. On a dit que nous n'avons pas le droit de restreindre dans les assemblées primaires l’exercice de la souveraineté ; qu’une fois convoquées pour délibérer sur la peine à infliger à Louis ; elles pourront, si elles veulent, entrer dans l’examen de tous les détails du procès. Mais si telle était la volonté du peuple, qu’aurait-il besoin d'attendre votre décret ? Vos pouvoirs dépendent de lui ; sa souveraineté est indépendante de vous. Les assemblées primaires ne délibéreront que sur l'objet que vous leur aurez soumis. Une puissance irrésistible les retiendra dans le cercle que vous aurez tracé. C’est la même qui, après le décret de l’assemblée législative portant convocation de la Convention nationale, les détermina à suivre scrupuleusement, soit sur le mode d’élection, soit sur le nombre des députés, toutes les règles indiquées par le décret ; c’est la même qui les détermina à suivre, lorsqu’il sera question d’accepter ou de refuser la nouvelle Constitution, les règles que vous leur offrirez sur les formes de leur délibération ; c’est la puissance de la raison ; c’est le sentiment de la nécessité de se conduire avec uniformité dans toute la République ; c’est le sentiment intime de l’impossibilité de se livrer à des discussions qui, pouvant varier à l’infini dans six mille assemblées primaires, précipiteraient la République dans une espèce de chaos. Ce sentiment agit victorieusement à l’époque dont j'ai parlé, de la convocation de la Convention nationale.

Vous vous êtes flattés qu’il agirait victorieusement à l’époque où se présenterait la nouvelle Constitution ; par quels motifs croiriez-vous qu’il agira moins victorieusement lorsqu’il faudra prononcer sur le sort de Louis ?

On nous a parlé de discordes, d’intrigues, de guerres civiles ; on nous a présenté les tableaux les plus désastreux.

Des discordes ! On a donc pensé que les agitateurs exerçaient dans les départements le même empire qu'une honteuse. faiblesse leur a laissé usurper à Paris ? C'est là une erreur très grave. Ces hommes pervers se sont bien répandus sur la surface de la République ; fidèles à la mission qu'ils avaient reçue, ils ont employé tous leurs efforts pour exciter des troubles ; mais partout ils ont été repoussés avec mépris ; partout on a donné le plus insigne témoignage de respect pour la loi, en ménageant le sang impur qui coule dans leurs veines. Dans les départements on obéit à la volonté générale : on sait que la liberté politique et individuelle sont fondées sur cette obéissance. Chaque assemblée primaire enverra le résultat de son scrutin à son district ; chaque district enverra le recensement des scrutins de ses assemblés primaires à son département ; chaque département enverra le recensement des scrutins de ses districts à la Convention nationale. La Convention nationale proclamera le résultat du recensement général ; et, j'en jure par l'amour de tous les Français, pour la patrie, par leur dévouement à la cause de la liberté, par leur fidélité inébranlable à la loi, il n'en est pas un seul qui se permette de murmurer contre le résultat proclamé.

Mais l’intrigue ! l'intrigue sauvera le roi. On a cherché à faire entendre que la majorité de la nation est composée d’intrigants, d’aristocrates, de Feuillants, de modérés, de ces honnêtes gens contre-révolutionnaires dont La Fayette a parlé à cette barre ; et pour accréditer une calomnie atroce contre la majorité de ce peuple, qu'en d'autres circonstances ou flagorne avec tant de bassesse, on a eu l’impudeur de diffamer l’espèce humaine. On s'est écrié que la vertu avait toujours été une minorité sur la terre ; mais Catilina fut une minorité dans le sénat romain ; et si cette minorité insolente eût prévalu, c'en était fait de Rome, du sénat et de la liberté ; mais dans l'assemblée constituante, jusqu'à la révision du moins, Cazalès et Maury furent aussi en minorité ; et si cette minorité, moitié nobiliaire, moitié sacerdotale, eût réussi par ses saintes et nobles insurrections, à étouffer le zèle de la majorité, c'en était fait de la révolution, et vous ramperiez encore aux pieds de ce Louis qui n'a plus de sa grandeur passée que le remords d'en avoir abusé ; mais les rois sont en minorité sur la terre ; et pour enchaîner les peuples, ils disent aussi que la vertu est en minorité ; ils disent aussi que la majorité des peuples est composée d’intrigants auxquels il faut imposer silence par la terreur, si l'on veut préserver les empires d'un bouleversement général.

(suite..)
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Message  Bart Jeu 15 Déc 2005 - 22:02

(suite..)

La majorité de la nation composée d’intrigants, d'aristocrates, de Feuillants, etc. ! Ainsi, d'après ceux qui émettent une opinion si honorable à leur patrie, je vois qu'il n'y a, dans toute la République, de vraiment purs, de vraiment vertueux, de vraiment dévoués au peuple, à la liberté, qu'eux-mêmes, et peut-être une centaine de leurs amis, qu'ils auront la générosité d'associer à leur gloire. Ainsi, pour qu'ils puissent fonder un gouvernement digne des principes qu'ils professent, je pense qu’il serait convenable de bannir du territoire français toutes ces familles dont la corruption est si profonde, de changer la France en un vaste désert, et pour sa plus prompte régénération et sa plus grande gloire, de la livrer à leurs sublimes conceptions.

Des discordes, des intrigues des guerres civiles ! Mais vous avez voté pour le décret portant que celui qui abolit la royauté, que la nouvelle constitution, seront, présentés à l'acceptation du peuple. Vous n'avez craint ni intrigues ni guerre civile. Pourquoi tant de sécurité dans un cas, tant de frayeur dans l’autre ? Si vous craignez sérieusement que la présentation du jugement de Louis à la ratification du peuple produise la guerre civile, pourquoi ne redoutez-vous pas ce terrible effet de la présentation du décret qui déclare le gouvernement républicain ? Ou s'il est vrai que vous ne craignez pas que la présentation de ce décret entraîne des discordes, pourquoi feignez-vous de croire qu'on ne peut, sans les faire naître, demander la sanction du peuple sur le jugement de Louis ? Soyez conséquents dans vos frayeurs, ou renoncez à nous persuader de leur sincérité.

On a senti combien il serait facile de dissiper tous ces fantômes dont on a voulu nous effrayer. Pour atténuer d'avance la force des réponses que l'on prévoyait, on a eu recours au plus lâche, au plus vil des moyens, à la calomnie. On a représenté ceux qui ont adopté l'opinion de Salles comme des conspirateurs contre la liberté, des amis de la royauté. On nous assimile aux Lameth, aux La Fayette, et à tous ces courtisans du trône que nous avons aidé à renverser.

On nous accuse ; certes, je n'en suis pas étonné ; il est des hommes dont, par leur essence, chaque souffle est une imposture, comme il est de la nature du serpent de n'exister que pour la distillation du venin.

On nous accuse ! Ah ! si nous avions l'insolent orgueil ou l'hypocrite ambition de nos accusateurs ; si, comme eux, nous aimions à nous targuer du peu de bien que nous avons fait, nous dirions avec quel courage nous avons constamment lutté contre la tyrannie des rois et contre la tyrannie plus dangereuse encore des brigands qui, dans le mois de septembre, voulurent fonder leur puissance sur les débris du trône. Nous dirions que nous avons concouru, au moins par notre suffrage, au décret qui a fait disparaître la distinction aristocratique entre les citoyens actifs et inactifs, et appelé également tous les membres du corps social à l’exercice de la souveraineté. Nous dirions surtout que, le 10 août, nous n’avons quitté ce fauteuil que pour venir à cette tribune proposer le décret de suspension de Louis, tandis que tous ces vaillants Brutus, si prêts à égorger les tyrans désarmés, ensevelissaient leurs frayeurs dans un souterrain et attendaient l’issue du combat que la liberté livrait au despotisme.

On nous accuse, on nous dénonce, comme on faisait le 2 septembre, au fer des assassins ; mais nous savons que Tibérius Gracchus périt, par les mains d'un peuple égaré qu’il avait constamment défendu. Son sort n'a rien qui nous épouvante. Tout notre sang est au peuple ; en le versant pour lui, nous n'aurons qu'un regret, ce sera de n'en avoir pas davantage à lui offrir.

On nous accuse, si ce n'est de vouloir allumer la guerre civile dans les départements, au moins de provoquer des troubles à Paris, en soutenant une opinion qui déplaît aux vrais amis de la liberté ; mais pourquoi une opinion exciterait-elle des troubles ? Par ce que ces vrais amis de la liberté menacent de la mort les citoyens qui ont le malheur de ne pas raisonner comme. Serait-ce ainsi qu'on voudrait nous prouver que la Convention nationale est libre. Il y aura des troubles dans Paris, et c'est vous qui les annoncez ; j'admire la sagacité d'une pareille prophétie. Ne vous semble-t-il pas en effet très difficile, citoyens, de prédire l’incendie d'une maison, alors qu'on y porte soi-même la torche qui doit l'embraser ?

Oui, ils veulent la guerre civile, les hommes qui font un précepte de l'assassinat, des crimes, de la tyrannie, et qui, en même temps, désignent comme amis de la tyrannie les victimes que leur haine veut immoler. Ils veulent la guerre civile, les hommes qui appellent les poignards contre les représentants de la nation, et l’insurrection contre les lois ; ils veulent la guerre civile, les hommes qui demandent la dissolution du gouvernement, l’anéantissement de la Convention ; ils demandent l’anéantissement de la Convention, la dissolution du gouvernement, les hommes qui érigent en principe, non pas ce que personne ne désavoue, que dans une grande assemblée, une minorité peut quelquefois rencontrer la vérité, et la majorité tomber dans l'erreur ; mais que c'est à la minorité à se rendre juge des erreurs de la majorité, à légitimer les insurrections contre le vœu de la majorité ; que c'est aux Catilina à régler dans le sénat que la volonté particulière doit être substituée à la volonté générale, et la tyrannie à la liberté ; ils veulent la guerre civile, ces hommes, qui enseignent ces maximes éversives de tout ordre social dans cette tribune, dans les assemblées populaires, dans les places publiques ; ils veulent la guerre civile, les hommes qui accusent la raison d'un feuillantisme perfide, la justice d’une déshonorante pusillanimité, et l'humanité, la sainte humanité, de conspiration ; ceux qui proclament traître tout homme qui n'est pas à la hauteur du brigandage et de l'assassinat ; ceux enfin qui pervertissent toutes les idées de morale, et par des discours artificieux, des flagorneries hypocrites, ne cessent de pousser le peuple aux excès les plus déplorables.

La guerre civile, pour avoir proposé de rendre un hommage à la souveraineté du peuple ! A votre avis, la souveraineté des peuples est donc une calamité pour le genre humain ? Je vous entends : vous voulez régner. Votre ambition était plus modeste dans la journée du Champ-de-Mars. Vous rédigiez alors, vous faisiez signer une pétition qui avait pour objet de consulter le peuple sur le sort de Louis revenant de Varennes. Votre cœur n'était point tourmenté par la crainte des discordes. II ne lui en coûtait rien pour reconnaître la souveraineté du peuple. Serait-ce qu'elle favorisait vos vues secrètes, qu'aujourd'hui elle les contrarie ? N'existe-t-il pour vous d'autre souveraineté que celle de vos passions ? Insensés ! avez-vous pu vous flatter que la France a brisé le sceptre des rois pour courber la tête sous un joug aussi avilissant ?

On a parlé de courage, de grandeur d'âme ; ce serait, dit-on, une faiblesse de ne pas faire exécuter votre jugement avant d'avoir pris le vœu du peuple. Je ne connais, pour un législateur, d'autre grandeur que la consistance à ne pas dévier des principes. Je sais que dans les révolutions on est réduit à voiler la statue de la loi. Mais il me semblé qu'on abuse étrangement de cette maxime.

Quand on veut faire une révolution contre la tyrannie, il faut voiler la statue de la loi qui consacre ou protège la tyrannie. Quand vous voilerez la loi qui consacre la souveraineté du peuple, vous commencerez une révolution qui tournera au profit des tyrans.

Il fallait du courage, le 10 août, pour attaquer Louis dans sa toute puissance. En faut-il tant pour envoyer au supplice Louis vaincu et désarmé ? Un soldat cimbre entre dans la prison de Marius pour l'égorger ; effrayé à l'aspect de sa victime, il s'enfuit sans oser le frapper. Si ce soldat eût été membre d'un sénat, doutez vous qu'il eût hésité à voter la mort du tyran ? Quel courage trouvez-vous à faire un acte dont un lâche serait capable ?

On croit nous presser en disant que si votre jugement est envoyé à la ratification du peuple, vous ne traitez plus Louis comme un autre homme, vous violez les principes de l'égalité. Mais l'a-t-on regardé comme un autre homme, quand on vous a fait décréter que ce serait vous qui le jugeriez ? A-t-on respecté les principes de l'égalité, quand on l'a éloigné des tribunaux où sont jugés tous les citoyens, et qu'on a tenté de vous induire à le juger vous-mêmes sans observer aucune forme ? Louis n'est pas un accusé ordinaire ; on le sait bien. On ne cesse de crier que son existence sera le germe d'une fermentation continuelle. Pourquoi ne pas examiner si la mort ne causera pas de plus grands désordres ?

J'aime trop la gloire de mon pays pour proposer à la Convention de se laisser influencer dans une occasion aussi solennelle, par la considération de ce que feront ou ne feront pas les puissances étrangères. Cependant, à force d'entendre dire que nous agissions dans ce jugement comme pouvoir politique, j'ai pensé qu’il ne serait contraire ni à votre dignité ni à la raison de parler un instant politique.

Il est probable qu'un des motifs pour lesquels l’Angleterre ne rompt pas encore ouvertement la neutralité, et qui déterminent l'Espagne à la promettre, c'est la crainte de hâter la perte de Louis par une accession à la ligue formée contre nous. Soit que Louis vive, soit qu'il meure, il est possible que ces puissances se déclarent nos ennemies, mais sa condamnation donne une probabilité de plus à la déclaration ; et il est sûr que, si la déclaration a lieu, sa mort en sera le prétexte.

Vous vaincrez ces nouveaux ennemis, je le crois ; le courage de nos soldais et la justice de notre cause m'en sont garants. Cependant, résistons un peu à l'ivresse de nos premiers succès ; ce sera un accroissement considérable à vos dépenses ; ce sera un nouveau recrutement à faire pour vos armées ; ce sera une armée navale à créer ; ce sera de nouveaux risques pour votre commerce, qui déjà a tant souffert par le désastre des colonies ; ce sera de nouveaux dangers pour vos soldats, qui, pendant que vous disposez ici tranquillement de leurs destinées, affrontent les injures de l'air, les rigueurs de la saison, les fatigues, les maladies et la mort.

Et si la paix devenue plus difficile, si la guerre, par un prolongement funeste, conduit vos finances à un épuisement auquel on ne peut songer sans frémir ; si elle vous force à de nouvelles émissions d'assignats qui feront croître, dans une proportion effrayante les denrées de première nécessité ; si elle augmente la misère publique par des atteintes nouvelles portées à votre commerce ; si elle fait couler des flots de sang sur le continent et sur les mers, quel grand service vos calculs politiques auront-ils rendus à l'humanité ? Quelle reconnaissance vous devra la patrie pour avoir fait en son nom, et au mépris de sa souveraineté méconnue, un acte de vengeance devenu la cause, où seulement le prétexte d’événements si calamiteux ? Oserez-vous lui vanter vos victoires ? Je ne parle pas de défaites et de revers ; j’éloigne de ma pensée tous présages sinistres ; mais par le cours naturel des événements, même les plus prospères, elle sera enchaînée à des efforts qui l'épuiseront insensiblement. Sa population s'affaiblira par le nombre prodigieux d'hommes que la guerre dévore. L’agriculture manquera bientôt de bras. Vos trésors écoulés appelleront de nouveaux impôts. Le corps social, fatigué des assauts que lui livreront au-dehors des ennemis puissants, des secousses convulsives que lui imprimeront les faction intérieures, tombera dans une langueur mortelle. Craignez qu'au milieu de ses triomphes, la France ne ressemble à ces monuments fameux qui, dans l'Egypte, ont vaincu le temps. L’étranger qui passe s'étonne de leur grandeur ; s’il veut y pénétrer, qu’y trouve-t-il ? des cendres inanimées et le silence des tombeaux.

Citoyens, celui d’entre nous qui céderait à des craintes personnelles serait un lâche, indigne de siéger dans le sénat français ; mais les craintes sur le sort de la patrie, si elles supposent quelquefois des conceptions étroites, des erreurs de l’esprit, honorent au moins le cœur. Je vous ai exposé une partie des miennes ; j'en ai d’autres encore : je vais vous les dire.

Lorsque Cromwell, que l’on vous a déjà cité, voulut préparer la dissolution du parti avec lequel il avait renversé le trône et fait monter Charles 1er sur l'échafaud, il lui fit des propositions insidieuses, qu'il savait bien devoir révolter la nation, mais qu'il eut soin de faire appuyer par des applaudissements soudoyés, et de grandes clameurs. Le parlement céda. Bientôt la fermentation fut générale, et Cromwell, brisa sans effort l'instrument dont il s'était servi pour arriver à la suprême puissance.

N’avez-vous pas entendu, dans cette enceinte et ailleurs, des hommes crier avec fureur : Si le pain est cher, la cause en est au Temple ; si le numéraire est rare, si nos armées sont mal approvisionnées, la cause en est au Temple ; si nous avons à souffrir chaque jour du spectacle de l’indigence, la cause en est au Temple.

Ceux qui tiennent ce langage n'ignorent pas cependant que la cherté du pain, le défaut de circulation dans les subsistances, la mauvaise administration dans les armées et l’indigence dont le spectacle nous afflige, tiennent à d'autres causes que celles du Temple. Quels sont donc leurs projets ? Qui garantira que ces hommes, qui s'efforcent continuellement d'avilir la Convention, et qui peut-être y auraient réussi si la majesté du peuple qui réside en elle pouvait dépendre de leurs perfidies ; que ces mêmes hommes, qui proclament partout qu'une nouvelle révolution est nécessaire, qui font déclarer telle ou telle section en état d'insurrection permanente, qui disent à la Commune que lorsque la Convention a succédé a Louis, on n’a fait que changer de tyran, qu'il faut une autre journée du 10 août ; que ces mêmes hommes qui publient dans les assemblées de section et dans leurs écrits qu’il faut nommer un défenseur à la République, qu'il n'y a qu'un chef qui puisse la sauver ; qui me garantira, dis-je, que ces mêmes hommes ne crieront, après la mort de Louis, avec la plus grande violence : Si le pain est cher, la cause en est dans la Convention, si le numéraire est rare, si nos armées sont mal approvisionnées, la cause en est dans la Convention ; si la machine du gouvernement se traîne avec peine, la cause en est dans la Convention chargée de la diriger ; si les calamités de la guerre se sont accrues par la déclaration de l’Angleterre et de l’Espagne, la cause en est dans la Convention, qui a provoqué ces déclarations par la condamnation précipitée de Louis ?
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Message  Bart Jeu 15 Déc 2005 - 22:03

(suite...)

Qui me garantira qu'à ces cris séditieux de la turbulence anarchique ne viendront pas se rallier l’aristocratie avide de vengeance, la misère avide de changement, et jusqu'à la pitié que des préjugés invétérés auront excitée sur le sort de Louis ? Qui me garantira que dans cette nouvelle tempête, où l’on verra ressortir de leurs repaires les tueurs du 2 septembre, on ne vous présentera pas, tout couvert de sang et comme un libérateur, ce défenseur, ce chef que l'on dit être devenu si nécessaire ? Un chef ! Ah ! si telle était leur audace, il ne paraîtrait que pour être à l'instant percé de mille coups. Mais à quelles horreurs ne serait pas livré Paris ? Paris, dont la postérité admirera le courage héroïque contre les rois, et ne concevra jamais l'ignominieux asservissement à une poignée de brigands, rebut de l'espèce humaine, qui s'agitent dans son sein et le déchirent en tous sens par les mouvements convulsifs de leur ambition et de leur fureur ! Qui pourrait habiter une cité où régneraient la désolation et la mort ? Et vous, citoyens industrieux dont le travail fait toute la richesse, et pour qui les moyens de travail seraient détruits, vous qui avez fait de si grands sacrifices à la révolution, et à qui on enlèverait les derniers moyens d'exister, vous dont les vertus, le patriotisme ardent et la bonne foi ont rendu la séduction si facile, que deviendriez-vous ? quelles seraient vos ressources ? quelles mains essuieraient vos larmes et porteraient des secours à vos familles désespérées ?

Iriez-vous trouver ces faux amis, ces perfides flatteurs qui vous auraient précipités dans l'abîme ? Ah ! fuyez-les plutôt ; redoutez leur réponse : je vais vous l'apprendre : Vous leur demanderiez du pain, ils vous diraient : Allez dans les carrières disputer à la terre quelques lambeaux sanglants des victimes que nous avons égorgées ; ou, voulez-vous du sang ? prenez, en voici. Du sang et des cadavres, nous n'avons pas d'autre nourriture à vous offrir. Vous frémissez, citoyens ! ô ma patrie ! je demande acte à mon tour des efforts que je fais pour te sauver de cette crise déplorable.

Mais non, ils ne luiront jamais sur nous ces jours de deuil. Ils sont lâches les assassins, ils sont lâches nos petits Marius nourris de la fange du marais où ce tyran, célèbre au moins par de grandes qualités, fut réduit à se cacher un jour ; ils savent que s'ils osaient tenter l'exécution de quelques-uns de leurs complots contre la sûreté de la Convention, Paris lui-même sortirait enfin de sa torpeur ; que tous les départements se réuniraient à lui pour les écraser de leurs vengeances, et leur faire expier, dans le plus juste supplice, les forfaits dont ils n'ont que trop souillé la plus mémorable des révolutions. Ils le savent ; et leur lâcheté sauvera la République de leur rage. Je suis sûr du moins que la liberté n'est pas en leur puissance ; que, souillée de sang, mais victorieuse, elle trouverait un empire et des défenseurs invincibles dans les départements. Mais la ruine de Paris, la division en gouvernements fédératifs, qui en seraient le résultat ; tous ces désordres, aussi possibles et plus probables peut-être que les guerres civiles dont on nous a menacés, ne sont-ils pas d'une assez haute considération pour mériter d'être mis dans la balance où vous pesez la vie de Louis ?

Un des préopinants a paru affecté de la crainte de voir prédominer dans cette assemblée l'opinion de consulter le vœu du peuple. Je suis bien plus tourmenté par le pressentiment de voir prédominer l'opinion contraire. Pour peu qu'on connaisse le cœur humain, on sait à quelle puissante influence les cris de proscription et la crainte de passer pour un homme sans énergie exercent sur les consciences. Je sais d'ailleurs que l'opinion que je combats est celle de plusieurs patriotes, dont je respecte également le courage, les lumières et la probité.

En tout cas, je déclare que, tel que puisse être le décret qui sera rendu par la Convention, je regarderais comme traître à la patrie celui qui ne s'y soumettrait pas. Les opinions sont libres jusqu'à la manifestation du vœu de la majorité ; elles le sont même après, mais alors, du moins, l'obéissance est un devoir.

Que si, en effet, l'opinion de consulter le peuple l'emportait, et que des séditieux s'élevant contre ce triomphe de la souveraineté nationale, se missent en état de rébellion, voilà votre poste, voilà le camp où vous attendrez sans pâlir vos ennemis. Qu'importe la mort à qui a fait son devoir ? Il meurt avec gloire.

Qu'importerait la vie à qui l'aurait trahi ? La honte et le remords le suivraient partout.

Je me résume. Tout acte émané des représentants du peuple est un attentat à sa souveraineté s'il n'est pas soumis à sa ratification formelle ou tacite. Le peuplé qui a promis l’inviolabilité à Louis peut seul déclarer qu'il veut user du droit de punir, auquel il avait renoncé. Des considérations puissantes vous prescrivent de vous conformer aux principes. Si vous y êtes fidèles, vous n'encourrez aucun reproche ; et si le peuple veut la mort de Louis, il l'ordonnera. Si au contraire vous les violez, vous encourrez au moins les reproches de vous être écartés de votre devoir. Et quelle effrayante responsabilité cette déviation ne fait-elle pas peser sur vos têtes ! »

(Fin du discours)
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Message  Crie du peuple Ven 24 Mai 2013 - 15:05

Voilà l'exemple de sophisme à mon sens. Le roi avaient des appuis à l'étranger.

C'est presque angélique, s'il part il sera ronger de remord, Louis XVI, vraiment, n'aurait il pas simplement cherché à se venger via l'étranger.

C'est ne pas regarder le risque par idéologie.
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Message  Bart Dim 26 Mai 2013 - 8:30

Bonjour Crie du Peuple,

On ne peut parler du sophisme, mais de la prudence, les Girondins craignaient une guerre civile notamment en Vendée, et la mort de Louis XVI entrainerait une tension qui diviserait la France. Sur ce point, ils font preuve de lucidité. En l'exécutant la révolution a fait de lui un martyr, et le soulèvement de la Vendée. Il était préférable de l'emprisonner.

Quant à la duplicité du monarque, je vous rejoins sur ce point, il a été prouvé, Louis XVI n'approuvait pas la Nouvelle Constitution Civile du Clergé, et ses tergiversations autour de la Monarchie Constitutionnelle, n'avait pour seul fin que de gagner du temps et le désir de renverser la Révolution et reprendre le pouvoir avec l'appuie de l'armée étrangère.

Bonne journée.
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Message  Crie du peuple Lun 27 Mai 2013 - 15:36

A cette époque il y avait la peine de mort, il y avait des criminels étaient décapités, était il juste que le responsable des morts de Nancy en 1790, du 17 juillet 1791 de l'horrible massacre du 10 août 1792 lui reste en vie parce qu'il est le petit fil d'un vieux débauché qui à ruiné la France.

La justice s'oppose à l’intérêt, la république qui symbolise la vertu ne doit elle pas prendre la première et admette toute ses conséquences.

De la même façon, je conteste ceux qui ont voulu échanger Marie-Antoinette contre la paix, cette femme était l'instigatrice de tous les crimes de son époux et on aller elle la laisser filer parce qu'elle est fille d'un empereur étranger. D'ailleurs à l'étranger n'aurait elle pas chercher à reprendre son trône en étant régente aux prix de tous les crimes.


Un autre point, c'est bien dans leurs prisons que Louis XVI et Marie-Antoinette ont préparé le complot des prisons en début septembre 1792, l'affaire des oeuillets à prouvé que jusqu'au bout les monarques déchus parvenaient à communiqué en vus de trahison, n'était ce pas un risque immense à courir que de les laisser ainsi.

A mon sens suite au 10 août il fallait qu'il y est un procès rapide et populaire un peu comme il y a eu en Roumanie pour les Ceausescu.
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Message  Condé Lun 27 Mai 2013 - 20:01

Ce procès a été à l'image de cette révolution: sanguinaire, fanatique, intolérant et expéditif.

Vive le Roi !
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Message  Bart Lun 27 Mai 2013 - 21:59

Bonsoir Crie du Peuple et Condé,

Désolée je n'ai pas beaucoup de temps pour répondre à toutes vos questions, je vais essayer de répondre à Crie du peuple :

C'est beaucoup plus compliqué que cela tant au niveau diplomatique que dans l'opinion publique. Juger un roi déchu n'était pas chose aisée en regard de la situation de l'époque. D'une part, le peuple français n'etait pas unanimement pour la mort de Louis XVI. Le peuple parisien en particulier les sans-culottes réclamaient sa tête, mais en Province qu'en était -il ? La majorité était pour la clémence.

Dans les frontières, la France fut assaillie par l'armée étrangère, certains pays hésitaient à faire la guerre à la France, mais ce ne fut qu'une question de temps, il suffisait d'un faux pas, et les monarques européens suivront l'Autriche. Certes, la bataille de Valmy a apporté un nouveau regard et légitimait la Révolution. Mais la France ne pouvait pas se permettre de créer d'autres ennemis vue la crise sociale et économique qui sévissaient. La Vendée, quant à elle, etant toujours fidèle à son roi.

D'autre part on s'interroge sur la question essentielle : faut-il juger un roi ? La Constitution de 1791 lui accorde l'inviolabilité en tant que roi des français, ce qui fait que le juger serait porter atteinte aux textes de la Constitution. On sait que la question a été réglée par la découverte de l'Armoirie de Fer qui confirme la culpabilité de Louis XVI.

La République étant proclamée, Louis XVI devenu simple citoyen, pouvait être jugé, mais il réside un problème de fond : devenu simple citoyen, il était assujetti au droit commun et ne pouvait être jugé par les représentants de la nation.
Qui sera alors les juges ? Les Girondins ont proposé que son sort soit soumis au référendum, l'appel au peuple. Vergniaud soutenait que « le peuple seul a le droit de punir le coupable sans avoir égard à l'inviolabilité dont lui-même l'a investi ». En clair, la Convention n'avait pas qualité pour le punir.
Par ce discours, les Girondins désiraient freiner la radicalisation de la Révolution suite aux massacres de septembre.
On sait que la Montagne avait rejeté cette proposition craignant justement que l'opinion publique (en dehors de Paris) sauverait la tête de Louis XVI. Car en Province, la majorité réclamait la clémence. Finalement les Girondins voyaient leur proposition rejetée, et la Convention juge et condamne Louis XVI à la guillotine. Je ne m'attarde pas sur la façon dont le procès s'était déroulé, la violence exercée par les sans -culottes contre les députés qui hésitaient entre l'emprisonnement et bannissement du roi. Louis est finalement guillotiné, la République, par cet acte, marque sa légitimité.

Or, Il s'avère que cette procédure est illégale. Un citoyen ( Louis XVI étant devenu citoyen) devrait dans le sens logique du raisonnement être juger par une Cour, et non pas les représentants de la Nation.

La mort de Louis XVI produit un courant contre-révolutionnaire. Les royalistes rejettent en bloc la Révolution pour ses violences et lui procurent une raison de la combattre. La révolution a fait de Louis XVI un martyr, symbole de la victime de la Révolution. La Vendée montre clairement son hostilité, et les autres départements de la France sont choqués par le déroulement du procès et la mort de Louis XVI. L'Europe condamne unanimement ce procès et l'Angleterre jusqu'à alors hésitante, menace ouvertement la Révolution. On connait la suite : la guerre contre l'Europe, la guerre Civile, la guerre fratricide entre les partis au sein de l'Assemblée, et la mort de la République par la prise de pouvoir de Bonaparte.

La mort de Louis XVI a précipité les événement qui prendront une tournure tragique pour la Révolution..

Bonne soirée.
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Message  Crie du peuple Lun 27 Mai 2013 - 23:47

Certes c'était se mettre à dos biens des despotes, mais la république devait il me semble faire la guerre au despotes, qui aurait fait la guerre même en cas de baissement je crois.

Et il faut reconnaître qu'un citoyen ne devrait être jugé que par un tribunal, c'est un procès qui lui a donné de l'honneur qu'il ne méritait pas.

Sur ce point le procès de sa criminelle épouse est bien plus juste, fait par un tribunal, et même une exécution sans privilège.

Mais il faut du temps pour acquérir une vraie compréhension de l'égalité.


Ensuite que les gens de province soit moins favorable à l'execution de Louis XVI est peut être vrai, mais il ne faut pas oublier que c'est la commune de Paris qui l'a fait chuter et pas la France entière. La commune a en fait, fait l'essentiel.
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Message  Bart Mar 28 Mai 2013 - 16:02

Il ne faut jamais perdre de vue la mentalité de l'époque, on ne peut pas juger avec la notre au XXIè siècle. La conscience collective à l'égard d'un monarque a beaucoup évolué depuis la Révolution. A l'époque, la personne du roi de la monarchie absolue était sacrée, il était le père de son peuple, le représentant de dieu sur terre. Il était élu par son droit divin. La souveraineté lui appartenait. C'était aussi une personne ecclésiastique, il opérait des guérisons de scrofules et d’écrouelles, le fameux « le roi te touche, Dieu te guérisse ».

Dans le cas de Louis XVI il était très aimé de son peuple, le peuple espérait qu'il ouvre les yeux sur les gaspillages de la Cour. On pensait que le souverain était mal informé, le fameux «  si le roi savait » était dans tous les cahiers de doléances, qui exprimaient l'espérance même après la Prise de la Bastille, le roi avait la confiance de son peuple. La noblesse et Marie-Antoinette ont été discrédités, le principe de l'autorité pointé du doigt, mais la personne du roi n'était généralement pas mise en cause, il a fallu attendre la fuite de Varennes pour que la conscience collective verra en lui le « traître ».. et encore pour beaucoup il restait le roi, le « oint » de dieu. Alors imaginer faire son procès et sa mise à mort, cela a beaucoup choqué l'opinion publique, c'était un sacrilège bien que Louis avait trahie la nation ...
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Message  Crie du peuple Mer 29 Mai 2013 - 17:11

Il ne faut pas perdre de vue non plus il me semble que l'Assemblée qui a voté la mort du roi venait d'être élue en septembre, si la composition avait été différente le roi n'aurait pas été exécuté, c'est la voix du peuple presque qui à conduit Louis XVI en tant que Louis Capet à l’échafaud.

Et au 10 août il y avait des gens d'un peu partout, des marseillais et même des bretons, des bretons de chez bretons, à savoir des gens de Best difficile de faire mieux.

Ceci dit je dois bien reconnaître qu'il aurait eu bien moins de problème si l'Assemblée n'avait pas laissé le roi et sa famille rentrer, le peuple aurait en toute légitime défense fait tuer Louis XVI et Marie-Antoinette et éventuellement envoyé la soeur du roi en procès pour complicité, bref il n'y airait pas eu tous ses problèmes.

Le fait d'avoir fait duré à effectivement fait victimisé le roi et encore plus après la reine pour laquelle ont a encore d’avantage attendu.
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Message  Bart Jeu 30 Mai 2013 - 7:34

Effectivement, la majorité de la population de France accueillait vivement la déchéance de la royauté et du trône, mais pour ce qui concerne l'exécution de Louis XVI, c'était l'inverse. Le peuple parisien réclamait sa tête, alors que dans les autres départements, des pétitions envoyaient à l'Assemblée, témoignent de l'indécision autour de cette question, dans l'ensemble, on réclamait la clémence pour le souverain déchu. Les Montagnards craignaient l'appel au peuple, précisément, parce que cela favoriserait Louis XVI.
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Message  Cyril Dim 9 Juin 2013 - 23:19

Qu'importe qu'il soit jugé ! Sur ce sujet, Louis XVI est resté silencieux, il ne reconnait aucun rapport de justice entre eux (les conventionnels) et lui, il ne s'embarrasse pas de savoir si on le juge comme le roi de l'ancien régime ou comme le roi constitutionnel, il lui suffit d'être roi pour être la Loi et le Droit.
Pour lui, Eux ( les conventionnels) qui forment le tribunal, ont usurpé son rôle, sa souveraineté, sa majesté et veulent maintenant le supprimer comme témoin. Paradoxalement, Saint-Just et Robespierre pensent comme lui, en sens inverse : "Louis doit régner ou mourir !" Son seul crime est simplement d'avoir été roi. Il doit mourir pour que vive la révolution ! En rendant au peuple la souveraineté, la Révolution doit faire périr celui qui l'avait usurpé.
Dans une révolution on ne fait pas d'omelette sans casser des oeufs, il fallait que louis XVI meure pour que vive la révolution comme le proclamait Robespierre.
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Message  Bart Mar 11 Juin 2013 - 9:01

Waouh !!! Propos aussi tranchants que le couperet d'une guillotine. je comprends à présent pourquoi tu as mis l'avatar de St-Just lol !! Wink
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Message  Cyril Mar 11 Juin 2013 - 16:51

Lol ! Comment ça "tranchants" ?
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