Forum sur la Gironde & Manon Roland
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Manon Roland : son portrait par Bart

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Manon Roland : son portrait  par Bart Empty Manon Roland : son portrait par Bart

Message  Bart Dim 21 Aoû 2005 - 20:03

Manon Roland : son portrait  par Bart Roland10
Paris le 8 novembre 1793 sous la Terreur, une charrette emmène deux personnes à l’échafaud à la place de Grève : une femme et un homme. La femme, sereine, essaye de réconforter l’homme qu’elle ne connaît pas mais qui devient son compagnon de la mort ; il parait prostré et abattu et elle parvient avec quelques paroles à l’arracher un petit sourire sur le visage. Ce jour-là la foule est immense, tout le monde est curieux d’assister à l’exécution de « l’égérie de la gironde », c’est ainsi qu’on nomme Manon Roland plus connue sous le nom de Madame Roland. Le tribunal révolutionnaire vient de la condamner à mort. Arrivés au pied de l’échafaud, le bourreau veut exécuter en premier Madame Roland, mais elle voit que son compagnon est pétrifié, elle l’engage à passer devant elle pour éviter le choc de la voir mourir, le bourreau refuse, elle lui dit : « Un français peut-il refuser à une femme sa dernière requête ? Je saurais attendre. ».  Quand vient son tour, avant de basculer sur la plate-forme, elle apostrophe la statue de la liberté, dressée en face de la guillotine, et dit la phrase devenue célèbre « Ô liberté ! Que de crimes on commet en ton nom. ». Madame Roland avait 39 ans….son courage ne laisse personne indifférent,  qui était-elle réellement ?


Marie-Jeanne Phlipon dite Manon vit le jour le 17 mars 1754 à Paris dans l’île de la Cité. Fille de Gatien Phlipon (artisan graveur) et de Marguerite Bimont, elle se passionna pour la lecture dés l’âge de 4 ans et fait l’étonnement et l’admiration de ses parents et de son quartier : à l’âge de 10 ans son livre préféré est La Vie des hommes illustres de Plutarque qu’elle emporta même au catéchisme, elle racontera plus tard qu’elle pleurait de dépit de « n’être pas née spartiate ou romaine » et de ce moment que datent « les impressions et les idées qui la rendirent républicaine sans qu’elle songeasse alors à le devenir ». En attendant, la petite fille vit une enfance paisible dans son quartier de commerçants  ignorant que la société du XVIIIème est basée sur l’inégalité, trois ordres (la noblesse, le Clergé et le Tiers Etat) se distinguent dont les deux premiers piétinent sur le dernier. Manon ne tardera pas à faire les frais de cette inégalité, en effet, sa grand-mère paternelle qui était autrefois gouvernante des enfants d’une famille aristocrate les Boimorel, l’amena un jour rendre vite à Madame Boismorel. L’accueil et le ton de supériorité que prenait celle-ci l’a blessa cruellement : « Ma fierté s’étonna, mon sang bouillonna plus fort qu’à l’ordinaire, je me sentis rougir. Je ne me demandais pas encore pourquoi telle femme était assise sur le canapé et ma grand-mère sur le tabouret…je vis arriver la fin de la visite comme un soulagement à quelque chose qui oppresse ». Le pire est que sa grand-mère est appelée « Mademoiselle Rôtisset » de son nom de jeune fille au lieu de Madame Phlipon ! L’aristocrate s’étonne du niveau de culture de Manon : « elle lit, votre petite-fille ? Prenez garde qu’elle ne devienne savante…ce serait grand-pitié.». Un autre jour, elle est témoin de l’orgueil du système absolutisme, on l’amena séjourner une semaine à Versailles, elle est logée dans les combles de la domesticité de la dauphine Marie-Antoinette. Les fêtes données par Versailles avec toute la splendeur, les grands couverts, les courtisans, toute cette grandeur au frais du peuple crevant de faim la répugne, sa mère lui demanda si ces séjours lui plaisaient, elle lui répondit : « j’aimais mieux les statues des jardins que les personnages du palais…encore quelques jours et je détesterai si fort les gens que j’y vois que je ne saurai que faire de ma haine ».  En fait Manon est une femme avant-garde, elle est républicaine bien avant que les grands révolutionnaires tels que Robespierre, Marat, Danton ne le soient.

Pourtant, elle applaudit l’avènement de Louis XVI en 1774, elle voit en lui celui qui fera apaiser la misère du peuple, un roi réformateur. La nomination de Turgot et le rappel du Parlement exilé par Louis XV l’enchanta mais elle va vite désenchanter car le nouveau souverain, certes, réformateur mais n’améliora pas les conditions de vie de son peuple et de plus tour à tour les ministres sont congédiés dès lors qu’ils proposent des réformes. Pour se consoler de cette inégalité, Manon se réfugie dans les lectures de Montesquieu, Voltaire etc.. Mais seul Plutarque la fait découvrir la liberté. A l’âge de 20 ans, elle vit sa mère mourir et elle se console avec les écrits de Jean-Jacques Rousseau « la nouvelle Héloïse » prêté par un abbé, avec lesquels elle découvre le bonheur. Manon, charmante et gracieuse, ne tarda pas à recevoir des demandes de mariage les plus intéressantes : les riches commerçants, des diamantaires et des notaires s’intéressent à la jeune femme. Mais elle repousse une à une les propositions, ce qu’elle recherche dans un époux ce n’est pas une condition mais un philosophe qui la comprenne et qui partage la même passion qu’elle.  Elle trouvera en la personne de Jean-Marie Roland de Platière, de 20 ans son aîné, inspecteur des manufactures à Amiens, dernier fils d’une famille assez riche et qui possède un domaine à Clos de la Platière. Jean-Marie n’a rien d’un séducteur mais il partage la même passion que Manon, tous deux lisent des encyclopédies et entretiennent des discussions philosophiques. Ils se marient enfin en février 1780 après les fiançailles compliquées où le père de Manon a failli tout gâché, en dilapidant la dot de sa fille et se fâchant avec son futur gendre. A Amiens où Manon devient Madame Roland découvre un époux grincheux, pédant, irritable et malade toute l’année mais elle va tout faire pour s’accommoder à sa nouvelle vie, elle participe à la fois à la tâche ménagère et aide son mari à rédiger « le dictionnaire des manufactures » et bien d’autres écrits notamment « l’art de fabriquer le velours de coton » et un éloge « des réflexions sur Plutarque et Rousseau » en somme elle est épouse et collaboratrice. Grâce à la relation de son mari, elle fait la connaissance de Louis Bosc (futur  célèbre botaniste) et de Lanthenas (futur député conventionnel), tous deux parisiens, vont poursuivre une correspondance assidue avec Manon. En 1782, Madame Roland met au monde une petite fille prénommée Eudora qu’elle préférait nourrir de son propre lait plutôt que de la confier à une nourrice comme les font toutes les mères du XVIIIème siècle (car elle veut être proche de la philosophie de son maître Jean-Jacques Rousseau). En 1785, Manon est chargée par la famille de son époux d’aller solliciter auprès de Versailles les titres de noblesse, cette commission ne l’enchanta pas vraiment car républicaine avant l’heure, néanmoins elle s’acquitta avec beaucoup d’empressement et l’idée de revoir sa chère Paris l’enchanta. Elle y retrouve Bosc et Lanthenas qui s’occupèrent d’elle. Dans les coulisses de Versailles, elle s’aperçoit que  seuls les intrigants parviennent à obtenir des faveurs, Manon refuse de jouer ce rôle et abandonne cette démarche mais elle parvient tout de même à faire nommer son mari à un poste plus intéressant. M. Roland  étant nommé inspecteur régional de Lyon, Manon va emménager à Villefranche  où elle va vivre une vie monotone et champêtre dans le domaine familiale « Clos de la Platière » : sa seule consolation c’est sa fille et les deux amis parisiens qui l’a rendent régulièrement  visite (Bosc et Lanthenas) et les paysans qu’elle essaye de soulager de leurs misères en leur apportant quelques réconforts.  

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Dernière édition par Bart le Mar 22 Nov 2011 - 8:49, édité 3 fois
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Message  Bart Dim 21 Aoû 2005 - 20:08

Rien ne prédestine Madame Roland à entrer un jour dans l’histoire, elle apprend dans sa province, la prise de la Bastille le 14 juillet 1789 qui l’enthousiasme. Ses deux amis Bosc et Lanthenas, qui à Paris, l’envoient régulièrement des nouvelles sur l’évolution de la politique du Royaume. Elle acclame l’abolition des privilèges du 4 août 1789. Elle reçoit la visite de Bancal des Issarts, un ami de Bosc, elle entretient avec celui-ci de la philosophie et ils envisagent d’acheter un domaine pour cultiver la terre et parler de la philosophie entre amis. Dans sa correspondance avec ses amis, elle les met en garde contre la perfidie de la cour et apporte quelques idées réformatrices. Bosc et Lanthenas font la connaissance de Jean-Pierre Brissot, journaliste du Patriote français et défenseur d’un noble cause contre l’esclavage et la traite des noirs.

Grâce à l’intervention de Lanthenas, Brissot, que Manon n’a jamais vu, publie les correspondances de celle-ci dans son journal sous le titre « lettre d’une romaine », en fait il l’introduit involontairement dans la vie politique. C’est ainsi que Madame Roland va faire la connaissance de Brissot, futur chef de la Gironde et celui qui fera son mari ministre. Brissot est enchanté du projet de Manon et de Bancal de créer un domaine philosophique où ils pourront vivre tout en cultivant la terre et philosopher sur la vie. Bancal apporte l’argent pour l’achat du domaine de Sainte-Radegonde à Montmorency. Brissot accumule plusieurs activités, il est à la fois journaliste du patriote français et il venait de créer avec Mirabeau la société des amis des noirs où se rencontrent Robespierre, Pétion et Buzot, les députés de la constituante.

En février 1791, M.Roland est chargé par la municipalité de Lyon d’aller à la Constituante (à Paris) d’obtenir la réduction de la dette de la Ville, Manon part donc avec son époux pour la capitale, sa ville natale. Elle y retrouve Bosc, Lanthenas et Brissot qui l’a présentent à Robespierre, Buzot et Pétion. Elle assista à toutes les séances de l’Assemblée Nationale : les Mirabeau, les Barnave, les Lameth et les Duports, tous ces députés ne la fascinent pas, elle voit la perfidie et l’ambition. Elle resta à Paris pendant 7 mois, à la rue Guénégaud au pont-neuf prés du quartier de son enfance. Son habitation sert de salon où les députés démocrates se réunissent, Robespierre fréquenta assidûment ce cercle mais ne donna jamais son opinion, il écouta tout ce qui est dit et le lendemain à la tribune de la Constituante, il relate les idées créées par Manon et ses amis. La fuite du roi en juin 1791, déclencha l’âme républicaine de Manon, elle envisage la République et ses amis partagent également son point de vue, Robespierre qui ne connaissait pas ce régime se demande ce que c’est que la République. Malheureusement, La constituante rétablie le roi et les pétitions pour la déchéance de celui-ci deviennent illégales, déclenchant une fusillade aux Champs de Mars, Manon est déçue et craint pour la vie de Robespierre et accourt pour l’héberger mais celui-ci a déjà pris la fuite. Buzot, le collègue de Robespierre, est fasciné par Manon, pour lui cette femme incarne la République, il venait souvent à la rue Guénégaud pour discuter avec Manon sur l’avenir du Pays. Mais, malheureusement son mari ayant terminé sa mission à Paris, Manon part pour Villefranche en septembre 1791 avec Sophie Grandchamps, une amie de Bosc, au cours du voyage, elle diffuse sur le chemin du retour les écrits de Robespierre.

A Villefranche, Manon retrouve la monotonie de la vie à la campagne et dés lors elle fait tout pour retourner à la capitale où tous ses amis participent à l’élection de la Législative. En effet, Louis XVI ayant accepté, malgré lui, la Constitution, la Constituante se sépare cédant la place à la Législative. Brissot est élue député de Paris et il est président du Club des jacobins, Bosc et Lanthenas sont secrétaires du Club, Pétion est maire de Paris. Prétextant un motif léger, Manon obtient le départ de toute la famille pour Paris, son mari ne peut que s’incliner. Installée à nouveau à la rue de Guénégaud, Manon croit que ses amis l’ont oubliée, l’ami Buzot n’est plus député et vit désormais à Evreux, Brissot s’occupe à recruter les nouveaux députés au Club des jacobins notamment les bordelais (Vergniaud, Guadet, Gensonné et Ducos) et vient rarement la voir. La nouvelle Assemblée ne pardonne pas la perfidie de Louis XVI et veut imposer son propre ministère, de son côté Brissot n’a pas oublié Manon, grâce à l’intervention de Lanthenas, il nomme M. Roland, ministre de l’intérieur. Manon va enfin pouvoir jouer un rôle politique. Avec son mari, elle participe à réorganiser du ministère, d’ailleurs c’est grâce à Roland que la bibliothèque Nationale voit le jour.

Mais les choses vont s’envenimer : La nouvelle Assemblée qui suit Brissot déclare la guerre à l’Autriche, Robespierre (qui n’est plus député) jalouse l’ascendance de Brissot à l’Assemblée et va créer une animosité au sein de la législative. Les députés qui sont partisans de la guerre se regroupent autour de Brissot (appelé plus tard sous le nom des Girondins) ; ceux qui sont contre ou tout simplement jaloux de la popularité de Brissot et ses amis se regroupent avec Robespierre appelé les Montagnards. De son côté, Manon essaye de réconcilier Brissot avec Robespierre, mais la tentative échoua car Robespierre, fanatique de sa raison, coupe le pont avec Manon et ses amis. Au bout de trois mois de ministère, M.Roland est renvoyé par le Roi pour avoir écrit une lettre (en réalité écrite par Madame Roland) lui conseillant d’adopter les deux décrets votés par l’Assemblée. Mais Manon ne se découragea pas, elle estime que son époux a rempli son devoir et a emporté le regret de l’Assemblée. Son cercle d’amis se grossit par l’arrivée de Barbaroux, député du Bouche du Rhône, puis Louvet, journaliste pour la Sentinelle, journal de M.Roland, destiné à éclairer le peuple.

Le manifeste de Brunswick et la déroute militaire mettent la France en danger, Robespierre dominant la Commune prend le pouvoir, Marat appelle à une nouvelle révolution pour renverser les pouvoirs en place, l’Assemblée n’est plus que l’ombre d’elle-même, elle a aucun contrôle des émeutes. Le 10 août 1792, le peuple envahit les Tuileries et le roi se réfugie à l’Assemblée ; celle-ci malgré elle et forcé par la Commune, le déclare déchu de son trône et otage de la nation. M.Roland est à nouveau réintégré dans le ministère mais il y retrouve pour collègue le corrompu Danton, nommé ministre de la Justice. Danton éclipse tous ses collègues du ministère, il laisse faire les massacres de septembre, Brissot et Roland ont manqué de se faire assassiner. Manon est horrifiée des Massacres : « vous connaissez mon enthousiasme pour la Révolution, écrira Manon à un ami, eh, bien ! J’en ai honte, elle est devenue hideuse ! ». Elle accuse Danton d’être responsable, elle voit dans sa figure hideuse que de la répugnance.

La Convention remplace la Législative, les élections à Paris se déroulent dans les premiers jours des massacres de septembre. L’atmosphère est telle que peu de gens vienne voter, seuls les sans-culottes sont présents : ils élirent Robespierre, Marat, Danton, Camille Desmoulins…aucun des amis de Manon ne sont élus à la Capitale, ils ont contraints de poser la candidature dans les départements. La république est proclamée le 22 septembre 1792.

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Message  Bart Dim 21 Aoû 2005 - 20:13

Dés la Convention, l’affrontement des Girondins et Montagnards devient violent : les Girondins, bien décidés, à abattre la Commune et châtier les massacreurs de septembre, se heurtent aux sans-culottes, qui, appuyaient par Robespierre et les montagnards sèment l’anarchie et la Terreur. Marat sollicitant les fonds auprès du nouveau ministre de l’intérieur (Roland) pour créer un journal, se voit refuser, envoie des pamphlets haineux contre le couple Roland, Manon est traînée dans la boue par le journaliste. Roland qui prône la libre circulation des grains est attaqué de tous parts, on l’accuse d’être le chef de la faction «Rolandiste ». Le peuple parisien porte désormais leurs regards vers les Montagnards et Robespierre qui incarnent l’idéal républicain, tandis les autres départements, horrifiés des massacres, portent leurs espoirs sur les Girondins. Mais ceux-ci sont isolés, sont les proies faciles des sans-culottes, Camille Desmoulins attaquent dans un pamphlet le plus violent « histoire des brissotins » les amis de Madame Roland, celle-ci est traitée de « Circée » pour la ridiculiser ; Hébert, dans son terrible père Duchesne, la décrit comme une « reine Coco »: « Nous avons détruit la royauté et foutre, nous laissons s’élever à sa place une autre tyrannie plus odieuse encore. La tendre moitié du vertueux Roland mène la France à la lisière, comme les Pompadour et les Du Barry. Brissot est le grand écuyer de cette nouvelle reine, Louvet son chambellan, Barbaroux son capitaine de gardes…. ». Marat vilipende le couple exécré, d’ailleurs Manon écrira à un ami en Décembre 1792 :" L’aboyeur Marat ne m’a pas quittée un moment, les pamphlets se sont multipliés et je doute qu’on ait publié plus d’horreurs contre Antoinette à laquelle on me compare et dont on me donne les noms, qu’on m’en attribue chaque jour ..Je suis la Galigaï, Brinvilliers, Voisin, tout ce qu’on peut imaginer de monstrueux et les dames de la Halle veulent me traiter comme Madame de Lamballe.. ". D’ailleurs le couple reçoit des lettres anonymes les menaçant de mort. Manon est accusée d’avoir influencé la politique des girondins, notamment les attaques contre Robespierre et Marat.

Roland démissionne le 22 janvier 1793 le lendemain de l’exécution de Louis XVI, cette démission certains historiens attribuent aux problèmes domestiques du couple. Manon ayant avoué à son époux qu’elle aime un autre homme (sans le tromper) le député Buzot, Roland se décourage, mais en réalité c’est l’anarchie qui règne dans la capitale et les menaces de mort qui l’ont décidé à déposer son portefeuille ministériel. D’ailleurs, à l’Assemblée, les Girondins sont en grand danger, les montagnards poussent les sans-culottes à l’insurrection pour abattre les girondins, qu’ils accusent d’avoir voulu sauver Louis XVI par l’appel au peuple pour retarder l’exécution. Les défaites de la guerre et la trahison du général Dumouriez, passé à l’ennemi, donnent l’occasion à Robespierre et Marat d’éliminer les Girondins. Le 31 mai 1793, Robespierre et la commune donnent le feu vert aux émeutiers pour éliminer les députés girondins. Une députation des sans-culottes arrivent aux logis des Roland avec un mandat d’arrêt contre M. Roland. Celui-ci parvient à s’enfuir grâce à l’intervention de Bosc qui a réussi à semer les sans-culottes. Manon ne voulant pas fuir, préfère se rendre à l’Assemblée pour demander de l’aide, mais en arrivant elle aperçoit que l’Assemblée est assiégée par la Commune, néanmoins elle parvient à parler avec le député girondin Vergniaud, mais celui-ci lui recommande de rentrer chez elle, dans ce moment l’assemblée ne peut rien pour elle. En effet, il y règne une terreur au sein de la Convention, Vergniaud et ses amis sont accusés par Robespierre d’avoir affamé le peuple et d’avoir causé des troubles, ce qui était faux évidemment, les pauvres girondins sont pris aux pièges et sont contraints de renoncer à beaucoup de décrets et leurs vies sont en danger.

Manon, en rentrant chez elle, est soulagée de constater que son mari est caché en sécurité grâce à Bosc à Saint-Radegonde, mais son soulagement ne durera pas longtemps. Vers une heure du matin, la Commune, prévenue de l’évasion de M.Roland, ordonne d’arrêter Manon, mais le mandat comporte des irrégularités, le motif d’arrestation n’est pas mentionné, en fait ce n’est pas réellement M.Roland que la Commune réclame mais Manon, car elle voyait en elle la véritable ministre de l’intérieur et non son mari. La pauvre Manon gagne la prison de l’Abbaye, elle apprend deux jours plus tard le 2 juin 1793 la chute des Girondins, en effet, les sans-culottes ont envahi l’Assemblée à coup de canon et ont réclamé la déchéance des girondins, l’Assemblée où règne désormais les montagnards et les marais ont livré à l’émeute les députés girondins, ceux-ci sont désormais gardés prisonniers chez eux et n’ont plus le droit d’exercer leurs mandats et en même temps ils apprennent l’arrestation de Manon.

Buzot, l’amoureux de Manon est effondré, il décide de fuir en Normandie à Caen pour soulever les autres départements contre l’anarchie de Paris et ce, à dessein, de sauver Manon. Beaucoup de Girondins suivent son exemple et prennent la fuite, parmi eux se trouvent Brissot, Pétion, Barbaroux, Guadet, Louvet etc… Seuls quelques députés comme Vergniaud, Gensonné refusent de fuir et préfèrent restés prisonniers chez eux.

A l’Assemblée, Robespierre a pris le pouvoir et les montagnards veulent châtier les députés fuyards. Les autres départements Bordeaux, Lyon et la Normandie sont révoltés par la chute des Girondins et restent très hostiles à la politique des Montagnards. Les députés fuyards dont Buzot devient le chef, se regroupent à Caen au lieu d’aller à Bordeaux et Lyon pour soulever la population contre la tyrannie de Paris, de ce fait ils laissent suffisamment de temps à leurs adversaires pour anéantir les émeutiers de Bordeaux et de Lyon.

A l’Abbaye, Manon reçoit des nouvelles de Buzot et de Barbaroux, Bosc se déguise en paysan pour la rendre visite et lui annonce que sa fille Eudora est en sécurité chez des amis. Mais les ennemies de Manon ne la laisse pas tranquille en prison, chaque jour, Hébert, le cruel journaliste du Père Duchesne, recrute un colporteur pour lire des pamphlets qu’il a rédigés contre elle devant la fenêtre de sa cellule : il la décrit comme une intrigante qui conspire avec les royalistes pour rétablir la monarchie, il dit « que les français ne se battent point pour une vieille édentée comme elle et une tête pelée comme celle de son vieux cocu de mari… ».

Manon se désespère, elle craint pour Buzot, elle l’encourage dans son expédition contre les montagnards. Le 24 juin 1793, on vient annoncer à Manon qu’elle est libre, elle se hâta de regagner son logis en pensant que peut-être que les montagnards ont été éliminés, mais à peine si elle a franchi le pallier de sa porte qu’une députation de sans-culottes l’apostrophent avec un mandat d’arrêt, mais cette fois-ci le motif est bien écrit, elle est arrêtée pour être le complice de son mari et doit regagner la prison de Sainte-Pélagie. En fait, la cellule qu’elle a occupée à l’Abbaye doit être libre pour loger le pauvre Brissot qui venait d’être arrêté sur le point de fuir pour la Suisse.

A Caen, les girondins organisent une armée pour combattre les montagnards mais leurs nombres sont insuffisants, le département est plutôt favorable aux royalistes, les vendéens se combattent au nom du fils de Louis XVI (le malheureux enfant détenu au temple et qui porte le nom de Louis XVII après la mort de son père). Charlotte Corday, une petite paysanne de famille noble mais désargentée, se croit appeler à une mission sainte, elle essaye de côtoyer quelques girondins tels Barbaroux et informe de la situation à Paris. Barbaroux, qui déteste Marat, confie à la petite paysanne sa haine et involontairement il lui dit que c’est Marat le plus dangereux des montagnards. A l’insu de sa famille, Charlotte décida donc de partir pour Paris et d’assassiner Marat pour purger la France des brigands. Cette action isolée et maladroite d’une paysanne ne connaissant rien de la politique va précipiter les malheurs.

Le 13 juillet 1793, elle poignarda Marat et le jour même l’armée des Girondins est anéantie par les montagnards et ceux-ci sont contraints de fuir vers Bordeaux, la région a été reprise par leurs adversaires. A Paris, les sans-culottes se déchaînent contre l’assassinat de Marat, ils crient vengeance de la mort de leur idole, la Convention profite de ce désordre pour instaurer la Terreur, le sort des girondins détenus à Paris est menacé. Ainsi, les montagnards ont un motif valable pour précipiter le procès des Girondins, Brissot, Vergniaud, Gensonné etc.. sont décrétés d’accusation et complices du fédéralisme de leurs amis à Caen. Buzot, Barbaroux, Pétion, Guadet etc.. sont mis hors la loi. Madame Roland est également menacée et elle sait qu’elle va être condamnée à mort, elle passe son temps à écrire ses mémoires, elle n’attend plus rien de sa vie, désormais elle appelle à la postérité, ses écrits s’intitulent « Appel à l’impartiale postérité », à mesure qu’elle écrit ses mémoires, elle les confient à Bosc et Sophie Grandchamps.

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Message  Bart Lun 22 Aoû 2005 - 19:12

La période de la Terreur a commencé, la première victime sera Marie-Antoinette condamnée à mort le 16 octobre 1793, puis c’est le procès des 21 girondins qui débute le 25 octobre et durera pendant 5 jours, les montagnards et surtout Robespierre craignent que si le tribunal révolutionnaire permet aux girondins la plaidoirie, peut-être que les jurés seront attendris, alors ils décrètent que les accusés n’ont pas le droit aux paroles, les malheureux privés de défense savent qu’ils sont condamnés à mort. Le matin du 31 octobre 1793, quatre charrettes emmènent les 21 girondins vers la guillotine, pendant le trajet, les malheureux chantent la Marseillaise, à mesure que les têtes tombent, les voix du chant affaiblit…. Brissot, Vergniaud n’y sont plus ….le jour même, Manon est transférée à la Conciergerie (l’anti-chambre de la mort) pour être jugée. Pendant ce temps, les girondins fuyards sont traqués, Bordeaux est aux mains des montagnards, Buzot, Barbaroux, Guadet et les autres sont contraints de se cacher chez la belle-sœur de Guadet, Madame Boucquet, femme généreuse qui prit en pitié ces malheureux.

A la Conciergerie, en attendant son procès Manon retrouve quelques amis girondins tel Riouffe, journaliste girondin, qui a laissé dans ses mémoires des souvenirs des derniers moments de Madame Roland. Elle discutait avec passion sur des questions de la politique avec lui et Beugnot, un député feuillant, son courage resta intact faisant l’admiration des femmes prisonnières. Son procès a débuté le 7 novembre 1793, elle est jugée pour avoir conspiré « méchamment » contre la République et la Liberté. Le juge la traite de bavarde lorsqu’elle a voulu répliquer les accusations odieuses faîtes contre elle. Elle est condamnée à mort le 8 novembre 1793, une motion spéciale a été écrite sur le procès-verbal
« très pressé ». Après sa mort, Hébert dans son Père Duchesne, met en garde toute femme, qui tentera de faire de la politique en imitant Manon, connaîtra le même sort. En apprenant la mort de sa femme, M. Roland se suicida, Buzot a voulu faire de même mais ses amis l’ont empêché, mais ce n’est qu’une question de temps, les montagnards, voulant à tout prix capturés les derniers girondins, ont entrepris des expéditions à travers Bordeaux. Certains girondins ont été capturés et guillotinés sans procés car ils sont mis hors la loi comme Guadet, salle etc… Buzot, Pétion et Barbaroux se sont cachés jusqu’à juin 1794 chez un perruquier à Saint-Emilion mais ne voulant plus compromettre leur hôte, ils ont préféré quitté le lieu et partir vers l’Espagne, mais sur le chemin ils ont rencontré le régiment des volontaires qu’ils ont pris pour des sans-culottes à leur recherche, Buzot et Pétion ont pu échapper, Barbaroux, ne pouvant courir, a tiré le pistolet sur sa tempe. Alertés, le régiment arrive et trouve un homme inondé de sang, la mâchoire fracassée, soufflant très fort et se retournant en tous sens comme s’il agonisait. Le pauvre Barbaroux est ramené à Bordeaux pour un interrogatoire et guillotiné presque agonie le 25 juin 1794, le même jour, un paysan dans les environs a retrouvé deux corps déchiquetés par des loups et méconnaissables, ils s’agissaient de Buzot et Pétion, qui se sont suicidés presque le même jour où Barbaroux est mené à l’échafaud…

Le fidèle Bosc a réussi à se cacher à Sainte-Radegonde jusqu’au 9 thermidor (le 28 juillet 1794) soit le jour de l’éxécution de l’infâme Robespierre. Après cette date, il a récupéré Eudora, la fille de Madame Roland et devient son tuteur, il élève Eudora avec la vente des écrits des mémoires de Madame Roland….

Triste Fin. 😢


Notice biographie par Bart sunny
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Manon Roland : son portrait  par Bart Empty Re: Manon Roland : son portrait par Bart

Message  Vogesus Mer 28 Juil 2010 - 13:47

Très sympathique.

Moi j'aime bien cette citation de ses Mémoires en parlant de sa rencontre avec Brissot.

Je ne connais rien de si plaisant que la première entrevue de personnes qui se sont liées par correspondance sans connaître réciproquement leurs masques : on se regarde avec curiosité pour voir si les traits du visage répondent à la physionomie de l'âme, et si l'extérieur de la personne confirme l'opinion qu'on s'est formée d'elle.

Comme quoi, les rencontres IRL qu'on prétend être une invention d'Internet, meetic et autres chats, ça existe depuis longtemps.
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Message  Bart Sam 7 Aoû 2010 - 9:35

Vogesus a écrit:Très sympathique.

Merci Vogesus Smile


Vogesus a écrit:Moi j'aime bien cette citation de ses Mémoires en parlant de sa rencontre avec Brissot.

Je ne connais rien de si plaisant que la première entrevue de personnes qui se sont liées par correspondance sans connaître réciproquement leurs masques : on se regarde avec curiosité pour voir si les traits du visage répondent à la physionomie de l'âme, et si l'extérieur de la personne confirme l'opinion qu'on s'est formée d'elle.

Comme quoi, les rencontres IRL qu'on prétend être une invention d'Internet, meetic et autres chats, ça existe depuis longtemps.


oui tout à fait, le net n'a rien inventé, à l'époque de Madame Roland, cette pratique fut très courante, mais à ceci près est que les courriers furent longs à recevoir. On ne se pressait pas pour recevoir une réponse... peut être bien que ce procédé donnait plus de poids aux échanges ? ....

Cordialement,
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Message  Vogesus Sam 7 Aoû 2010 - 9:37

Assurément. J'aime beaucoup les vrais relations épistolaires (même si on ne peut pas comparer le temps de trajet d'une lettre avec un beau timbre maintenant et les lettres sans timbre qui mettaient des jours voir des semaines à arriver ! )
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Message  Bart Sam 7 Aoû 2010 - 10:20

L'ecriture d'un correspondant joue un rôle déterminant aussi Smile

Vous êtes collectionneur de timbres je crois ?
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Message  Vogesus Sam 7 Aoû 2010 - 11:20

Bart a écrit:L'ecriture d'un correspondant joue un rôle déterminant aussi Smile

Oui, j'ai reçu l'année dernière une lettre d'une amie qui m'annonçait, dans son style agréable et fleuri, qu'elle portait la vie. C'est tout de même plus émouvant que voir des photos du ventre sur Facebook ce qui est la grande mode maintenant.

Bart a écrit:Vous êtes collectionneur de timbres je crois ?

Tout à fait, mais ma préférence va pour les séries touristiques (villes, cathédrales, châteaux, etc.).
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Message  Bart Sam 7 Aoû 2010 - 15:31

Je suis entièrement d'accord, c'est émouvant en effet de recevoir une lettre d'une amie qui annonce un heureux événement. Hélas, cette pratique se perd de nos jours ...
Je ne suis pas du tout adepte du réseau social, je ne pourrai pas étaler ma vie privée et mes données personnelles à la vue de tout le monde, même si cela est de bon ton. Smile

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