Portrait de Robespierre

Maximilien Robespierre (1758-1794) - Personnage emblématique de la Révolution, positif pour les uns, négatif pour les autres, il a entretenu des rapports complexes avec les Girondins en général et Madame Roland en particulier. Issu du même milieu que la plupart des Girondins (la bourgeoisie de province liée à la magistrature), et partageant avec eux la même passion pour les idées de Rousseau (1). Il noua avec eux, tels Buzot & Pétion, des relations plus ou moins amicales, du moins on peut parler de "compagnonnage" politique sur les bancs des Etats généraux, puis à la Constituante, comme au Club des Jacobins. A cette époque cependant qu'il n'était qu'un parmi d'autres qui fréquentaient le salon de Manon Roland à la rue Guénégaud & nombreux sont ceux qui le sous-estiment, y compris Madame Roland. (2)
Ce caractère le plus étrange de la Révolution, Madame Roland n'arrivait pas à le définir clairement.

Progressivement Robespierre se détacha du cercle girondin, jusqu'à la rupture définitive qui se produit sur deux plans. D'une part il existait de sérieuses divergences à propos de la question de la guerre & aussi sur la nature du régime qui doit remplacer la monarchie. D'autre part, il y a son ambition personnelle, il haïssait en particulier Vergniaud qui l'éclipsait dans les débats parlementaires & aussi à cause de son éloquence qu'il jalouse, dans sa patiente stratégie de conquête du pouvoir, les Girondins constituaient donc un obstacle à éliminer. Politicien sournois, il n'avait pas de mal à acculer Brissot & ses amis à la faute, tirant parti avec une habileté parfois diabolique de leurs erreurs, de leurs maladresses notamment sur la question de la guerre. Il se montra impitoyable contre la Gironde, dépourvu du moindre scrupule, mais suffisamment prudent pour ne pas se montrer en première ligne, laissant ses alliés, la Commune, les sections, Marat & Hébert mener les attaques. Le 2 juin lors du vote de proscription, il se contenta de donner le feu vert. Lors du procès des 21 Girondins, il poussa la Convention à voter le décret qui priva les accusés du droit sacré de la défense. (3)

Robespiere termina lui aussi sur l'échafaud au moment où il avait atteint le zénith de sa carrière politique, abattu par son propre parti.

Bart

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(1) - hommage de Robespierre à Rousseau, d'après une dédicace qu'il composa plus tard après la disparition du philosophe persécuté & incompris : " homme divin! tu m'as appris à me connaître ; bien jeune, tu m'as fait apprécier la dignité de ma nature & réfléchir aux grands principes de l'ordre social. Le vieil édifice s'est écroulé ; le portique d'un édifice nouveau s'est élévé sur ses décombres et, grâce à toi, j'y ai proposé ma pierre. Reçois donc mon hommage, tout faible qu'il est, il doit te plaire ; je n'ai jamais encencé les vivants. Je t'ai vu dans tes derniers moments, et ce souvenir est pour moi la source d'une joie orgueilleuse ; j'ai contemplé tes traits augustes, j'y ai vu l'empreinte des noirs chagrins auxquels t'avaient condamné les injustices des hommes "

(2) - Mémoire de Madame Roland : " il avait une " [i] voix criarde, la parole hésitante, petit, maigre, le visage grêle, le teint livide, il cachait sous des lunettes vertes un tic de l'oeil gauche. Manièré avec cela et se poudrant encore alors que c'était à peu prés passé de mode. Il ne s'en rongeait pas moins les ongles dans ses moments de perplexité"

(3) - Les jurés sont autorisés à mettre fin aux débats en se déclarant " suffisamment éclairés ". Cette courte phrase coupa court aux dépositions, supprima la fin des interrogatoires, les plaidoiries, le résumé du président. Celui-ci n’eut plus qu’à poser les questions au jury, ce qu’il fit aussitôt. Les jurés se retirèrent pour délibérer, et revinrent avec un verdict de culpabilité.